Orgueil et préjugés
Maxime Pistorio nous livre ici une petite historiette bien troussée, récit de la fin d'une relation provoquée par des préjugés qui ne s'exercent pas toujours du côté que l'on croit... Et si l'on pouvait s'attendre au pire avec pour titre un jeu de mot sur lequel a dû plancher pendant des mois toute l’équipe des Grosses Têtes, il n'en est rien. Deborah est juive. Thomas est noir. Ils sont amoureux.
Afin d'introduire subtilement Thomas dans sa famille, la jeune fille a un plan : à l'approche de la bar-mitsva de son petit frère, du genre tête à claques, elle présente Thomas comme réalisateur du film…
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De l'art de voir
Quelqu’un, quelque part, se raconte. Il met sa vie en forme, en récit. Il joue de sa mémoire, revit son passé, évoque des lieux, des gens, des rencontres. Devant le regard autre d’une caméra, il se livre sans souci de pudeur, comme habité d’une nécessité de dire, de témoigner, qui le transporte et le possède.
Sous nos yeux de spectateurs fascinés, il sort du cadre étroit de l’écran, nous prend par la main et nous entraîne dans ses mots qui nous disent ce qu’il a vécu. Et nous les entendons. Nous commençons à voir.
Quelqu’un que nous ne connaissons pas, qui vit là-bas, là-bas très loin de nous,…
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Des images et des hommes
Faire des images, quelle étrange folie, quel trouble destin dans ce geste qui rappelle celui du chasseur, celui du prédateur. Un geste qui pointe une caméra comme on pointe un fusil et qui désigne, capture et fige quelque chose qui, l’instant d’avant, palpitait encore. Faire des images, c’est garder la trace de ce quelque chose qui a vécu et qui est fini, terminé, advenu.
C‘est une manière de dire, de signaler ce lent travail de la mémoire et de la mort, de la disparition et du souvenir.
Mais, c’est aussi, peut-être, au-delà de la permanence de la perte, une tentative d’habiter l’éphémère, de donner à ce goût du deuil,…
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Un arbre, deux formes. Un compte à rebours commence, les formes sont coincées dans le cadre et doivent attendre le redouté 00:00. Rapidement, nos ombres fondent une maison, un village, une ville, se multiplient, traversent les âges, toujours en craignant le décompte final. Inutile de faire un dessin : l'histoire, c'est celle, vue de manière cynique, de l'Humanité selon la Bible, tout simplement.
Membre du collectif l'Enclume, Paul Jadoul impose le même style de dessin et les mêmes sonorités électroniques que son comparse Constantin Beine pour Oedipe Carré : le film s'apparente à un clip psychédélique, dont la musique colle 100% aux images. Cependant, il y a…
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Une part d‘ombre partagée
Les gens. La vie des gens. Filmer la vie des gens. L’occuper, la parcourir, en rendre compte, pour finalement se l’approprier. Pourquoi et comment ? Ce fameux rapport à l’autre, cet instant de l’intime qui se dévoile, ce lieu du lien mais aussi de la distance, entre portrait et découverte de soi, identité et risque de se perdre, quels en sont les contours, quelles en sont les limites ? Et surtout jusqu’où peut-on aller ?
À ces questions, le dernier film de Richard Olivier, Esther forever, répond que quand on aime, il n’y a pas de limite, que l’on peut tout faire, tout entreprendre et tout montrer. Que c’est une question d’urgence, de folie et de vie,…
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On ne badine pas avec l’amour
Six ans qu’on l’attendait, le nouveau film de Benoît Feroumont. Et, surprise, ce bédéiste qu’on croyait définitivement accroché au dessin animé nous sort un film tout en images de synthèse, sans rien sacrifier des qualités qu’on avait pu apprécier sur Madame O’Hara ou sur Bzz notamment : une préparation minutieuse, un grand souci du détail, un sens du rythme affirmé et un humour roboratif, sans oublier la touche sentimentale avec lequel il met définitivement le public dans sa poche.
Dans un château médiéval, un ménestrel s’est introduit avec l’intention de séduire la princesse qui…
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De la pluralité des mondes habitéUne pensée sauvage, le dernier film documentaire de Karine de Villers est un attachant portrait de l’ethnologue et cinéaste belge Luc de Heusch. Entre dérive philosophique et leçon de cinéma, méditation sur l’altérité et recherche d’une parole universelle, il nous entraîne sur les traces d‘un homme de terrain doublé d’un théoricien non dépourvu d’humour qui, en un long retour sur lui-même, livre quelques clés pour pénétrer une pensée dont l'éclectisme déroute et étonne. Car Luc de Heusch est avant tout un passeur de mondes, un témoin de la diversité qui,…
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En chanté, en chantant
Aventures au cinéma l’Aventure où, il y a quelques jours, Isabelle Wuilmart présentait ses films super 8 lors d‘une séance à l'ambiance agréablement déjantée.
Pratiquant l’autoproduction à la marge de la marge, tournant avec des bouts de ficelles et de nombreux amis, inventant le cinéma à chaque plan et le vivant comme une nécessité, Isabelle Wuilmart construit une œuvre étrange et belle où l’acte de filmer retrouve cette simplicité des premiers temps du muet.
