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Peccato de Manuel Gomez

Publié le 01/02/1998 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique

Le premier long de Manuel Gomez est avant tout l'accomplissement de son travail de court-métragiste sur le thème des sept péchés capitaux. Peccato est en fait le lien de sept histoires en images, pendant des sept scènes du tableau du brabançon visionnaire. C'est donc un film à sketches, certains repris purement et simplement de courts métrages déjà connus, d'autres inédits, réalisés pour l'occasion. L'unité du film se ressent bien sûr de cette diversité mais en contrepartie, quel foisonnement.

Peccato de Manuel Gomez

Un mysticisme terrien

Au-delà de la démonstration d'un savoir-faire incontesté, s'exprimant à travers des techniques multiples, le film raconte l'histoire d'Angelo Peccato, architecte du Moyen-Age, né un lundi, jour de fermeture des musées, d'un père luxurieux et d'une mère gloutonne et succombant tour à tour aux charmes des sept péchés majeurs de la religion chrétienne. Sept fois abattu, sept fois humilié, Peccato se venge en attentant à l'incarnation de ses malheurs, le superbe tableau de Bosch. Il sera vaincu une dernière fois, maîtrisé par sept admirateurs du tableau, incarnant chacun l'un des vices coupables : voir Noël Godin personnifiant la luxure et faisant d'une paresseuse Lio l'objet de son intérêt libidineux est tout à fait savoureux.

Un artiste aux multiples facettes

On connaissait Manuel Gomez comme un homme de passion, un artiste doué de talents suffisamment divers pour réussir aussi bien le dessin sur pellicule que l'animation en temps réel ou la création d'une sculpture sur marbre ; capable de diriger des acteurs de chair et d'os dans une adaptation de la Colonie pénitentiaire de Kafka, comme de monter Jarry en viande animée. En prime, on découvre ici l'amateur d'art érudit, fou de peinture, obsédé par une oeuvre au point d'en détruire l'expression figée pour mettre tout son talent à la faire revivre à sa manière. Peccato est l'accomplissement de dix ans de fascination (la Gourmandise tourné en 1988 fut le premier court métrage de la série), une manière sans doute de fermer un cycle avant la sortie de son prochain long métrage qui nous dévoilera encore une autre facette du personnage, ce kaléidoscope fait cinéaste.

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