Nous vivons dans un monde où a eu lieu, entre 1939 et 1945, une catastrophe pour des communautés qui ne répondaient pas aux critères de la race germanique. Parmi les populations décimées, les juifs, bien sûr, mais aussi les tsiganes. Comment cet événement terrifiant et irréversible, cet effondrement a-t-il eu lieu ?
Tsiganes, sous la croix gammée
Lydia Chagoll, dans son livre, Tsiganes, sous la croix gammée nous explique le processus des lois raciales, sa montée en puissance jusqu'à son escalade avec les camps d'extermination. Celle-ci a lieu dès 1933, lors de l'élection des nationaux-socialistes qui mène Adolf Hitler à la Chancellerie du Reich jusqu'à la capitulation sans condition de l'Allemagne en mai 1945. La même année, le tribunal militaire international commence le procès de Nuremberg. Puis, ce sera de 1963 à 1965, le procès sur le camp d'Auschwitz à Francfort, en République Fédérale Allemande. Parmi les 211 témoins, il n'y aura que quatre Sinti et Roms qui seront entendus.
Le livre de Lydia Chagoll est impressionnant ! On apprend, que dès février 1935, le docteur Ritter se plonge dans la généalogie des « Tsiganes ». En juin 1936, le pouvoir lance un décret sur la lutte contre les pratiques criminelles des Tsiganes. En avril 1938, la Gestapo reçoit de Himmler la permission d'arrêter les Sinti et les Roms et de les envoyer vers les camps de concentration. D'abord soumis à des internements arbitraires, ensuite au travail forcé, ils seront ensuite assassinés en masse dans les camps d'Auschwitz-Birkenau, Chelmno, Belzec, Sobibor et Treblinka.
Le livre, qui s'articule en trois parties, retrace le traitement réservé aux tziganes par les nazis en Allemagne, en Europe occupée ou dans les pays qui sont sous influence de l'orthodoxie.
La première partie concerne concrètement les mesures prises légalement dans l'Allemagne du troisième Reich contre la minorité Rom. La loi sur la stérilisation sera appliquée à 75% sur les Sinti/Roma. La troisième partie concerne les mesures prises par les nazis dans les pays occupés (Belgique comprise) et les territoires annexés. La différence avec celles prises dans les pays de l'Est européen et de l'Ouest de l'Europe occidentale n’est pas comparable.
Voyons brièvement la troisième partie qui concerne l'anus mundi qu'était Birkenau et qui s'appuie sur les témoignages de prisonniers politiques, de médecins détenus, du commandant du camp, de médecin SS qui se sont servis de tsiganes comme cobayes. Himmler hésite au début : ces sous-hommes d'une race aussi inférieure peuvent-ils avoir le moindre lien avec un Allemand de race pure ? Ce qui ne l'empêche pas d'en accepter 40, pour autant qu'ils puissent être comparés à la population européenne. Parmi les médecins nazis, le Docteur Mengele avait l'autorisation de mener des expériences médicales pseudo-scientifiques. Il va tenter des expériences sur des jumeaux et disséquer leurs cadavres. Ensuite, ce sont des expériences oculaires : trois enfants qui présentent des yeux d'une couleur différente (l'un bleu, l’autre brun) l'intriguent. Puis, le cancer du visage, et la malformation physique. Nous devons toutes ces expériences au nom de la biologie héréditaire et l'eugénisme et apprenons ces expériences réalisées concrètement grâce aux témoignages du Dr. Miklos Nyiszli, médecin légiste, prisonnier hongrois obligé de devenir l'assistant de Josef Mengele.
Un cahier de photos de 14 pages est inclus et illustre les propos en montrant des victimes et quelques-uns de leurs tortionnaires.
Tsiganes sous la croix gammée - Le sort des communautés Sinti et Romade Lydia Chagoll, Editions Luc Pire.
Par ailleurs, Lydia Chagoll a réalisé un documentaire projeté en salles à partir d'archives, en 2014, voir le webzine d'avril 2014 vidéo et entretien avec la réalisatrice.