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Zindeeq, un libre penseur en Galilée

Publié le 15/10/2012 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

Un cinéaste palestinien (interprété par Mohammed Bakri), disposant d’un passeport européen, revient à Nazareth pour assister à l'enterrement de son oncle. Le cinéaste-caméraman est un libertin, dans les deux sens du terme, libre-penseur, (c'est la signification du mot en arabe, Zindeeq). Séduisant les femmes tel Don Juan, le cinéaste revenant à Nazareth, la ville où est né Jésus, est très vite confronté à ses propres paradoxes et surtout à sa propre naissance dans une ville palestinienne qui, cinquante ans après, lui échappe. Après avoir filmé des Palestiniens, il tente de comprendre pourquoi ils restent à Nazareth, devenue la plus grande ville arabe de l'état d'Israël au lieu de partir en Europe ou aux Etats-Unis (autre terre promise de la diaspora). La nuit tombée, il parcourt la ville à la recherche de son enfance, de la maison où il est né afin de comprendre le choix de ses parents qui avaient décidé de rester dans la ville. On suit le réalisateur dans un circuit nocturne assez chaotique, dans le dédale des ruelles. Les pierres semblent immuables, d'une génération à l'autre, les gens changent davantage tout en continuant à se confronter. Les jeunes mendiants volent les habitants qui s'enferment chez eux et la police israélienne patrouille partout. 

zindeeq de Michel KhleifiAprès cette nuit agitée, au début du matin, nous voyons un restaurateur du même âge que l'homme de cinéma lui offrir un café. Ils se sont connus jadis et se reconnaissent aujourd'hui : « Nous sommes hors du temps », se disent-ils, mais l'air du temps surgit, et le cinéaste se rue sur sa caméra pour filmer les événements. Il renaît à la vie après cet épisode. La lumière renouvelle l'obscurité. Une autre visibilité se profile à l'horizon. Il a brûlé les photos de ses parents dans la maison abandonnée de son enfance, mais ne disparaît pas lui-même dans les flammes de ses passions, à la Don Juan (il essuie trois gifles mémorables de son assistante qu'il n'arrête pas de draguer).
Le film aurait pu s'intituler « Retour à Nazareth », Michel Khleifi y est né, et c'est un peu une autobiographie que nous offre le film, avec un côté oriental, en s'inscrivant dans le Yin et le Yang (le plein et le vide), la durée et l'instant, le temps et l'espace (la ville de Nazareth maintenant et avant), dans la fusion du sentiment et du paysage.
Michel Khleifi, cinéaste, pointe aussi l'évolution du septième art, la beauté de l'analogique (avec la pellicule Kodak) et le côté actualité présente du numérique.
Noce en Galilée
et Cantique des pierres, deux films de Michel Khleifi, sont désormais disponibles en DVD, édité par les Films du paradoxe.

 

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