La couleur des mots est le second long métrage de Philippe Blasband après Un honnête commerçant. Il s’agit d’un film atypique et très personnel, qui nous plonge 24 heures dans la vie d’une jeune femme, Marie, dysphasique.
La Couleur des mots de Philippe Blasband
La langue maternelle est pour elle comme une langue étrangère. Au fil de ses rencontres, nous comprenons combien ce langage défectueux, creuse entre elle et le monde un fossé difficilement franchissable. D’autant plus que d’autres obstacles menacent de l’isoler davantage encore. Telle une Alice au pays des mots perdus ou confus, Aylin Yay donne chair à ce portrait sensible d’écorchée vive. Même si le film aborde la dysphasie (un trouble neurologique mal connu), il traite surtout de la communication. Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas d’un film sur la dysphasie, mais sur la réalité d’une femme qui a des difficultés dans la vie, dont celle d’être dysphasique et alcoolique, ce qui n’arrange rien. De toute évidence, le film est original par le sujet et le traitement. Mais il est surtout original par sa justesse, et faut-il le souligner, ce qui est juste est forcément profond. Et c’est là la force du film. Il approfondit un personnage que l’on croit caricatural pour en faire un personnage attachant et vivant, aux facettes multiples. Le rôle principal est interprété magistralement par Aylin Yay, la femme du réalisateur et la mère de Théo. Elle transpose à l’écran l’angoisse d’avoir un enfant dysphasique en s’appropriant le personnage. Il n’y a aucun suspens, que de l’émotion. Comme le souligne son auteur, le film n’est pas un documentaire, ni une démonstration. Le film est une fiction. Il est le fruit d’une observation sur les enfants dysphasiques dont leur fils Théo est atteint. Le film tout entier est à l’image de son auteur, né d’un besoin viscéral de parler du handicap de son fils qu’il a réalisé avec la complicité et le soutien de ses amis et de ses proches. Le film réunit entre autre Serge Larivière, Serge Demoulin, Benoît Verhaert, Martine Willequet, Magali Pinglaut, Véronique Dumont,…
Le film distribué par Climax est sélectionné pour le festival du nouveau cinéma de Montréal, ainsi que pour le festival de Valladolid et d’Amiens. Il sera projeté en première mondiale au Festival de Namur, qu’on se le dise…
Karen S.H.