Papillons de nuit
Jeune réalisateur diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Gand (KASK), Felix van Groeningen signe ici son second long métrage de fiction après plusieurs courts métrages et le très réussi Steve+Sky. Lorsque Kelly La Brune revient passer quelques jours dans sa ville, elle retrouve Frédéric, Kurt, Kelly La Blonde, Nick et le souvenir de Patrick. A cette occasion, le petit groupe tente de se reformer mais prend la mesure du temps passé entre hier et aujourd'hui. Car chacun n'est plus tout à fait le même, la brune est devenue blonde et les choses ne tournent plus vraiment rond. Tranche de vie saisie à pleines mains, Dagen Zonder Lief colle aux basques froissées de quelques trentenaires en pleine débandade. A travers allées et retours, va-et-vient, ronds-points et déambulations, le film chemine dans les errances de ses personnages vers son climax, une route rectiligne. Il procède par chapitre, suivant chacun d'entre eux, leurs déboires, leurs rêves un peu jaunis et leurs existences empesées de difficultés. En jonglant avec les points de vues, il met chacun en face de ce qu'il est devenu, et qu'il faudra bien accepter. Tantôt très stylisé quand il plonge dans les flash-back de cette ancienne vie ou qu'elle renaît le temps éphémère d'une fête en boîte de nuit ; tantôt réaliste, en caméra portée dans une lumière crue et une ville déserte, Dagen Zonder Lief suit ces jeunes gens qui, voulant trop s'enivrer d'inconscience, se risquent à la brûlure de la lumière comme des papillons de nuit. Et il capte finalement cet inévitable deuil de soi-même qu'il faut bien faire pour entrer dans l'âge adulte, ce goût amer des petits matins difficiles au bout des nuits pleines d'alcool, de fureurs et de bruits.