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Sur le tournage de Cinéastes à tout prix

Publié le 01/10/2003 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Tournage

« Est-ce qu'il y a un lien entre le cinéma programmé à Explorations du Monde et ce que Max Naveau a fait comme films ? » - « Explorations du monde lui a apporté la possibilité de faire ses films » -- « coupez ! » Frédéric Sojcher à côté de la caméra pose une seconde question : « Comment trouvait-il le temps de faire un film tout en travaillant pour Explorations du monde ? » -- « Il accompagnait les tournées qui ne durent que la moitié de l'année, de septembre à fin mars, donc, pendant la morte saison, il avait le temps de travailler à son film  -- coupez ! » Frédéric Sojcher à côté d'une caméra Betacam et d'un preneur de son qui enregistre le dialogue pose une autre question : « Est-ce que l'ensemble de ses collègues appréciaient son film ou y avait-il des avis partagés ? » - « Il n'y avait pas d'avis partagés. On a tous bien aimé. Max parlait beaucoup de son film. La projection était un moment extremement heureux, pour lui, puisqu'il voyait son travail sur grand écran. C'était très amusant, très intéressant à voir Je ne vois pas pourquoi on n'aurait pas aimé. » répond Mme X, sur la scène de la grande salle du Palais des Beaux-Arts lequel continue encore aujourd'hui les cycles de projections-débats d'Explorations du monde. Max Naveau, lui est à la retraite depuis un moment. C'est l'un de ces cinéastes qui ont passé leur vie à réaliser des longs métrages de fiction en 16mm produit avec les moyens du bord mais surtout avec une passion du cinéma qui ne s'est jamais démentie au point de frôler la folie. Passionné de films sur la seconde guerre mondiale, Max Naveau a tourné ses trois films en utilisant des balles réelles et engageait un tireur d'élite pour éviter de blesser l'un de ses acteurs amateurs. Jacques Hardy, Jean-Jacques Rousseau, les trois cinéastes auquel Frédéric Sojcher s'est intéressé, sont-ils au cinéma ce que le facteur cheval est à la peinture ? C'est ce que semble penser le réalisateur de Regarde-moi.

 "L'idée est venue, nous explique le réalisateur, lorsque j'ai écrit mon bouquin sur le cinéma belge (1), j'ai découvert que certains cinéastes dont je n'avais jamais entendu parler avaient réalisés des longs métrages en 16mm, autofinancés et qui n'était référencés nulle part, n'ayant jamais connu de sortie en salles. Il existait donc tout un cinéma inconnu. Je me suis rendu compte qu'il y avait des personnes qui avaient consacré leur vie à faire du cinéma. C'est-à-dire vingt à quarante ans de leur existence à s'autofinancer pour réaliser des longs métrages sans bénéficier, pour autant, d'une fortune personnelle. L'un est un maçon, l'autre un professeur de Lycée et le troisième projectionniste à « Explorations du monde »

 

Ils dépensaient toutes leurs économies et passaient tout leur temps libre -- y compris leurs vacances --- à faire leur film. Ce qui les différencie d'un peintre ou d'un écrivain qui travaillerait seul dans son coin, comme il en existe beaucoup, c'est qu'ils ne sont pas seuls. Ils ont réussi à fédérer autour d'eux une troupe, une équipe de techniciens, de comédiens qui les suivent, en général de film en film. Non seulement, ils ont consacré leur vie à leur passion, le cinéma, mais ils ont réussi à embrigader avec eux de manière totalement bénévole, une série de personnes qui forment un groupe et une troupe (au sens de comédiens amateurs) avec eux. J'espère que cette chose universelle qu'est la passion passera dans le film. Il y a aspect poétique dans cette gratuité, ce don de soi, de se laisser engloutir dans sa passion. C'est un documentaire sur le rêve du cinéma. En tout cas un hommage au parcours de réalisateurs qui rêvent que leurs films soient vus, et souhaitent un minimum de reconnaissance.

 

Je souhaite les inscrire dans leur territoires : dans le décor de leurs films et dans le quotidien (La Louvière et les terrils pour Max Naveau, les alentours de Verviers pour Jacques Hardy, Courcelles pour Jean-Jacques Rousseau. Le film a trois composantes. Il y a tout d'abord leur itinéraire qui se rapproche de l'idée du portrait. Comment se voient-ils, comment parlent-ils d'eux-mêmes ? Ensuite il me parîit important de filmer leur entourage. Comment femmes, voisins, collègues de travail percoivent-ils cette passion ? Plus encore, comment ont-ils réussi à avoir une troupe de fidèles qui les suit d'année en année, de film en film. Ensuite, il y aura des extraits des films de nos trois cinéastes à tout prix".

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