Les cinéphiles collectionneurs ou drogués de DVD connaissent bien « La collection » de Cinéart : de grandes œuvres à petits prix – atout non négligeable – tout en gardant le bonus des premières éditions. Ce n'est pas toujours le cas chez les autres éditeurs. On vous en parle davantage pour la génération Internet que pour nos amis cinéphiles, vieux collectionneurs de livres et de films projetés, depuis 1962, à la CINEMATEK, disponibles dans quatre endroits phares (les DVD comme nulle part ailleurs) dont on vous a parlé le mois passé. Tout cela, au moment où les salles de cinéma à Bruxelles - depuis que les plafonds…
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I am not a man, I am Cantona
L’annonce de l’arrivée de Looking for Eric, le dernier film en date de Ken Loach a fait lever, chez de nombreux cinéphiles, un sourcil interrogateur. Le chantre du réalisme social britannique accepte une commande d’Eric Cantona ? Et fait une comédie sur le football ? Ce faiseur en série de films lourdement revendicatifs va se commettre dans un film populaire à potentialités commerciales ? Il y avait de quoi se tenir sur ses gardes. Pourtant, quiconque connaît un peu le cinéaste britannique, son éclectisme, sa familiarité avec les gens ordinaires, son amour pour le foot ne devait rien y voir de particulièrement étonnant. Ken Loach nous habitue,…
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La vie est un sport d’équipe
Cinéaste dont le talent est aujourd’hui unanimement reconnu sur la scène internationale, Walter Salles reste, avant tout, un homme profondément ancré dans la vie sociale de son pays. Déjà, avec Central do Brasil, Salles signait un film témoignage de la réalité brésilienne. Au départ d’une relation tumultueuse mais tendre entre un gamin des rues et une mammy solitaire, tout aussi paumée finalement, il brossait le portrait d’une société déboussolée, entraînée bon gré mal gré dans une marche forcée vers la modernité. Aujourd’hui, s’il lui arrive volontiers de mettre…
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À l’heure où elles se multiplient, se mutinent, où les gardiens sont en grève, où la Belgique exporte ses prisonniers aux Pays-Bas, où les centres fermés croissent, et les délits d’opinions sont requalifiés en menace terroriste, le Nova se penche sur l’une des « cases noires de notre société », selon l’expression de Foucault, du 19 novembre jusqu’au 13 décembre, avec une programmation large et éclectique, intitulée « Trou de mémoire», qui présente des raretés comme Un chant d'amour de Jean Genet (1950), des classiques comme Le trou de Jacques Becker, de nombreux documentaires des quatre… Lire l'article
C’est la crise nous dit-on ! Et chacun de tressaillir face au licenciement sec. A contrario, quand on est dans une boîte qu’on aime bien, qu’on y « habite » depuis 17 années, loyal et fidèle au pose, on se sent pousser les ailes vers une promotion bien méritée. Alors, quand Jean-Bernard voit la belle occasion se présenter à lui, il s’y précipite non sans la redoutable motivation… de sa femme. Mais voilà, l’entreprise est un monde sans état d’âme, misérablement peu reconnaissant et peu psychologue en fait.
Pourtant, qu’a-t’il encore à prouver après tant d’années ? Son audace, son leadership, son…
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Quand le cinéma devient bouée salvatrice
Après un premier film autobiographique qui fit l'effet d'un ovni dans le milieu, non pas tant par sa forme que par son sujet, Sarah Moon revient au cinéma, avec une réalisation tout aussi autobiographique, cinématographiquement plus aboutie. Ne le dites pas à ma mère était la révélation d'une jeune femme qui, parallèlement à son travail d’éducatrice en psychologie, vivait, la nuit, ses expériences de stripteaseuse, amoureuse de son corps et du désir suscité. Avec ce film, elle tournait une page de sa vie pour en ouvrir une autre. Elle rencontra un homme, un chouette, ils s'aimèrent et…
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L’Oeil du Paon. Aperçu de tournage
C’est à la Cambre, à proximité des décors de ses films, que Gerlando Infuso, étudiant en dernière année, reçoit ses visiteurs. L’an passé, un tête-à-tête au sujet de Margot (Prix du Jury Jeunes à Annecy) avait laissé entrevoir les premiers plans de Milovan Circus, son quatrième film. Cette année, avant de repartir à Annecy à l’occasion de la sélection de Milovan, Gerlando Infuso déposait sa colle, et avalait un café, le temps d’une discussion autour de son nouveau projet et tout dernier film d’école, L’Oeil du Paon.
