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Aguaviva de Jose-Luis Peñafuerte

Publié le 01/11/2005 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

C’est à un très beau film, Aguaviva, que ladeux/RTBF vous convie le dimanche 20 novembre à 21 heures (et aussi le 24 novembre sur Arte à 22 heures). Voici ce que nous en disait José-Luis Peñafuerte, son réalisateur lors de sa finition : Sur les écrans de la salle de montage du CBA, les images d’une école. La caméra montre une classe, en plan général, avec à l’avant plan les élèves de dos et face à nous l’instituteur.

Aguaviva de Jose-Luis Peñafuerte

Raccord dans l’axe sur celui-ci, qui interroge les élèves : « Quels renseignements avez-vous sur vos parents et grands-parents ? » Une petite Argentine confie que son grand-père est issu d’Almeria et a émigré en Argentine, une autre que ses grands-parents sont galiciens et portugais. L’instituteur montre sur une carte le trajet effectué d’Amérique du sud en Espagne. Le cours fini, les enfants s’égaillent. De petits roumains rejoignent leur mère qui gère le bar du village. Le père est au travail. La mère confie : « La vie en Roumanie est chaque jour de pire en pire. On n’a pas de travail ni d’argent. L’avenir n’est fait que d’incertitude. Et puis, on a toujours l’illusion de vivre en Espagne, en Roumanie. Ne dis-t-on pas : « Tu rêves de ton château en Espagne ? »

 

Un rêve en forme de challenge qui est loin d’être gagné mais risque de faire changer les mentalités sur l’immigration en Espagne. Imaginez, Luis Bricio, un maire de la province de Teruel confronté à l’hémorragie des habitants de son village, ayant une illumination et la concrétisant : "si on faisait venir des émigrés pour repeupler le village, pour continuer à avoir une école, des activités ?". (En 1900, Aguaviva, un village isolé de la région d’Aragon avait 1.778 habitants, en 2002 : 720.)

 

Un projet né sous le gouvernement Aznar, qui, comme on sait, tolérait près d’un million de sans papiers, corvéables à merci dans l’économie parallèle qu’utilise avec profit l’économie de marché. Autant de gagné sur les impôts. Autant de perdu sur la redistribution en soin de santé, scolarité, transports, etc. Un film sur cette expérience singulière a été tourné et est au montage. Nous avons vu certaines séquences montées par Michelle Hubinon et interrogé José-Luis Peňafuerte, son réalisateur, dont vous vous rappelez certainement Los Niňos, son premier film consacré aux enfants de la guerre d’Espagne envoyés, temporairement, dans différents pays d’Europe et au Mexique et qui ne revirent plus leurs parents.

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