Après une longue séquence de western, Sergio Leone va poursuivre son rêve de jeunesse sur l'Amérique en réalisant Il était une fois en Amérique, qui sera son dernier film. Non pas un film testamentaire, précise Jean-Marie Samocki, (les lecteurs de Trafic reconnaîtront la signature de l'auteur) mais bien, au contraire, un nouveau départ vers une période créative - Les 900 jours de Leningrad, film resté inachevé - qui était donc plus qu'un projet, mais qui fut interrompu par une mort inattendue et brutale.
Avant Leningrad, on parlait beaucoup dans son pays, l’Italie, de Il était une fois l'Italie, un film à partir de la vie de Garibaldi. Mais Leone…
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Jamais [synergie] ne portera aussi bien son nom que dans la décennie à venir. Ce qui est ou était la devise de la Belgique, sera la condition vitale à toute politique culturelle des arts de la scène ou cinématographiques. Le politique, et son outil, l'administration, sont conscients que sans leur soutien, la création artistique n'aurait pas de futur ni même d'existence. Formation, production et distribution resteraient à l'état embryonnaire si toute la structure déjà mise en place était encore à ériger. Toutefois, bien qu'il soit nécessaire, le travail institutionnel ne pourra être suffisant. Qui, à la place du producteur premier défenseur…
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Crise en courts
Après Bye bye caravane et Les mots de Madame Jacquot qui donnaient déjà la parole à ceux qui ne l’ont jamais, le jeune cinéaste Mathias Desmarres signe une chronique de dix minutes forte et poignante : Costume en partage. Primé au festival Media 10-10 comme Meilleur court métrage documentaire, le film s’inscrit dans la collection « Chronique de la crise » initiée par Divine productions.
En 1989, dans un documentaire bouleversant, Johan Van der Keuken achetait un costume à un garçon de café au chômage, un exclu du système faisant partie d’une catégorie que l’on appelait alors « les nouveaux pauvres ».…
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La sobriété du désert, lieu de passage sauvage, abandonné, qui se montre dans une seule couleur, celle pour le moins rigoriste du sable, une sorte de « camaïeu » couleur crème qui s'oppose à celle des vêtements féminins, des étoffes des femmes Toubou aux coloris multiples (bleu lilas ou indigo, rouge cinabre ou sanguine, violet, jaune safran ou jonquille, vert émeraude). Le vide, l'inhabité, face à la vie, cette vie bousculée en passant dans Vents de sable, Femmes de roc. La vie mode d'emploi, en somme, via les pigments coloriés de la parure, dans une caravane de femmes sur chameaux ? Espèces d'espaces, sous un soleil de plomb, dans une cour…
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Binevsa Bêrîvan, est une jeune réalisatrice ayant déjà plusieurs courts métrages à son actif. Le dernier en date, Phone Story, a été primé lors du Festival du Film Européen de Bruxelles en juillet 2010. Depuis ce film parfumé à l'eau de rose orientale s'invite dans les festivals de la planète. En novembre dernier il était présent au Festival Méditerranéen de Bruxelles. C'était l'occasion pour Cinergie de rencontrer la femme derrière la caméra.
Cinergie : Comment es-tu arrivée Belgique ? Quel est ton parcours, ta formation ?Binevsa Bêrîvan : Mon père était déjà en Belgique…
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On en parle depuis des lustres. De quoi ? D'Adèle Blanc-Sec, la série créée et dessinée par Tardi, dans une version cinématographique. Désormais, en 2010, elle existe, en salle et en DVD.
Le film réalisé par Luc Besson joue sur deux épisodes contenus dans l'album 1 (Adèle Blanc-Sec et la Bête) et l'album 4 (Les momies en folie). Adèle est interprétée par Louise Bourgoin (La fille de Monaco, le plus beau film d'Anne Fontaine dans lequel elle rivalise avec Fabrice Luchini, ni plus ni moins !) Un rôle rêvé par beaucoup de jeunes actrices que celui d'Adèle Blanc-Sec, aventurière côtoyant, au long court, le monde de la pègre…
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Peintre de miracles
Après Correspondances, un premier documentaire qui partait à la rencontre des passagers du métro de Bruxelles et de Mexico, Caroline D’hondt retourne au Mexique pour un voyage entre terre et ciel. Avec Ex-voto, elle esquisse le portrait d’un pays à travers les yeux du peintre Alfredo Vilchis Roque donnant formes et couleurs aux miracles quotidiens.
