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Sur le tournage de KADAVRESKI

Publié le 28/03/2022 par Dimitra Bouras et Constance Pasquier / Catégorie: Tournage

En décembre 2019, alors qu'on était encore dans l'insouciance et qu'on ne parlait que de "grosse grippe", Patrice Bauduinet nous recevait dans son Bunker où il tournait avec deux de ses compères un film on ne peut plus expérimental dans sa forme!
Patrice Bauduinet, Jean-Marie Buchet et Roland Lethem se sont succédé derrière la même caméra, dans un même lieu avec les même acteurs mais pour créer chacun un bout d'histoire que les autres ne connaissent pas. Un cadavre exquis à six mains mais avec une seule et même équipe technique.

Patrice Bauduinet : Cela fait maintenant 20 ans que je travaille avec Jean-Marie Buchet et Roland Lethem, et j'avais bien envie qu'on fasse un truc ensemble. J'ai pensé à quelque chose d'amusant, qu'on n'a jamais fait au cinéma; un cadavre exquis avec nos trois personnalités, nos trois conceptions du cinéma. Quand on a décidé de le faire, on s'est mis un cadre et des règles solides pour que cela puisse donner un résultat. Il y a quatre personnages, 2 filles, 2 garçons, un décor unique, la même équipe technique avec le même chef op, et surtout la même scripte, qui elle, va veiller à ce qu'il y ait une continuité entre chaque séquence, mais avec la difficulté que moi, par exemple, je vais faire quelque chose et Roland va faire la suite. Eva Houdova, la scripte, va dire à Roland, attention tu veux utiliser cet acteur, dans le plan précédent, il était tout nu. De même, quand on amène un objet dans le décor, il faut le laisser.
L'équipe peut donner des détails mais pas sur ce que j'ai construit dans ma séquence, ni comment je suis arrivé là et comment je l'ai finie.

 

Jean-Marie Buchet : On doit tourner entre 30 secondes et 2 minutes 30 en 4 heures de temps. On doit partir d'une image que le réalisateur précédent nous a donnée et on doit donner au réalisateur suivant le contenu de notre dernière image. A parti de ça, chacun développe une scène d'un scénario qui, on l'espère, tiendra la route.

 

Roland Lethem : Il s'agit de cinéma expérimental en ce sens où c'est une expérience qui n'a jamais été tentée. On sait qu'il va y avoir plein de problèmes de cohérence de séquence en séquence, puisque personne ne sait ce que le précédent a tourné. Mais le choc de ces incohérences peut donner des éclairs de joie, de satisfaction, comme ça peut aussi tomber totalement à plat!

 

Carole Weyers, comédienne : Ce sont trois styles complètement différents, au niveau du jeu comme de la direction d'acteurs. Et on ne parle même pas des histoires! Comme comédien, nous devons veiller à faire sens avec chacune des séquences, parce que ce sont trois réalisateurs avec trois visions différentes et trois univers, assez absurdes, qui n'ont rien à voir les uns avec les autres.

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