Au grand jour
Les Barons avait créé la surprise. Cultivant l'humour et l'impertinence, ludique et politique, il en balançait plein la tronche à tous les préjugés. En questionnant avec tendresse et humour certains imaginaires et d'autres représentations sociales, il remettait le politique là où il prend forme, dans l'intimité des liens. Après le succès de son premier film, on attendait beaucoup du second long métrage de Nabil Ben Yadir. D'autant plus que La marche est un film à gros budget, produit par Luc Besson, interprété par une belle brochette d'acteurs. Et surtout, que le film raconte un pan houleux de l'histoire récente de la France, celle de ses relations avec ses immigrés et leurs enfants en retraçant l'histoire de la marche pour l'égalité et contre le racisme qu'organisèrent quelques jeunes gens, à l'automne 1983. Un second long métrage qui pouvait donc s'avérer un peu casse-gueule. Mais Nabil Ben Yadir, avec pas mal de finesse et beaucoup d'intelligence, propose une réflexion profonde du politique et sert avec modestie cette histoire collective. Sans rien perdre de sa patte personnelle, de son humour tendre, de sa verve décapante, de ce plaisir de faire du cinéma et de le mettre en partage.