En juin 2017, la Fédération Wallonie-Bruxelles organisait l'Opération "50/50, Cinquante ans de cinéma belge, Cinquante ans de découvertes" qui mettait à l’honneur 50 films marquants de l’histoire du cinéma belge francophone. Ces films sont ressortis en salle pendant toute une année et de nombreux entretiens ont été réalisés avec leurs auteurs. Le site internet qui se consacrait à cette grande opération n'étant plus en activité, Cinergie.be a la joie de pouvoir aujourd'hui proposer et conserver tous ces entretiens passionnants où une grande partie de la mémoire du cinéma belge se donne à lire.
Jean-Paul Walravens, très vite passionné par le dessin, effectue ses études à l'institut d'Arts plastiques Saint-Luc. À partir de 1960, il collabore à plusieurs publications en tant que caricaturiste et dessinateur de presse notamment pour le journal La Libre Belgique, les revues Pan, Hara-Kiri, Pardon, Harpes, le National Lampoon et le prestigieux The New York Times… Son coup de crayon mordant et irrévérencieux fait déjà beaucoup de bruit. Durant cette période, il adopte le pseudonyme de Picha. Vers la fin des années 1960, il travaille pour une émission de la RTB/BRT consacrée à la pop music. Cette émission est une série intitulée Vibrato, dont le réalisateur est Léo Quoilin. Certains numéros seront consacrés à des prestigieux invités, comme Jimi Hendrix. La passion du dessin dirige assez logiquement Picha vers l'univers de la bande dessinée. Il est l'auteur de quelques livres, comme Picha au Club Méditerranée (1971) ou Persona non grata (1975). Après cette période, il se lance dans le dessin animé, où son sens de la satire fera merveille. En 1975, il est l'auteur et le réalisateur du film d'animation La Honte de la jungle, succès mondial qui met en scène un ancêtre très, très éloigné de Tarzan, laid, peureux, stupide et particulièrement obsédé par les choses du sexe. Il enchaîne avec la déjantée fable préhistorique Le Chaînon Manquant (1979), sélectionnée au Festival de Cannes et au Prix de la Fondation Philip Morris pour le cinéma, et Le Big Bang (1984-1986), qui confirment encore un peu plus le côté irrévérencieux de sa plume. Dans ces œuvres satiriques, Picha donne naissance à un monde parallèle délirant où le sexe, omniprésent, ne doit pas cacher une critique sociale acerbe.