Le premier long métrage de Frédéric Sojcher a été une épreuve tant à l'étape de la production que du tournage. Confronté à ce double défi qui rendait une partie du scénario caduc, le réalisateur de Fumeurs de charme a su rebondir avec malice, en se servant des accidents du tournage pour les utiliser dans une narration plus complexe (celle d'un film-dispositif qui propose une mise en abyme du tournage effectué en Grèce dans des conditions tragi-comiques), en faisant appel à Jean-Paul Comart, son alter ego (ils ont tourné quatre films ensemble) qui en est devenu le deus ex machina.
Regarde-moi est un film déconcertant qui joue sur les chromos (une Grèce de cartes postales), un jeu de miroir (confinant au vertige) mais qui est aussi un hommage au Voyeur de Michaël Powell. Dispositif qui s'assemble comme un puzzle et dont les parties de domino en sont la métaphore, jusqu'à, comme dans toute tragédie, la catharsis finale. Tous les acteurs n'ont pas la présence de Sandrine Blancke (décidemment sous-employée par notre cinéma), de Mathieu Carrière ou, surtout, de Jean-Paul Comart, son double inversé. Nous avons eu l'idée de demander à celui-ci d'interroger son réalisateur et réciproquement, au réalisateur d'interroger son comédien fétiche.