Premiers regards
Formé à l'IAD, Benoît Dervaux, trente-trois ans, est un cadreur qui n'a travaillé, à ce jour, que sur deux longs métrages de fiction. C'est peu, penserez-vous peut-être, pour l'avoir choisi comme interlocuteur d'un "métier" qui, en Belgique, ne manque pas de talentueux (et expérimentés) représentants. Il se trouve, toutefois, que Benoît Dervaux n'a pas fait le cadre de n'importe quels films puisqu'il est le cameraman des deux plus importants produits et réalisés dans le pays au cours de cette décennie, nous voulons parler, bien sûr, de La Promesse et de Rosetta de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Auteur, par ailleurs, de deux documentaires tournés en vidéo (le dernier est en post-production), Benoît Dervaux a toujours été passionné par le travail de cadreur, opérant lui-même sur ses, l'oeil collé au viseur, à la façon d'un Raymond Depardon.
La caméra à l'épaule de Rosetta comme de La Promesse, c'est donc lui. Benoît n'en a certes pas inventé la technique. Mais la réussite et le retentissement plus que mérités qu'ont connus les deux "opus magnum" des frères Dardenne ont remis au premier plan, mais aussi en question, cette notion fondamentale qu'est au cinéma le cadre, un travail à ne pas confondre avec celui de directeur photo, même s'ils restent très étroitement liés. Un chef opérateur peut très bien "faire" le cadre sur le film qu'il éclaire alors, que de son côté, le cadreur aspire en général à devenir à son tour, un jour ou l'autre, chef opérateur.