Cent ans de plénitude
« Préambule. Finalement, nous vivons tous dans cet enfer, et le cinéma est l'une de ses fournaises, mais c'est de la chaleur qui émane des flammes autour de nous que naît le goût d'aimer ». Cette belle phrase a été prononcée par notre centenaire du cinéma, Manoel de Oliveira, himself (Porto, 2008) et inaugure un texte d'Oliveira dans le numéro 71 de la revue Trafic. Ce n'est évidemment pas la première fois que la revue de cinéma créée par Serge Daney publie des propos d'Oliveira. Le numéro 50, intitulé Qu'est-ce que le cinéma ? a publié Repenser le cinéma, un texte dans…
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Un truc reposant
C'est ce que semble penser Luc Delisse, écrivain, mais avant tout professeur (de scénario) à la Sorbonne et à l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle de l'ULB (Esra). Un homme qui sait de quoi il parle, donc. Avec Le professeur de scénario, il poursuit une autobiographie romanesque déjà largement entamée par quatre précédents romans. On entend par là qu'il s'agit d'une histoire écrite à la première personne, que le personnage principal offre beaucoup de similitudes avec l'auteur, mais que, par contre, les événements qui lui arrivent et qu'il relate sont fictifs. Un rapport ambigu donc entre…
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Les vacances de Monsieur Hulot ou Tati et le parlé belge
Mais qui est donc cet hurluberlu d'Hulot sur lequel Tati, à tâtons, n'a cessé de fantasmer et de nous faire rire ? Allo, hello, Hulot. À l'hôtel de la plage : « Pardon, votre orthographe, please - Ulo, avec ou sans H? - Yes, avec H, comme Hôtel (la pipe entre les dents, intérieurement : H comme Héros) - Thank you, Hulo ! - Avec T comme Tea : H.U.L.O.T., sorry, il n'y a pas que des voyelles, mais des consonnes. Oui ou non ? Mais surtout, il y a, chez Tati, une conception du langage qui se partage entre la langue française châtiée et une sorte d'accent à la belge (borborygmes de plusieurs types de langues)…
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L'image pornographique fascine certains. Pourquoi ? Et si elle restituait la séquence du veau d'or ?Patrick Mario Bernard & Pierre Trividic, les réalisateurs du beau film L'autre(lire le webzine du mois dernier) se sont lancés dans un défi particulièrement provocant. Réfléchir sur l'image dans un monde où elle est devenue aussi démesurée que l'argent, l'autre pièce du binôme de notre monde actuel. Comme ils aiment la créativité et la transgression artistique par rapport au formatage du spectacle, ils n'hésitent pas à partir du degré zéro de l'image : la pornographie. Et pas n'importe laquelle : les désirs…
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La Véritable histoire du chat botté
L'imagination comble les trous de la compréhension. Quand on est petit, et que l’on n'a pas la connaissance nécessaire pour comprendre les sciences, l'histoire et la géographie, les contes et les formules poétiques des récits sont les bienvenus pour prendre assise sur le réel. L'imaginaire est une béquille, et l'on ne peut s’en débarrasser sans perdre souplesse et humanité, qualités indispensables à la vie sociale, même lorsqu’on est adulte, majeur et surtout vacciné ! C'est pourquoi il ne faut pas se priver des souvenirs de notre enfance qui nous font revivre les sentiments d'admiration et…
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La saga Yvan Govar
Chapitre I
L’association Belfilm et l’éditeur Come and See se sont associés pour ressusciter, grâce aux DVD, les films oubliés de l’histoire du cinéma belge. Au programme, du polar, du polar et encore du polar… made in Belgium, et signé Yvan Govar.Depuis plus de vingt ans, l’historien Paul Geens joue les archéologues du cinéma à la recherche des bobines perdues. Cette étrange vocation, il la doit à Yvan Govar, réalisateur à la carrière fugace, mais qu’il considère comme l’«un des plus grands metteurs en scène belges ». C’est en 1987, un an avant sa mort, qu’Yvan…
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Instantané d'un art ressuscité
« S'il te plaît, dessine-moi un film ».
Voici la demande formulée par un amateur de cinéma et de dessin, Jean-Pierre Eugène, à laquelle ont répondu une cinquantaine de dessinateurs, 51 pour être plus précis. Ces plumes reconnues, à la signature scintillante, se sont fait plaisir en choisissant un film selon des critères très personnels, et se sont adonnées à l'expérience unique d’en réaliser l'affiche de distribution. Il est bien évident que l'on n’a pas demandé à ces dessinateurs de faire de la photo ou du collage, mais bien d'exercer leur art. Et c'est…
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Le Festival International du Film Francophone de Namur a eu l'heureuse idée d'ouvrir son édition 2009 avec un film belge, jeune, drôle, atypique : les Barons de Nabil Ben Yadir. Grande première pour ce film sorti comme un clown de sa boîte à ressorts. On attendait, parfois avec scepticisme, l'œuvre d'un jeune gars qui, malgré sa formation en électro-mécanique (réparateur de machines à laver comme il dit), avait des prétentions de cinéaste ! Namur s'est curieusement rempli de visages à la peau basanée et aux cheveux bouclés, vestes en cuir et baskets aux pieds, affichant une allure altière dont certains pourraient se méfier.… Lire l'article
Sans images, il n’y a pas d’histoire
Ample et lyrique, construit autour d’une riche et profonde réflexion sur la nature et le rôle des images, Altiplano tisse les quatre coins du monde dans la même matière vibrante, mouvante et habitée, et réenchante le réel à mesure que ceux qui l’habitent tentent de le préserver de ceux qui le dévastent.
