La route de la Bastille
En 1983, Les Minguettes, une banlieue de Lyon, est mise sous tension par les nouvelles mesures d'urbanisme qui délogent les habitants sous prétexte de dé-ghettoïser le quartier. Et les barres d'H.L.M. tombent. Au cours de heurts avec la police, un jeune homme, Toumi Djaïdja, Président de S.O.S. Minguettes, se retrouve à l’hôpital, blessé par balle, victime d'une énième bavure policière. Comment se décaler de cette violence ? Comment y faire face sans y répondre ? Lui et quelques autres décident d'organiser « la marche pour l'égalité ». Partis du sud de la France à quelques-uns, ils finissent à plus de cent mille Place de la Bastille. Ces fils d'immigrés, cet été-là, ont voulu marcher parce qu'ils ne voulaient plus courir pour échapper aux cris, aux insultes, aux coups ou aux assassins. À travers la France, ils sont allés à la rencontre de tous ceux qui ne les connaissaient pas, qui ne les reconnaissaient pas comme des enfants d'ici pour se montrer et affirmer leur appartenance à ce pays. Grosse production menant des acteurs de renom (Djamel Debouzze, Lubna Azabal, Hafsia Herzi, Olivier Gourmet, Vincent Rottiers, Philippe Nahon...) tambour battant dans toute la France, le second long métrage de Nabil Ben Yadir est le récit de cette marche. Alors qu'il vient de clôturer le tournage en France pendant les mois d'avril et de mai, le jeune réalisateur des Barons faisait une halte à Bruxelles. L'occasion pour nous de le passer aux questions. C'est que La Marche en soulève beaucoup, et ne devrait pas s'arrêter là.