Le poids du passé
Vif, petit et énergique, Sahim Omar Kalifa parle vite. Comme on ne parle pas néerlandais et lui pas un mot de français, nous voilà à jongler avec l'anglais dans un débit mitraillette. C'est que sa famille, originaire du Kurdistan irakien, à la limite de la frontière turque, a fui l'Irak. Arrivée en Belgique, elle s'est installée à Gand. En plus de quelques films d'étude, il a déjà réalisé trois courts métrages, tous sélectionnés dans de prestigieux festivals, acclamés par la critique et le public. Chaleureux et ouvert, sérieux mais souriant, il accepte la controverse, s'explique, rebondit. Il pense aussi vite qu'il parle. Et si la langue, entre nous, parfois vient faire barrage, peu importe, un sourire, et ça repart. Son premier long-métrage sort en salle ce mercredi, après avoir reçu, au tout dernier festival de Gand, le Prix de la mise en scène. Une belle récompense pour ce portrait généreux d'un homme déchiré entre sa famille et sa femme, le poids des traditions et son amour passionné. Car Zagros, berger au Kurdistan, va suivre sa femme en Belgique, où, accusée d'adultère par sa famille, elle trouve refuge. Mais son père, son pays, ses traditions le poursuivent.
Petit avertissement : cet entretien (difficile de faire autrement) révèle la fin de l'intrigue. À bon entendeur...