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Cinéastes à tout prix de Frédéric Sojcher

Publié le 01/01/2004 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

Trois trublions délirants : Cinéastes à tout prix


Max Naveau, Jacques Hardy et Jean-Jacques Rousseau

 

Jean-Jacques Rousseau, Max Naveau et Jacques Hardy - trois hommes « extraordinairement cinglés » pour reprendre l'expression de Noël Godin - ont mené ensemble, sans se connaître une entreprise sans équivalent connu : tourner de longs métrages avec des équipes et des acteurs non professionnels. Ils ont réuni les ressources du cinéma pour réaliser non pas un mais plusieurs longs métrages, sans le moindre subside, sans moyens, qui laissent le public qui a pu les voir - car ils ont été projetés hors des circuits traditionnels de diffusion - pantois! La réalité est présentée dans d'ahurissantes calembredaines que même le sapeur camembert n'aurait pu imaginer.

 

Frédéric Sojcher les a découverts en écrivant La kermesse héroïque du cinéma belge (3 vol. à l'Harmattan), a vu leurs films, les a trouvés stupéfiants et décidés que ces Don Quichotte de la pellicule méritaient d'être découverts par un plus large public que celui de leur entourage. Il a donc réalisé un film documentaire où nous découvrons chacun d'entre eux sur les lieux du tournage de leurs films. Jean-Jacques Rousseau, cagoulé (il refuse d'être reconnu de peur d'être victime du star système) n'hésite pas à déclarer que les acteurs se battent d'autant mieux lorsqu'il est armé. Et de joindre le geste à la parole en tirant un coup de feu en l'air. Aux pieds d'un arbre il rencontre un supporter de toujours : Noël Godin qui lui dit : « quelques intellectuels dépravés considèrent ton cinéma comme de l'art brut ».

 

Cinéastes à tout prix de Frédéric Sojcher

Max Naveau, ancien projectionniste d'Exploration du monde quant à lui se consacre aux films de guerre se passant pendant la seconde guerre mondiale. Sa particularité ? Tirer à balles réelles et utiliser de vrais explosifs ! Brrr.Boum ! Quant à Jacques Hardy, ex-professeur d' économie au lycée D'Harcourt, sa spécialité est de réaliser des films de genre. Dans un péplum, pastiche d'Astérix, Jean-Marie Happart en toge entouré de sénateurs romains. En fin de parcours Frédéric nous montre deux trios. Le premier composé de Noël Godin, Benoît Poelvoorde et Bouli Lanners s'en donnent à coeur joie sur ces cinéastes surréalistes « extraordinairement cinglés qui ont eu l'audace de bafouer les règles de la narration ».

Le second comprend Rousseau, Naveaux et Hardy qui se rencontrent pour la première fois et posent chacun à leur tour en compagnie des bénévoles qui ont permis à leurs films de s'incarner. On ignorait que le parcours d'Ed Wood (fictionnalisé par Tim Burton) était aussi répandu de par le monde. Il est vrai que la Belgique dont la diversité culturelle est une marque de fabrique ne cesse de perturber - tels des troublions délirants - le spectacle formaté. Ce n'en est que plus distrayant et ce que nous démontre le film de Frédéric Sojcher.

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