« L’apathie est un crime »
Après un premier long métrage très récompensé, notamment du Lion d’Or à Venise, le second film de Jessica Woodworth et Peter Brosens sera présenté cette année à la Semaine de la Critique cannoise.
Quand on lui demande de nous résumer le film à peine terminé, Jessica Woodworth rit : « Impossible ! ». Et l’on ne s’en étonne pas vraiment après avoir vu Khadak. Leur premier long métrage de fiction, réalisé en 2006, était un long poème visionnaire qui se déroulait en Mongolie. Tout le cinéma de ces deux cinéastes venus du documentaire s’érige justement contre les simplifications scénaristiques et tend à être une expérience, une rencontre, presque une vision. Pour nous indiquer quelques voies de traverses, la réalisatrice utilise des expressions qui laissent déjà libre cours à une rêverie : « Grace, une photographe de guerre, perd son âme en Irak, son époux médecin est un idéaliste qui rend la vue aux gens atteints de cataractes dans ces régions très isolées des Andes »... il y a aussi Saturnina que Grace va rencontrer « de manière spirituelle ». Et puis, tout en gardant son calme, douce et posée, Jessica Woodworth, s’engage, s’enrage et nous dévoile peu à peu son regard, une manière d’appréhender le monde et le cinéma, indissociable.