Tango Ya Ba Wendo de Mirko Popovitch
"Tous les peuples ont besoin de mémoire, même au coeur des pires marasmes" annoncent Mirko Popovitch et Kwami Mambu Zinga dès les premières images noires et blanches de Tango Ya Ba Wendo.
Images revues et corrigées d'un colonialisme prospère. Léopoldville, les années 50. Une foule à qui l'on a distribué par millier des petits drapeaux belges acclame l'arrivée d'un souverain un peu trop jeune, debout dans sa décapotable. "Derrière le mythe de l'Age d'Or et de la colonie modèle, on doit trouver d'autres témoins", poursuit la voix-off. Personnage marquant de la musique populaire africaine, Wendo a traversé toute l'histoire du Zaïre depuis l'après guerre.
Dès 1948, il enregistre une série de succès pour des commerçants grecs reconvertis dans le 78 tours !
On apprend ainsi que Marie Louise, son premier tube, attira sur lui les foudres des missionnaires pour son caractère hérétique. Une véritable incitation à la débauche pour les écoliers de Kinsagani qui l'obligea à s'exiler !
Mais wendo se revendique avant tout comme un musicien et le portrait attachant que les auteurs lui ont consacré est entièrement dédié à sa musique. N'empêche... Vieux sage, Wendo raconte comment il s'attira des ennuis (encore!) avec une chanson intitulée Viva Roi Baudouin : "Mes compatriotes m'ont demandé pourquoi ne pas chanter nos chefs au lieu de celui qu'on vient de quitter"
Entre anecdotes, rumba et chansons, Tango Ya Ba Wendo trouve d'emblée la distance juste avec son sujet. Sans forcing, avec un plaisir certain, donc.
Renaud Callebaut