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26ème Festival du court métrage de Clermont-Ferrand : les impressions de Vincent Bierrewaerts

Publié le 01/03/2004 par Thierry Zamparutti / Catégorie: Entrevue

Alors que la clôture du Festival scelle le sort d'un peu plus de 180 films en compétition, la température clermontoise redescend à un niveau plus en rapport avec la saison (la semaine fut estivale). La cérémonie apporta son lot de chaleurs en tous genres : situation des intermittents du spectacle et prise de position de l'association organisatrice Sauve Qui Peut le Court Métrage contre le protocole d'accord, intervention du Jury de la compétition nationale par la voix de son président Mathieu Amalric dénonçant une uniformité conventionnelle d'un cinéma français (débats à suivre sur le site du festival http://www.clermont-festfilm.com/) et...

Les Belges nagent en plein bonheur

 

 

Festival de Clermont Ferrand 2004

 

 

Vincent Bierrewaerts montant quelques marches pour aller chercher son Prix du Meilleur Film d'Animation pour Le Portefeuille. Dans l'atmosphère des discours, son « merci » sobre, plein de retenue, répété une seconde fois face aux rappels du public, contraste bien évidemment. Nous l'avons rencontré la veille alors qu'il ne se doutait de rien. Morceaux choisis de l'entretien.

 

Cinergie : Tu es sélectionné à Clermont... On dit que c'est le Cannes du court. Pour toi qu'est-ce que cela représente ?
Vincent Bierrewaerts : On m'a dit cela mais je ne m'en rends pas compte...On m'a fait comprendre que ce serait bien que j'y sois.

 

C : Tu mesures ta joie là...
V.B. : (rires) Non, non... je me retrouve ici en grande partie en tant que spectateur, je ne fais que voir des films... De temps en temps, en tant que réalisateur de mon propre film et je suis un peu perdu là-dedans, je ne sais pas ce qui se passe autour de moi, l'équipe du producteur Arnaud Demuynck s'occupe de beaucoup de choses.

 

C : Tu préfères que l'on dise Cannes du court ou Mecque du court ?
V.B. : Cannes... c'est plus évocateur parce qu'il s'agit de cinéma et pour le grand public c'est probablement mieux ainsi.

 

C : Et le fait d'être belge cela t'apporte quoi ici ?
V.B. : Heu... on était dans un bar et quand cela s'est su ; le barman nous a imité l'accent belge...

 

C : Tu t'es trahi comment ?
V.B. : Ah ! mais ce n'est pas moi, c'est le monsieur de la Communauté française qui nous accompagnait.

 

C : Pour en revenir à la projection de ton film, quel fut ton sentiment face aux 1500 spectateurs ?
V.B. : C'est un peu comme dans tous les autres festivals, c'est entre l'agréable et le désagréable, vu que cela fait toujours plaisir d'être ovationné et à la fois c'est très dérangeant. Quant à la dimension de la salle, mon premier film El Vento était sélectionné à Cannes, et ce fut ma première grande expérience en public dans une salle bien plus grande encore.


Autre film sélectionné, en compétition Labo - une nouvelle section mise en place suite à l'évolution de la technologie numérique pour répondre à l'éclatement en un archipel de formes, de styles et de tendances des disciplines artistiques liées à l'image en mouvement (sic)
Chaque jour est un jour du mois d'août de Nathalie André. Réactions de sa productrice, Françoise Hoste :
F.H. : Nous n'avions pas d'a priori sur Clermont. nous savions bien que c'était un très gros festival, mais sans plus. Une fois sur place, évidemment on se rend compte et on est ravi. En tant que productrice, je suis tributaire "d'auteurs" pour entreprendre de nouvelles choses, car en Belgique, c'est rarement le producteur qui initie un projet, mais néanmoins la richesse de ce que j'ai vu, la diversité des rencontres font que c'est un sacré coup de peps et que cela donne vraiment envie de continuer à produire des films (courts et longs), alors que souvent quand on est seul à son petit bureau à Bruxelles, on a parfois du mal à se motiver. Quant à la rencontre avec le public c'était vraiment formidable d'autant plus que c'est la première fois que nous étions confrontées à de vrais "retours"ce qui est passionnant... 