Dans Kadhak, leur premier long métrage qu’ils cosignaient déjà, Brosens et Woodworth filmaient, en Mongolie, la révolte d’un peuple dessaisi de son lien à sa terre exploitée par des voisins frontaliers, industrieux et capitalistes. Altiplano creuse ces thématiques. Autour…
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Jean-Luc Goossens, scénariste de la série, nous reçoit dans l'arrière-salle d'un café de la rue Haute avant qu'elle ne soit envahie du brouhaha des assiettes et des couverts de l'équipe de Melting Pot. Attiré dans le métier de l'écriture par un maître, Yves Lavandier, qui avait pressenti son talent en l'invitant à participer à un atelier de développement de scénario de Canal+, ce réalisateur de formation abandonna totalement la caméra pour le stylo. Depuis, il collectionne les scénarios de comédies, a écrit un long métrage d'animation (Astérix et les Vikings), et, avec Melting Pot Café, sa première… Lire l'article
Le langage jusqu'à présent réservé aux productions de divertissements, au montage saccadé parsemé de plans de coupe, s'introduit insidieusement dans certaines œuvres d'auteur. Aux côtés des plans séquences dans lesquels le spectateur est invité à glisser dans l'image et à adapter le clignement des yeux à la cadence ralentie des changements d'axes, on voit apparaître des films aux mouvements accélérés et maintenant la tension rétinienne à l'instar des réalisations où la pauvreté du scénario est comblée par une vitesse qui ne laisse pas le temps à la réflexion.
Avec l'émergence…
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Nous rencontrons le prochain invité de l'émission l'Envers du court du dimanche 8 novembre, Emmanuel Marre, avec son film la Vie qui va avec. Jeune cinéaste fraîchement sorti des bancs de l'IAD, flirtant entre fiction et documentaire, il s'était d'abord consacré à l'écriture avant de guigner vers le 7ème art. Pourquoi cette hésitation ?
Emmanuel Marre : J'ai toujours eu envie de faire une école de cinéma, mais c'est comme si je repoussais sans cesse ce moment. J'ai traîné quelques années à la Sorbonne, où je me suis obligé à exprimer clairement mes pensées pour oser faire le grand pas vers la réalisation.Je…
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Le second film de Micha Wald se détourne du parcours épique plein de lyrisme des Casaques de Voleurs de chevaux. Avec Les folles aventures de Simon Konianski, nous sommes dans un road movie burlesque. Micha Wald, qui a réalisé le splendide Alice et moi (court métrage, Prix du jury jeune à Locarno en 2004), lui donne, en quelque sorte, une version longue avec Simon Konianski. (« Afin d'éviter la frustration de devoir couper pour adapter mes histoires au format court, j'écris généralement en parallèle un traitement de long métrage. C'est donc pendant Alice et moi qu'est né Simon Konianski »).
Simon, interprété par Jonathan Zaccaï (impeccable),…
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Entre son second long métrage, Cinéastes à tout prix et son troisième (en cours de montage), Frédéric Sojcher a tourné Climax, un court métrage inspiré de l'aventure insensée qu'il a vécu dans une île grecque. L’équipe du film Regarde-moi, en rébellion, interrompt le tournage, poussée par le désir du comédien principal de diriger l'équipe à la place du réalisateur. Une puissance sans la gloire qui s'est terminée en queue de souris pour les rebelles. Frédéric Sojcher a repris intelligemment la donne, en changeant d'équipe, hors du tumulte éolien de la dynamique de groupe qui faillit le couler… Lire l'article
Jean-Luc Goossens, scénariste de la série, nous reçoit dans l'arrière-salle d'un café de la rue Haute avant qu'elle ne soit envahie du brouhaha des assiettes et des couverts de l'équipe de Melting Pot. Attiré dans le métier de l'écriture par un maître, Yves Lavandier, qui avait pressenti son talent en l'invitant à participer à un atelier de développement de scénario de Canal+, ce réalisateur de formation abandonna totalement la caméra pour le stylo. Depuis, il collectionne les scénarios de comédies, a écrit un long métrage d'animation (Astérix et les Vikings), et, avec Melting Pot Café, sa première… Lire l'article