A l'Ouest d'Eden
Nous sommes, au 227b, chaussée d'Ixelles, dans une salle de montage des Studios Polygone. Violaine de Villers achève le montage son du Vent de Mogador, un documentaire de création, en compagnie de Paul Delnoy.
Amin Bougamin déambule sur les lieux de son enfance. Il nous entraîne dans les ruelles du Mellah, l'ancien quartier juif. On pénètre à sa suite dans une école rabbinique laissée à l'abandon. Dans une armoire poussiéreuse, des volumes épars rongés par la critique des souris : "Toutes ces heures d'écriture, c'est le Talmud ou la Thora, l'Ecclésiaste... Vanité des vanités, tout est vanité..." Raccord sur un ciel bleu déchiré par le vol d'une nuée d'oiseaux blancs. Mohamed Bouada s'adresse à Bougamin : "Depuis qu'on s'est rencontrés tu n'as pas dit une seule fois Essaouira, pourquoi? - Parce que c'est Mogador qui est restée dans nos têtes, réplique Bougamin. Essaouira c'est le nom de la ville que nous avons laissée, Mogador c'est la ville imaginaire. Plan de pêcheurs. Effervescence autour d'eux. Vente à la criée. La caméra panote sur la mer. Les mouettes et les goélands accueillent les bateaux des pêcheurs qui rentrent au port. Bougamin poursuit en off : "Essaouira, c'est une ville réelle, je présume; à Essaouira les gens vivent; à Essaouira les gens ont besoin de circuler; il y a des problèmes d'égouts, or je ne vis pas à Essaouira, je vis à Mogador! Mogador n'est pas Essaouira, c'est une ville mythique qui pourra - peut-être, je l'espère - contribuer à Essaouira! " Cris des mouettes qui volent.