Le Mexique, malgré une stricte séparation entre l’église et l’état, reste profondément catholique. Ce catholicisme, qui a pactisé avec les croyances indiennes, forme aujourd’hui une religion particulière, entre christianisme et paganisme. Dans des églises de village, des saints indiens vêtus comme…
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Telle la photographie du petit canard jaune sorti du bain de l'enfance, le recueil de souvenirs de Josse De Pauw appelle aux souvenirs. Car, avec le canard, resurgit l'odeur du savon, les jeux dans l'eau, la mère qui s'impatiente, les vapeurs de la cuisine, la voix du père, … Seulement, les instantanés de Josse sont faits de champs de betteraves, de sous-bois en automne, de jeunes filles en uniforme, de canaux et de cochons. Entremêlés dans cet écheveau, l'homme de théâtre y a parsemé des personnages fictifs, des tableaux aux couleurs pluvieuses éclairés des malices de sa fillette Hana et de la candeur désuète de Boken, pain-beurre-cassonade, poète et philosophe, libre… Lire l'article
Illustration : Gwendoline Clossais
Toi… qui es-tu pour que je me batte pour toi ? Un pays, un frère, une sœur, un parent, un ami ? Une vocation, un engagement, une passion, une liberté ? Et si ce toi n’était que soi ? Difficile de trouver son chemin aux endroits charnières de la vie comme celui du post-ado et pré-adulte, une sorte d’entre chien et loup d’une jeunesse désenchantée, insouciante, amoureuse pour la vie, alors que la réalité sonne le glas des rêves doux-amers. Ana passe par cette délicate expérience. D’apparence douce, fragile, larguée, elle se transforme pour se transfigurer. Elle plonge dans l’état absurde du milicien…
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Musique et danse au carrefour des cultures
Cinéaste multiple et prolifique, Jacques Borzykowski sillonne Bruxelles depuis plus de vingt ans, caméra à la main, et témoigne inlassablement du travail de ceux qui vivent la culture autrement que comme un tissu d’activités consommables, formatées et médiatisées. Dans son dernier film, Le monde en scène, présenté au récent Festival du cinéma méditerranéen, il s’intéresse aux activités du Centre bruxellois d’action interculturelle (CBAI) et livre un témoignage débordant de vie qui réchauffe le cœur. De quoi nous faire du bien dans cet hiver bruxellois, précoce et glacé.
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Un art savant de l’enfance
Dans sa collection consacrée aux cinéastes belges et aux métiers du cinéma, la Cinémathèque de la Communauté française propose désormais un portrait de Jaco van Dormael réalisé par Olivier Van Malderghem. Très finement construit, ce documentaire malheureusement trop court – bouh ! même pas une heure toute ronde ! - , nous entraîne dans l’univers du réalisateur belge le plus connu, sans doute l’un des plus aimés et, depuis son dernier film, Mr Nobody, sans doute aussi, l’un des plus controversés.
Avec beaucoup d’intelligence, mêlant l’intimité d’une amitié qui les lie…
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« L’éternité, c’est long, surtout vers la fin. »
L’école d’animation La Cambre a le vent en poupe à Namur. Alors que l’année passée, la jeune Lia Bertels recevait le prix de la meilleure animation au Festival Media 10-10 pour Micro dortoir, deux élèves de la même école ont encore été récompensés cette année. Avec Condamné à vie Vincent Carretey et Hannah Letaïf ont séduit le jury avec leur humour un peu potache mais drôlement affranchi.
Après le, oh combien culte, invincible en kilt incarné, dans les années 80 par Christophe Lambert, il faut croire que l’immortalité…
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Cinéaste et producteur, un duo infernal ?
Pourquoi les films se sont-ils formatés au cadre télévisuel au point de devenir, de nos jours, aussi fades et ennuyeux dans les salles (il est vrai qu'on peut y ronfler dans la chaleur face au froid de l'hiver). Autrement dit, pourquoi sont-ils devenus aussi mauvais ?C’est aussi ce que se demandait Pauline Kael dans Chroniques américaines: « de plus en plus de producteurs ont trouvé la solution ultime mais éphémère : par sa technique et sa destination, leur cinéma est devenu de la télévision. Aucun bouleversement majeur ne semble possible aujourd'hui – tel le regain d'énergie apporté à la nouvelle…
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Melville for ever
Ce livre jazzy s'intitule Riffs pour Melville, sous la direction de Jacques Déniel et Pierre Gabaston chez – devinez, sans perdre votre Cup of tea, please. Gallimuche ? Lafontaine ? Non point. Allez, on vous le dit : Yellow now - côté cinéma, of course. Avec un titre pynchonien, genre « les Riffs de Thelonious Monk » dans Contre-jour. Oui, oui sauf que c'est Melville Jean-Pierre, le cinéaste, et non Herman, l'écrivain américain, auteur de Moby Dick. Le Samouraï est devenu le générique de tout un pan du cinéma asiatique. Le personnage solitaire, les identités pulvérisées, la manière de Jean-Pierre Melville de mélanger le…
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La stratégie du choc, le livre de Noami Klein, est débattu depuis sa parution en 2007 dans le monde anglo-saxon. Les économistes, les historiens, considèrent que le livre est aussi important que la thèse de Francis Fukuyama proclamant, in fine, la fin de l'histoire. Noami Klein nous explique qu'il vaut mieux la connaître afin (peut-être) d'arrêter de faire des guerres dont le profit ne sert qu'à quelques-uns et qui alimentent l'hybris (l'orgueil, la super puissance) de quelques autres.
Désormais, nous disposons d'un film (en DVD) de Michael Winterbottom et Mat Whitecross. En 80 minutes, les deux réalisateurs essaient de résumer le parcours historique du cancer néolibéral,…
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