Sortie de clown, le court métrage de Nabil Ben Yadir a reçu le Prix de la deux/RTBF à Média 10/10 en 2005 et sera diffusé sur la chaîne le samedi 18 novembre. Nous avons rencontré Nabil Ben Yadir, un jeune homme passionné de cinéma qui a pris des chemins de traverses avant de tourner un premier court métrage qui succède au scénario d’un long métrage en production. Oui, oui, vous avez bien lu.
Gros Plans - Nabil Ben Yadir
À la question rituelle de cette rubrique sur le premier choc cinématographique de son enfance, Nabil Ben Yadir répond : « Mon premier souvenir est L’Homme qui en savait trop parce que ma mère est une fan d’Alfred Hitchcock. Et la première K7 vidéo que l’on a eu était celle-là. On l'a amorti après la première semaine parce qu’on avait que cette K7. C’est donc le premier souvenir qui me vient à l’esprit ». Sa mère, qui a une curiosité cinématographique qui transcende les genres, lui fait découvrir les films égyptiens et la production de Bollywood. Tout le grand cinéma égyptien de Farid El Attrach et de Youssef Chahine.
Adolescent, il dévore les films de Charlie Chaplin, de Martin Scorsese et de Stanley Kubrick (le numéro de la chambre 236 dans Sortie de clown est un clin d’œil à Shining). « Ce sont des cinéastes qui m’ont appris la mise en scène. Les plans longs que j’aime bien. Je n’aime pas trop les inserts qui coupent un plan séquence».
Mais au cinéma, Nabil, privilégie l’écriture. Il a commencé à écrire très tôt, à l’école, même si l'écriture n’était pas encore cinématographique (il a étudié l’électromécanique à l’Institut René Cartigny à Ixelles). « Il est plus facile de réaliser son rêve par l’écriture (c’est un travail en solo) que par la réalisation. Pendant les cours de français ou de mécanique théorique, j’écrivais. J'ai grandi dans le même quartier, la même rue que Taylan Barman et Mourad Boucif. On avait la même passion du cinéma. Lorsqu’ils ont réalisé Au-delà de Gibraltar, j’avais déjà l’aide à l’écriture pour Les Barons, un long métrage qui, actuellement, est en montage financier, chez Diana Elbaum, pour Entre Chien et Loup.
J’avais envoyé le scénario à différentes boîtes de production. J’ai rencontré Diana Elbaum qui a lu le scénario et qui a accroché tout de suite. Le film est en train de se monter. J’aime prendre mon temps pour écrire. Comme c’est un premier long métrage, j'ai envie de tout dire, de tout raconter. Je l’écris en collaboration avec Laurent Brandenbourger.
Avec Sortie de clown, j’ai attrapé le virus de la réalisation. J’ai donc le désir de réaliser après le long métrage, d’autres courts métrages. C’est après coup que je me suis rendu compte que l’histoire était autobiographique. J’ai plein d’amis qui ne savent pas que je fais du cinéma. Ils sont dans l’électromécanique ou chauffeur de bus. Ils n’imaginent pas que j’ai fait un film. C’est cette double vie qui m’intéressait dans Sortie de clown. Les Barons, c‘est un peu mon histoire à travers différents personnages. C’est une histoire d’amitié. Le passage de l’adolescence à l’âge adulte de jeunes gens qui attendent d’entrer dans la vie active après leur parcours scolaire, neuf mois pour certains ou pour d’autres quinze ans.
C’est à ce moment que se décident les choix de vie. On va suivre ces personnages. Certains passent du statut de fraudeur à chauffeur de bus. Ce que vivent les personnages n’est pas drôle du tout. Mais la manière dont ils le vivent, leur auto-dérision peut provoquer le rire. L’humour un peu décalé m’intéresse. On n’aimerait pas vivre ce qu’ils vivent mais c’est ce qui se passe dans les quartiers. Les mecs se sont forgés une carapace qui fait qu’ils ne craquent pas, on les appelle "les teneurs de mur".
Les Barons (les glandeurs) sera un film choral. C’est ce qui l’oppose à la narration de Sortie de clown. Ce n'est pas ce qu'on attendait de moi, trois électromécaniciens en veste de cuir, vivant à Molenbeek avec un ballon de foot (rires).
La réalisation de Sortie de clown dont le scénario a été co-écrit par Laurent Brandenbourger était une sorte de test pour voir si j’avais envie de réaliser le long métrage. Il a été produit par Nicolas Bertrand de Mochi Mochi Productions. Le film est sans dialogue. Lorsqu’on a essayé de donner des dialogues au clown, Laurent et moi, on s’est vite rendu compte que cela n’avait pas de sens. Ce qui nous intéressait, ce qui me motivait, c’était les rires des enfants. Ce sont les rires qui permettent au Clown de revenir chaque jour : la réaction des enfants face à son spectacle... jusqu’au jour où il ne les entend pas et cherche à savoir pourquoi ».