 

C. : Par rapport à cette grande liberté d'expression qui règne à Clermont, as-tu eu cette sensation que des films libres pouvaient encore se faire et as-tu été inspirée ?
F.H. :  Alors là, vraiment oui !!! En section Labo, j'ai l'impression d'avoir vu de très bonnes choses qui sont une énorme source d'inspiration pour nous...Nous espérons aussi que grâce à cette sélection, la Communauté française sera un peu moins frileuse avec des films de formes, de styles et de tendances narratives différentes. Car l'avenir du cinéma se trouve vraiment là. Cela faisait très longtemps que je n'avais plus vu autant de bons films et Clermont est une magnifique vitrine pour ces productions. Enfin, troisième film belge francophone en compétition, le premier court métrage de Jean-Luc Gason, La Séquence Silverstein, a obtenu un très beau résultat à l'applaudimètre.

J-L. G. : Clermont-Ferrand est le premier festival où je me déplace réellement, c'est vraiment un autre monde, c'est surprenant ! C'est une semaine où on n'est pas vraiment sur terre, c'est une sorte de bouillon de cultures. Ce qui est peut-être lié au public français, c'est qu'il a des réactions, il réfléchit. D'abord il y a un public énorme. C'est un choc. J'ai vu des longues files de spectateurs pour aller voir des courts métrages et il fallait refuser du monde. Il y a ici une volonté de voir, de comprendre, de discuter. C'est enthousiasmant ! C'est énorme ! J'ai beaucoup écouté les conférences de presse des autres réalisateurs. J'ai pu ainsi mesurer toute la différence entre la compétition française et l'internationale. Le réalisateur français est tout torturé, il a 50.000 raisons, il va vous parler pendant une demi-heure de la tension dramatique, de sa contre-plongée dans cette séquence-là, etc... Le réalisateur international... il est là...il fait des films parce que ça l'amuse. Il a quelque chose à dire mais profondément la plupart du temps il n'est pas compliqué. Il ne veut pas chercher à faire de l'intellectuel, sans pour cela que ce soit nécessairement plus léger, mais j'ai l'impression qu'il a un autre plaisir à faire son film. Pour en revenir au public, je n'avais pas encore été confronté aux réactions en dehors de celles de l'équipe du film. Mais bon...l'équipe c'est en général un public acquis. Ici, des gens sont venus me trouver et j'ai eu le plaisir de constater qu'ils avaient compris mon film. Je déteste commencer une phrase par « Ce que j'ai voulu dire... ». Dans le film, tout au début il y a ce plan du cercueil durant lequel le personnage dit que sa mère est morte. On retrouve ce cercueil à la fin du film et évidemment c'est bien le personnage principal qui s'y trouve. Cela a été compris tel quel. Je suis vraiment content d'avoir fait un film que les gens comprennent. Le partage fonctionne. Clermont m'a conforté dans l'idée de vouloir persévérer de faire quelque chose pour un public.  Le Marché du Film a, une fois de plus, prouvé sa grande efficacité notamment grâce à un nouveau système de gestion des quelques 4164 films à voir !! La Communauté française y tient un stand. Comme l'année précédente, Catherine Detry a eu tout le loisir d'aider les professionnels en recherche d'informations sur l'état de l'audiovisuel belge.

C. D. : Il y a 3 demandes assez courantes : la liste des festivals pour s'inscrire, la liste des films belges pour des festivals en recherche, les conditions pour les coproductions. Par ailleurs, certains me réclamaient des DVD de compilations. En général le cinéma belge est bien accueilli et les pros ont tendance à dire "aaaaah les belges", sous entendu « vous faites des bons films chez vous ». Le stand devient un peu petit par rapport à la quantité d'infos que l'on souhaite distribuer. Entre les prospectus des uns et les cassettes des autres, il faut parvenir à contenter tout le monde. Et je suis là pour veiller à cela.

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