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L’histoire du cochon (en nous) de Jan Vromman

Publié le 15/07/2019 par Anne Feuillère / Catégorie: Événement

Histoire d’un saccage 

Le Cinéma Nova s’offre un mois de juillet sous le signe de la boustifaille avec trois week-ends où se succèdent films salés, concerts épicés et tables d’hôtes relevées. Et pour ce troisième et dernier tour de piste, outre deux films de Les Blank, réalisateur qu’il faut absolument découvrir, qui cuisine l’ail dans tous ses états et fait manger ses chaussures au grand Herzog, les concerts de « La Plie » et d’« Alek et les Japonaises », une Attaque de la moussaka géante drôle à manger du foin et le cultissime « Les petites marguerites », le week-end prendra d’autres accents, moins joyeux mais profondément émouvants avec la projection de L’histoire du cochon (en nous) de Jan Vromman dimanche 21 Juillet à 17h suivie d’une rencontre avec le réalisateur.

 

L’histoire du cochon (en nous) de Jan Vromman

A partir de son désir de revenir au pays natal, dans son village de Wingene, où le cochon fut en son temps roi des assiettes et de l’économie, Vromman tisse une histoire à la première personne en forme d’enquête, empreinte d’une puissante nostalgie pour ce monde ancien où les hommes tutoyaient dieux et animaux. Narré à la première personne, encyclopédique et lyrique, son film tisse images d’archives, films vidéo ou en Super8 pour voyager avec beaucoup de liberté et d’aisance, entre hier et aujourd’hui, en Belgique, en Europe, dans le monde à la recherche de ce qu’il reste du lien entre l’homme et l’animal. On le comprend vite, le titre du film L’histoire du cochon (en nous) est à prendre au pied de la lettre : le plus « cochon » des deux n’est pas celui qu’on croit. Entre analyse scientifique, politique et économiques, le film navigue des représentations du cochon dans l’art antique en Inde ou en Grèce jusqu’aux monstrueux complexes de l’industrie agroalimentaire ou au carnage de la grippe aviaire. Tel Ulysse à la dérive dans notre terrifiant société moderne, ce retour au pays de l’enfance, l’espace où ce lien est peut-être encore le plus fort, est toujours repoussé au loin, rivage aimé, rêvé, indéfiniment repoussé. Le Cyclope serait cette ferme chinoise qui se targue d’avoir abattu presque 2 millions de cochons en un an. Calypso peut-être ce village espagnol où les besoins économiques ont fait place à des démonstrations de pacotilles destinées à réjouir les touristes. Le lien sacré que l’art et la culture ont ritualisé au monde animal s’avère au fur et à mesure du voyage terriblement saccagé. Subsistent quelques îlots, lueurs d’espoir ou vestiges d’autrefois : quelques fermes où l’animal est un allié, un musicien qui se promène de paysage en paysage pour enchanter les mondes, une caméra qui se met à la place de l’animal, une cour perdue dans la ville où festoient tranquillement trois cochons joyeux et repus...

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