Petites Misères est un film audacieux. Osant la comédie sur des sujets graves, le mélange de tragique et de comique, l'irruption de l'absurde et du doux délire dans un quotidien empoisonné. Et quand l'audace est réussie, on est aux anges. Mais on aurait bien aimé quand même en savoir un peu plus quant aux motivations des oseurs. C'est pourquoi, un soir de février pluvieux et venteux, nous sommes assis tranquillement de part et d'autre d'une table de bistrot, du côté de la porte de Namur, prêts pour l'interview. Pas un exercice facile d'ailleurs. À travailler ensemble depuis des temps immémoriaux, Philippe Boon et Laurent Brandenbourger ont développé des réflexes de vieux couple.
L'un commence une idée, l'autre la poursuit, l'un entame une phrase, l'autre la termine. Il n'est pas rare qu'ils se lancent dans des digressions où la pensée de l'un nourrit la créativité de l'autre dans un étonnant jeu de réponses. Ils me pardonneront (j'espère) si, pour des raisons de fluidité textuelle, un bout de phrase de l'un est parfois attribué à l'autre. On fait ce qu'on peut, n'est-il pas? Et si le propos est sérieux, attention, la galéjade n'est jamais loin.