Le blues de l’hôtesse de l’air
« Toute ma vie, j'ai rêvé d'être une hôtesse de l'air / Toute ma vie, j'ai rêvé de voir le bas d'en haut / Toute ma vie, j'ai rêvé d'avoir des talons hauts / Toute ma vie, j'ai rêvé d'avoir les fesses en l'air », chantait joyeusement Dutronc (qui, à notre connaissance, n’a toujours pas réalisé son rêve...)
Cassandre Wossels (Adèle Exarchopoulos), 26 ans, elle, n’en avait pas vraiment rêvé, mais elle l’est devenue. Depuis 3 ans, hôtesse de l’air, c’est son quotidien. Mais pour elle, le joli rêve de Jacques Dutronc s’est mué en cauchemar. « Il n’y a pas de sot métier », déclarait un type qui n’avait probablement jamais pris l’avion. Toute la journée, Cassandre s’occupe de passagers irascibles pour une compagnie low-cost, répétant inlassablement une routine, dans un anglais scolaire, avec des automatismes qui semblent l’anesthésier (« Tea ? Coffee ? Snacks ? Anything ? »…) Obligée d’être malléable, on lui apprend (chronomètre en main) à sourire convenablement en toutes circonstances, à se tenir droite, à laisser la moindre émotion humaine derrière elle. « Personne ne se soucie de votre vie personnelle, de votre passé ou de votre avenir », lui explique froidement une recruteuse alors qu’elle passe un entretien d’embauche insultant par Skype (pour rejoindre une compagnie plus prestigieuse ). Tout ce qu’on lui demande, c’est de faire preuve d’un panache factice, d’être une sorte de « speakerine du ciel ». Ce système vicié fait d’elle un robot et Cassandre ne semble pas avoir la force ou la confiance en soi suffisantes pour envoyer tout balader.