Depuis vingt-cinq ans, le Centre du Film sur l’Art (C.F.A.) oeuvre à la découverte et à la promotion du film d’art et d’artiste en Communauté française de Belgique. Véritable défense et illustration de ce qui se fait de meilleur en ce domaine, ce travail rigoureux, discret autant qu’efficace, appelait, pour marquer ce quart de siècle d’activité, une rencontre avec Nicole vander Vorst, secrétaire générale du C.F.A.
Le Centre du Film sur l'Art fête ses 25 ans.
Une idée fixe
Au point de départ, la création du Centre du film sur l’Art répondait à une préoccupation d’ Henri Storck. C’était véritablement chez lui une idée fixe. L’existence d’un Centre qui conserve et diffuse des films sur l’art et des films d’artistes lui semblait une nécessité impérative.
À l’époque, je n’y croyais guère et j’avais tort. Je pensais que ce genre de films étaient par trop didactiques et ennuyeux pour justifier la mise sur pied d’un tel centre. Mais Henri Storck était très têtu et il a fini par me convaincre du bien-fondé de son idée et depuis, je ne l’ai jamais regretté. J’ai fait des découvertes fabuleuses, coups de coeur et émotions étaient au rendez-vous et, plus, j’ai pu, grâce au travail de diffusion du C.F.A, faire partager ces moments, ce qui est sans doute le plus important.
Oeuvre de mémoire
Il y a vingt-cinq ans, Henri Storck, pensant aux générations futures, voulait mettre sur pied une structure qui permette de conserver et surtout de promouvoir et diffuser des films qu’il trouvait importants, voire essentiels. Il avait raison à cent pour cent mais il fallait se donner les moyens de pouvoir s’y retrouver dans ce que Jacqueline Aubenas appelle si joliment « un drôle de genre ». Car soyons réalistes, il y a beaucoup de films sur l’art qui relèvent du « document scolaire » sans intention cinématographique.
Pour moi, un film sur l’art réussi est la rencontre de deux créateurs, l’artiste et le réalisateur. Aussi, mes affinités vont plus vers les témoignages sur l’art contemporain. Parce que l’artiste est là, en face de moi, et que ce que je vis est un rapport vivant à la création et pas, comme c’est trop souvent le cas avec les oeuvres du passé, un commentaire. Et c’est l’enregistrement et la conservation d’une multitude d’actes créateurs qui font mémoire et qui permettent de mieux saisir et comprendre ce qui nous touche et nous concerne.
Collection et catalogue
Donc le C.F.A répond à ce souci de mémoire et aussi à ce désir d’intervenir sur le terrain en faisant circuler ces films via les écoles et les différents circuits culturels. Nous sommes subsidiés par la Communauté française qui, je le souligne, a toujours soutenu les choix présidant à la constitution de notre catalogue.
Dans un premier temps, Sarah Pialeprat, ma collaboratrice, et moi-même, nous sélectionnons les films à partir de situations très simples : le bouche-à-oreille des amis et connaissances, les diffusions à la télévision et les festivals. Ainsi, nous faisons une sélection que nous proposons au conseil d’administration, présidé par Marc-Henri Wajnberg. Le conseil, composé de conservateurs, critiques d’art, journalistes, réalisateurs, donne son avis et entérine ou non nos choix. Dès qu’un film a été accepté, nous en achetons les droits non commerciaux pour dix ans que nous pouvons reconduire par après, nous le mettons au catalogue et nous assurons sa diffusion dans les différents circuits culturels de la Communauté française et des pays de la Francophonie.
Ouverture et découverte
Nous achetons en moyenne six films par an. De là, je le répète, nos exigences très marquées quant aux qualités cinématographiques des oeuvres sélectionnées. La renommée d’un artiste ne suffit pas. Nous visons aussi une certaine cohérence dans notre collection et sommes très sensibles aux changements et innovations, tant dans les domaines artistiques que dans celui des écritures cinématographiques qui en rendent compte. Il est important de souligner que le film d’art, touchant à tous les moments de la vie, évolue comme elle et que pour l’aborder et en suivre les meilleures manifestations, on ne peut avoir aucune forme de préjugé ni de barrière. Aussi, en définitive, notre travail est, avant tout, un effort d’ouverture et de découverte. C’est ce que nous proposons et nous comptons bien le rappeler en fêtant joyeusement nos vingt-cinq ans d’existence avant la fin de l’année.