“Tomorrow is a state of mind”. Cette courte phrase musicale entonnée par Tess, Mia, Rok et Tiago, les membres de l’équipage de la compagnie aérienne La Flotte airline, comporte tout ce qui donne à ce court-métrage ses couleurs. Au travers du récit d’un voyage d’apprentissage pour tous ses occupants, le film met en exergue les doutes, les joies, les rêves (déchus et encore possibles) de cette drôle de troupe.
LA BELGE COLLECTION, VOLUME 2 : La Flotte de Jessica Woodworth
Alors que sort son nouveau long-métrage Luka, Jessica Woodworth a accepté de jouer le jeu de la Belge Collection, dont l’objectif est de mettre en avant la jeune génération de comédiennes et comédiens belges. Ce deuxième volume lui a permis d’expérimenter avec ses acteurs, et de nous offrir un bijou sensoriel, un ovni réflexif, une quête humaniste, divertissant et déroutant à la fois.
Naviguant entre poésie, philosophie existentialiste et communion directe avec le spectateur, les jeux de regards caméra brisant avec élégance le quatrième mur, La Flotte nous plonge de fait dans un environnement absurde. Par sa fantaisie d’abord, arborant joyeusement les codes de la comédie musicale et les changements de ton abrupts. Et par notre perte totale de repères spatio-temporels ensuite, le film nous parachutant quelque part entre le passé, le présent et le futur. Dans un temps plus circulaire que linéaire, où ces trois temporalités, se répondent, fusionnent pour n’en faire plus qu’une. L’instant d’abord futur fantasmé, devient présent organique, puis passé nostalgique, en un éclair.
Et dans cette temporalité s’inscrit forcément la notion de transmission, de ce qu’on laisse à nos enfants, aux générations futures. Le choix pour Tess de nommer sa fille Blue en hommage aux baleines qu’elle a une fois entraperçues au-dessus du vaste océan appartient à son passé. Mais, revient hanter son présent lorsque son mari refuse cette option, pour prénommer leur progéniture Rose. Comme un combat des genres qui prédomine dans notre société actuelle. Tout en faisant émerger l’idée d’un affrontement encore plus énorme à venir : celui de la nature (le bleu de l’océan, du moins ce qu’il en reste) et de l’humain (le rose évoquant plus que jamais aujourd’hui le plastique de Barbie, qui tend à former, lui aussi, son propre océan). Une transmission qui s’exprime encore dans l’hommage de Tess à son père mort en avion, ce qui ne l’a pas empêché d’arborer fièrement l’accoutrement de la compagnie La Flotte… ce qui lui vaudra peut-être son trépas dans les minutes à venir…
Une dramédie musicale à couper le souffle !