Odyssée de l’enfance
À lire l’épopée de la sortie de Mr Nobody, la naissance de ce film aura donc eu lieu aux forceps. Or, ce projet hors normes, en gestation depuis si longtemps, avait besoin d’espace pour s’épanouir sur les écrans de cinéma. Ce Mr Nobody, auquel a été rajouté plus d’un quart d’heure, a pris l’ampleur qu’il lui manquait pour s’alanguir confortablement sur les écrans qui le tenaient jusqu’alors trop à l’étroit.
« Quand je s’rai grand, j’serai… »
Dans une ville totalement futuriste, en 2092, le dernier des mortels tente de raconter sa vie. Ici, de nos jours,…
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La tache…
Qu’est-ce qu’une tache ? Dans Mea Culpa, la tache est, aux premières images du film, cette tache de sang qui se répand lorsqu’un homme est fusillé contre un mur. Mais c’est aussi le travail auquel s’emploie un peintre officiel dans un univers très inspiré de la Russie stalinienne. C’est, évidemment, la couleur qu’il utilise. Rouge. Enfin, il y a ce qui tache les mains et l’âme...
Dans un atelier voué à représenter l’image du pouvoir totalitaire en place, un peintre a rendez-vous avec ce qui le hante. Plongées et contre-plongées pèsent et absorbent les personnages. Dessinés en 2D, aux contours légers et simples,…
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Sous la terre, la terreur
Trente cinq ans après la mort de Francisco Franco, chef d’un gouvernement autoritaire et dictatorial, l’Espagne n’en a pas terminé avec son passé. Alors que dans les villes et sur les chemins souffle aujourd’hui un vent de liberté démocratique, le sol, lui, dissimule les restes de ceux qui osèrent s’opposer à son régime, ceux aussi qui se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Comment vivre sereinement lorsque, sous ses pieds, craquent les os de milliers de victimes ?
Quelques chiffres : 3 millions de personnes fichées, 400 000 personnes emprisonnées, 100 000 condamnées aux travaux forcés, 60 000 personnes exécutées. C’est…
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Guillaume Richard est le Premier lauréat du Concours des Jeunes critiques organisé par cinergie.be, La Libre Culture, Wallonie-Bruxelles International, le Centre du cinéma de la Communauté française et Cannes cinéma. Son texte sur les Barons de Nabil Ben Yadir.
Le succès récent du premier film de Nabil Ben Yadir, Les Barons, mérite, quelques mois après sa sortie triomphale, un nouvel éclairage. Entre l’étirement des zygomatiques et les revendications politiques sous-jacentes, le film se pose plus que jamais comme le miroir de questions à la fois politiques (la place de la communauté marocaine en Belgique) et cinématographiques (la place de la comédie dans le cinéma…
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Et le verbe devint film
Les Films rêvés, le dernier opus d’Eric Pauwels, est sans aucun doute son film le plus ambitieux et le plus abouti. Invention cinématographique fascinante et essentielle, il dépasse, et de loin, la simple notion d’universel pour nous plonger tout cru, tout vivant dans une aventure qui ne nous lâchera plus. Expérience irréversible, rite de possession à même la peau de nos songes, Les Films rêvés est une histoire qui ne pouvait qu’être un film.
Les Films rêvés, c’est l’histoire d’un homme qui se retire dans la petite maison au fond de son jardin. Au gré des saisons, avec le temps qui passe, il s’abandonne…
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Avec Vis-à-vis, Fred De Loof signe un court métrage à l'humour décalé et réaliste qui montre comment la vie peut être ennuyante. Ennuyante, au point de trouver chacun des faits et gestes de son voisin énervant, très intéressant. Que c'est drôle de regarder, comme un voyeur, la vie des autres, de la jalouser, si fort qu'à un moment on se rend soi-même malheureux.
« - Pffff, qu'est ce que c'est long les journées... - Ben, c'est parce que tu fous rien hein... - Comment ça je fous rien ?! C'est pas d'ma faute à moi, c'est la société ! Moi j'aimerais bien en avoir des choses à faire...! ».
Olivier…
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Drame de famille
Un projet. Revenir sur les lieux de son enfance, revenir sur les lieux d’un drame familial qui touche au plus profond. Refaire l’épreuve d’un passé douloureux en y confrontant ceux pour qui la mémoire reste comme une plaie vive. Puis, en un lent mouvement d’apaisement, tenter d’en faire le récit, sorte d’exorcisme en quête de rédemption, où ce qui restait incompréhensible s’éclaire progressivement comme se révèlent les secrets et les non-dits d’une émotion trop grande.
Le film documentaire de Clémence Hébert, Le bateau du père, tient tout entier dans cette proposition qui conjugue épreuve et exorcisme. Emportant avec…
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Phagocyte : cellule possédant la propriété d'englober et de détruire diverses particules étrangères en les digérant.
