Au début des années soixante, la Belgique était un pays étouffant, marinant dans une médiocrité qui lui donnait une touche poussiéreuse digne des Scènes de la vie de province de Balzac. Regardez les photos d'époque, les gens ont les cheveux aussi ras que leurs idées, des costumes aux vestes croisées, les femmes des jupes jusqu'à mi-mollet et des chignons. Pour paraphraser le célèbre mot de Talleyrand (que Bernardo Bertolucci a placé en exergue dans Prima della revoluzione), " Ceux qui n'ont pas connu l'avant-68 ne savent pas ce qu'est la lourdeur de vivre ". Cette époque au conformisme épais comme un missel, " straight ", à la morale vieillotte dont les internautes du troisième millénaire n'ont aucune idée, les baby-boomers de l'après-guerre y ont mis un terme au milieu des années soixante avec Brigitte Bardot, la beatlemania, le courant d'air du swinging London se transformant en ouragan en 1968 à Paris, Berkeley, Berlin, etc. Rien d'étonnant donc si Richard Olivier, né en 1945, était un adolescent rebelle, rétif aux institutions comme l'enseignement ou l'armée, ne sachant à quel saint se vouer pour sortir d'une torpeur maligne qui risquait de l'étouffer.