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Sur le tournage: Le Sac de farine de Kadija Leclere

Publié le 01/02/2011 par David Hainaut / Catégorie: Tournage

Le premier long métrage de Kadija Leclere prend forme.

Bien connue comme directrice de casting, Kadija Leclere avait déjà signé deux courts métrages. La voilà à présent derrière la caméra de son premier long pour lequel elle a pu réunir un casting de choix. Le début d’une grande aventure, qui a débuté à Bruxelles.

scène du tournageFormée comme comédienne au Conservatoire de Bruxelles dont elle est sortie en 1997, Kadija Leclere s’est surtout fait connaître, depuis une dizaine d’années, comme directrice de casting (un aperçu de son travail se trouve sur www.Casting-kadija-leclere.be). De La Femme de Gilles au récent film L’Envahisseur, de La Môme aux Barons, en passant par Eldorado, Mister Nobody ou encore la série Melting Pot Café, les références ne manquent pas pour mesurer l’incontournable figure que cette « maroxelloise » est devenue dans ce domaine, à l’instar d'éminents collègues (« Et surtout pas des concurrents! », tient-elle à préciser) comme Patrick Hella ou Gerda Diddens.
Parallèlement à cette carrière prenante, Kadija a su trouver le temps d’auto-produire deux courts métrages remarqués dans le milieu (
Camille et surtout Sarah
), plébiscités dans une pléiade de festivals du monde entier.
Ils lui ont permis de truster les récompenses, entre autres, au Festival Média 10/10 de Namur, à Miami, à Créteil ou à Dubaï. Abordant notamment le thème de la multi culturalité forcément cher à la réalisatrice, ces deux films à tendance autobiographique lui ont donc servi de préambules idéaux pour aborder son premier long, intitulé Le Sac de Farine. Un joli titre qui symbolise l’importance d’une matière première vitale pour toute l’Afrique.

Une histoire qui démarre dans les années 70

La notoriété croissante de la réalisatrice, mêlée à une force de conviction immense et à un scénario aussi dense qu’alléchant, lui ont donc permis de réunir un casting beau et éclectique, rare pour un premier film. Hafsia Herzi, l’héroïne de La Graine et le Mulet, tient ici le rôle principal, face à Smaïn, de retour au cinéma après plus de dix ans. On y retrouve encore l’espoir liégeois Mehdi Dehbi ou encore, Hiam Abbas, vue dans le Munichde Steven Spielberg. Des comédiens dont les histoires intimes, on peut aisément l’imaginer, flirtent avec le scénario écrit par Kadija elle-même, avec la collaboration avec Philippe Blasband.

Le pitch justement, remonte à la fin des années 1970. Sarah, petite fille d’origine marocaine habitant en Belgique, grandit dans un orphelinat catholique où son père l’a abandonnée. Elève travailleuse, lectrice assidue, elle voit un jour arriver son père biologique qui lui promet un week-end à Paris. Mais c’est au Maroc, au son de la prière, que Sarah sera envoyée. Une nouvelle fois abandonnée, la jeune fille se résigne et accepte la vie d’une petite fille marocaine, acceptant d’entrer dans une école de tricot. Quelques années plus tard, alors qu’elle retrouve une vie stable, elle ressent le désir de revenir là où elle a grandi : la Belgique. Un choix rude.

Smaïn recruté via … facebook !

Avant d’aborder la large partie de tournage au Maroc, l’équipe a brièvement posé ses caméras en Belgique pour les scènes de l’orphelinat. C’était à la toute fin de ce dernier mois de décembre glacial et enneigé, au sein du couvent Sainte-Anne, lieu aussi intemporel que magique basé à Watermael-Boitsfort. À peine pénétrions-nous les lieux que nous reconnaissions la silhouette de Smaïn, dont le comportement impliqué témoignait de sa joie d’être là. "Et pourtant, je dois l’avouer, quand Kadija m’a contacté via facebook, je n’ai pas vraiment prêté attention à son appel. Mais quand j’ai lu le scénario, j’ai été tellement scotché que la réalisatrice et moi nous sommes rencontrés à Paris. Au final, c’est un honneur immense d’être dans ce film, car il a tout pour être un objet merveilleux. Puis, à titre plus personnel, c’est une sorte de retour. Car depuis Le Schpountzde Gérard Oury, j’ai joué partout… sauf au cinéma. Et c’est en plus la première fois que je tourne en Belgique."


Particulièrement accueillants et enchantés par notre visite, orchestrée par Catherine Poels, l’attachée de presse de la RTBF (la chaîne est coproductrice), les producteurs Gaetan David et André Logie étaient en effervescence sur le plateau, comme toute l’équipe, très concentrée. Des attitudes compréhensibles, car avec un budget aussi serré d’un peu plus de deux millions d’euros, chaque seconde qui passe est comptée. Même si chez nous, ce ne sont que quinze minutes utiles qui ont été mises en boîte.« Je veux faire un film accessible! »

À table, la discrète mais charmante Kadija Leclere semblait malgré tout détendue. On a presque peiné à entamer la discussion sur son premier film naissant, si personnel, et qui aborde des thèmes si forts pour elle. Mais, peu à peu, elle se livre. « En fait, j’ai envie que les gens apprennent des choses d’une culture qui reste encore méconnue. Mais attention, le tout dans une légèreté assumée. Même si le film évoque un kidnapping, je n’ai pas du tout envie de faire un film dur, déprimant. Je veux rendre les choses le plus accessibles possibles ». À la question de savoir si elle aurait pu entreprendre ce film sans être passé par des courts, Kadija répond: « Non. Sur chacun d’entre eux, il y a des évolutions à tous les niveaux, surtout techniques. Cela dit, ce film-ci cogite en moins depuis très longtemps. Et le tournage se passe à merveille, avec une équipe formidable : c’est vraiment grisant! » La réalisatrice nous présente alors la petite Rania Mellouli, un visage d’ange qui campe le rôle de Sarah à 10 ans et dont c’est la première expérience au cinéma. « Elle est géniale. Comme elle débute, on avait quelques appréhensions, d’autant que la scène d’ouverture du film la concerne et dure plus de deux minutes ! Mais elle a vite trouvé le rythme, et a sublimement joué, les silences y compris, à tel point qu’on ne devra même pas faire de découpage. Elle a permis à l’équipe de se souder ! »


Logiquement absente, car uniquement concernée par le tournage au Maroc, Hafsia Herzi (Sarah, à 17 ans) était connue de Kadija avant même que sa carrière ne décolle. Et elle aussi a été rappelée via facebook, le décidément incontournable réseau social. « Je la connais depuis longtemps.Nous nous sommes croisées au Festival de Dubaï, je lui ai parlé du film et c’est en effet via facebook que j’ai repris contact avec elle. J’ai aussi beaucoup de chance d’avoir Hiam Abbas, qui est une actrice très sollicitée. »

À l’heure où nous écrivions ces lignes, l’équipe était encore en rodage au Maroc, pour les derniers repérages et les ultimes répétitions. Quelques petits rôles restaient à pourvoir avant le redémarrage du tournage le 14 février à Ait Ourir, dans la région de Marrakech, ce pour cinq semaines et à raison de six jours de travail sur sept. Un menu copieux pour ce film qui, aux dires de la production, ne verra pas le jour avant la deuxième partie de l’année prochaine. Mais soit, on patientera !

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