Aux abords de L’Oeil…
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Eleve Libre ou l'éthique à Jonas
Eleve libre est tout autre chose que les aventures d'un trio de libertins auquel s'ajoute un adolescent, naïf victime de la pédophilie. Propos que nous n'avons cessé d'entendre depuis la sortie de ce film surprenant sur l'apprentissage. Étonnant même car il pose des questions d'éthique tout à fait kantienne et non des questions de morale (l'éthique Kantienne propose le principe du respect de l'autre, autrement dit, on n'utilise guère une personne comme un moyen pour une fin qui ne respecte pas la sienne).
De quoi nous parle donc le quatrième film de Joachim Lafosse? Jonas (Jonas Bloquet), 16 ans, préfère le tennis…
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Qu’est la volupté elle même, sinon un moment d’attention passionnée au corps ? (Marguerite Yourcenar)Primé au Festival d’Ismailia, en Egypte, et sélectionné au festival d’Ostende, la Désinvolture a dernièrement été présenté au FIFF, à Namur, dans le cadre de la carte blanche à la boîte de production Ambiances asbl. Son auteur, Charline Lancel, artiste visuelle belge, effectue ici un exercice de style à la fois esthétique et déroutant, s’appuyant sur la simplicité et le minimalisme.
Dépouillé de toute narration intelligible comme de tout dialogue, la Désinvolture capte les mouvements d’une jeune…
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Au début des années soixante, la Belgique était un pays étouffant, marinant dans une médiocrité qui lui donnait une touche poussiéreuse digne des Scènes de la vie de province de Balzac. Regardez les photos d'époque, les gens ont les cheveux aussi ras que leurs idées, des costumes aux vestes croisées, les femmes des jupes jusqu'à mi-mollet et des chignons. Pour paraphraser le célèbre mot de Talleyrand (que Bernardo Bertolucci a placé en exergue dans Prima della revoluzione), " Ceux qui n'ont pas connu l'avant-68 ne savent pas ce qu'est la lourdeur de vivre ". Cette époque au conformisme épais comme un missel, " straight ", à… Lire l'article
Au moment où Bruxelles met à l'honneur la culture chinoise avec Europalia Chine, il est intéressant de parler d’un cinéma en marge du système de la République chinoise. Comme chez nous, celui-ci est plus proche de l'artisanat que de l'industrie, car le numérique a offert à ce pays un immense avantage. Avec une équipe réduite et mobile, les coûts de tournage, allégés, leur permettent de travailler sans les autorisations des fonctionnaires et d'éviter les censures de l'Etat. Depuis la sortie des neuf heures d'À l'ouest des rails de Wang Bing (seul avec une DV-Cam), nous avons découvert, émerveillés, cette manière de…
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En de bonnes mains
La station de métro Lemonnier, décorée en 1998 des « mains de l’espoir » imaginées par l’artiste algérien Hamsi Boubeker avait grand besoin d’une rénovation. C’est chose faite aujourd’hui, et c’est l’aventure collective de dizaines de corps de métier que nous font partager Yves Gervais et Stéphanie Meyer, avec leur documentaire Une Empreinte de la vie. Le Centre Vidéo de Bruxelles a choisi de produire ce projet qui interroge à la fois la question artistique et la question sociale. Un film à l’image de cet atelier de production qui souhaite, avant tout, donner la parole aux citoyens.
Dans la presse quotidienne, « le…
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Des films aussi vertigineux et créatifs sur l'art d'utiliser le territoire du cinéma, genre Signs & Wonders, le somptueux film de Jonathan Lassiter, on en demande davantage. Patrick Mario Bernard (plasticien et graphiste) et Pierre Trividic (vidéaste) ont réalisé un long métrage en 2003 : Dancing. Aujourd'hui, ils remettent le couvert avec l'Autre, inspiré d'une courte nouvelle d'Annie Ernaux insérée dans son livre intitulé L'Occupation (éd. Folio/Gallimard). Contrairement aux adaptations genre images cartes postales qu'on ne cesse de nous proposer, le travail formel des réalisateurs est plus fort que le récit qui leur sert de base. Les…
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Incursion intéressante dans le milieu de la science-fiction, ce court à quatre mains, présenté en compétition nationale, au FIFF, se distingue par la représentation d’un univers singulier aux influences kafkaïennes. Dans une société communautaire poussée à l’extrême, Anatole (Cédric Eeckhout) est LE lauréat de la loterie du Tiraniwen. En guise de récompense, il gagne l’immense privilège d’habiter dans un logement individuel. Déployant sa fragile constitution dans un décor froid aux couleurs artificielles et insipides, il est très vite gagné par l’ennui et commence à regretter l’impudique masse grouillante de son…
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