Avec un sens aigu du récit doublé d’un amour joyeux pour le ludique et le loufoque, elle nous raconte des histoires improbables, mélangeant…
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Paf le Kong
Présenté cette année dans la rétrospective belge de Clermont-Ferrand, Kong aan zee est revenu en festival. Réalisé par Fedrik De Beul et produit par une toute jeune maison, Primo Piano Productions, ce court est l’adaptation libre de la nouvelle « Kong à la plage » d’Arnold Zweig, ce romancier allemand qui aurait bien aimé signer la biographie de son ami Freud.
Le film s’ouvre sur les notes de Wim Mertens et les oui/non d’un couple envisageant l’idée de déménager. À l’image et au loin, leur fils joue sur la plage avec son chien, Kong. Au lieu d’attraper la baballe simplette qui lui est destinée, celui-ci…
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Adaptation du roman éponyme de Francis Zamponi, Mon colonel relate la guerre d’Algérie à travers le regard et les mots de Guy Rossi (Robinson Stévenin), un jeune licencié en droit volontaire pour servir sous le drapeau français en 1956. Aide de camp du Colonel Duplan (Olivier Gourmet) à Saint-Arnaud (Est Algérien), il doit étudier la latitude qu’offrent les pouvoirs spéciaux votés à l’unanimité par l’Assemblée Nationale. Rossi, charmant dans son uniforme, devient très vite mal à l’aise dans celui-ci : les exactions de l’armée apparaissent, et la définition de la justice devient élastique…
Origines
Laurent…
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Pouvoir se dire qu'on s'aime…
La vie est ainsi faite : on se rencontre, on s'aime, on entame une relation, une vie commune. Et le temps passe. Avec lui, s'installent l'habitude, la routine. Les codes de communication que l'on établit entre soi prennent le dessus sur la véritable parole qui, petit à petit, disparaît. Et un jour, survient un événement : un accident, un décès,… qui remet les personnes face à face. Et se posent alors les questions cruciales.
Qu’est devenu ce grand amour progressivement estompé par les réalités du quotidien ? Que faire encore quand les mots pour se dire qu’on s’aime apparaissent comme vides de sens ? Jusqu’où…
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Là-bas doit son origine à une situation non choisie par sa réalisatrice : son producteur de docus, Xavier Carniaux, lui demande un jour de faire un film sur Israël : « On ne comprend rien à ce qui se passe. C’est de toi qu’on attend quelque chose. » Akerman, elle, hésite : elle sent qu’il n’y a pas de neutralité possible sur ce sujet, qu'il est trop intime et qu’il n’y a rien à espérer d’elle. Elle se sent inhibée car elle n’a pas envie de commenter le conflit ni de prendre parti. En général, elle évoque son histoire et celle des juifs à travers des trucs, des images ou des détours car oui, la distance… Lire l'article
Depuis 1987, Les Films de la Mémoire se sont attachés à l’histoire en produisant des documentaires sur l’exil (Rhodes Nostalgie, Survivre à Shanghai, la Photo déchirée), les enfants cachés (D’Auschwitz à Jérusalem), la résistance (l’Espoir pour mémoire, Un Simple Maillon, la Mission de Victor Martin, Heim Ins Reich), la musique yiddish (Concert Yiddish Soul, Yiddish Soul). Leur catalogue recense aussi du comestible (Chocolat mon amour, la boîte à tartines), du buvable (Robert Fortune : le voleur de thé, les Routes du Thé), du portrait (Siegi Hirtsch, artisan des relations humaines) et de l’inclassable (la bande dessinée a 100 ans).
À la…
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Brod Ludaka est l’histoire poignante de Vedran, un musicien célèbre qui se réfugie dans la musique pour tenter d'oublier la guerre. À Sarajevo en 1992, Vedran vit avec sa famille dans une cave, au milieu des ruines et des dangers, mais séparé de sa femme, bloquée dans une autre partie de la ville. Apprenant que sa fille est enceinte, il va tout tenter afin qu’elle et son fiancé puissent s’unir dans une église de la vieille ville et ainsi leur offrir un mariage digne de ce nom. Par l’aide d’un intermédiaire, il négocie un couvre-feu avec un officier français. Au moment venu, il se dirige avec sa famille vers l’église….Avec Brod Ludaka, le jeune réalisateur Matthias…
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Bernard est un second rôle inutile dans sa propre vie. Et les seconds rôles au cinéma, disparaissent souvent sans explications... Bernard et Françoise, un vieux couple à l’existence morne et grise, passent le plus clair de leur temps affalés distraitement devant le poste de télévision. Un vrai couple moderne en somme...
Comme jusqu’ici, leur histoire ne mérite pas un film, un jour, un coup de téléphone vient perturber le quotidien du couple ! Bernard décroche. On lui demande de passer sa femme. Françoise prend l’appel et on lui annonce la nouvelle : Bernard a disparu ! Et malgré les véhémentes protestations de ce dernier (« Mais Mimine,…
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