Envoyée dans une ambiance angoissante, la musique se fait lourde et pesante. C'est un cauchemar dans lequel on s'empêtre, soumis à un réveil difficile. Partagé entre horreur et sensualité, le thème du double est abordé de manière malsaine et admirable. La solitude est ennemie, la dualité aussi. Ces deux sœurs vivent dans la dépendance, elles respirent et vivent par le souffle qu'elles se procurent. Elles s'épuisent, s'asphyxient, perdent leur équilibre comme si elles étaient à bout…
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Moderne servitude
Un lieu, un lieu unique, une école, quelque part en Indonésie, sur l’île de Java. Une école parmi d’autres où des femmes enseignent à d’autres femmes plus jeunes comment servir et obéir à des maîtres. Autrement dit, comment, au plus près de la servitude, devenir des bonnes à tout faire, taillables et corvéables à merci, futures marchandises humaines vouées à l’exportation vers les nantis des émirats du golfe, de Taiwan ou d’ailleurs. Autour de l’école, quelques hommes, sorte d’agents spécialisés en force de travail servile, entreprennent et conseillent ces jeunes femmes, leur faisant miroiter des salaires…
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Bon pied, bon œil
Presque rien en somme... de toutes petites choses, posées là, simplement. Un dessin, dépouillé, un homme au parapluie, un chien et quelques rues... du vent, beaucoup de vent, et avec un brin de folie, hop, c'est parti pour l'aventure !
Avec l'avancée fulgurante des nouvelles technologies, le film d'animation n'en finit pas de nous surprendre. L'image de synthèse, un peu froide à ses débuts, est devenue irréprochable et permet des prouesses qui, souvent, laissent sans voix. Pourtant, la 2D n’a pas dit son dernier mot. Pour preuve, Disney, avec La princesse et la grenouille retourne à ses anciennes amours, et montre que la technique classique a encore des choses…
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Grise mine, le court métrage de fin d'études de Rémi Vandenitte a marqué les esprits des jurys du Festival Anima. Deux prix ont été décernés à cet étudiant fraîchement sorti de la Cambre, le Grand Prix de la Communauté française du meilleur court métrage et notre Prix Cinergie.
Le travail de la mine a laissé son empreinte. Ses éboulements, sa violence quotidienne et ses coups de grisou résonnent encore dans les mémoires, et si les images semblent appartenir au passé, le souvenir et les traces laissées sont encore vivaces. Deux courts métrages belges d’animation se sont emparés du sujet. Mémoire fossile d’Anne-Laure…
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Dormir pour mieux sentir
L'échassier qui danse dans le vent, sur l'affiche des Dormants, est le rêve d'une femme amoureuse endormie dans l'attente du retour de son bien-aimé. Son désir d'éternité l'a transformée en un épouvantail gracieux, d'une beauté enchanteresse.
Le récit de Pierre-Yves Vandeweerd caresse cet invisible état d'entre-deux et nous emporte dans sa quête du monde dans lequel se réfugient ceux qui se trouvent à la frontière de la vie. Pour l'atteindre, le réalisateur propose d'entrer dans un état de contemplation, dans un rythme hors du temps, où le regard se plisse sur des icônes rarement…
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Tout en contraste
Pour son premier long métrage de fiction, Bernard Bellefroid n'a pas choisi la facilité. Au cœur de la Régate, on trouve la violence familiale, plus précisément celle qui règne entre un père et son fils avec, en filigrane, de douloureuses questions : Qu’est-ce qui fait qu’on accepte de rester dans une relation de cette nature ? Comment sortir de ce rapport pervers à l’autre ? Comment vivre, grandir avec ce poids sur les épaules ? Avec ces ingrédients, là où tout autre que lui aurait accouché d’un film mortifère et étouffant, Bernard Bellefroid nous propose une œuvre éclaboussée de soleil, une ode…
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Urbaine solitude
Le dispositif qui préside à la réalisation du premier film documentaire d’Eric Smeesters est, au premier abord, simple et empreint d’une certaine innocence. Pendant un an, le réalisateur a planté sa caméra dans un lieu public particulièrement fréquenté dans le centre de Bruxelles et, comme il le dit au début de son film, a sauté dans le vide. Il a filmé. De jour comme de nuit, sans calendrier préconçu, il a filmé dans la foule des grands jours comme dans l’isolement de la nuit profonde. Il a filmé des hommes et des femmes seuls, déambulant, s’arrêtant ou restant assis sur un banc, comme à la marge de la foule, à…
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Quelques grammes de douceur dans un monde de brutes
Tarte au sucre ou mousse au chocolat ? Religieuse ou éclair au moka ? Devant la vitrine de la pâtisserie, les regards s’illuminent, les dents se mordent les lèvres, les jambes gigotent : choix délicat. Le verbe vouloir et pouvoir s’affrontent dans une lutte féroce. Les réalisateurs Anne Deligne et Daniel De Valck ont promené leur caméra sur les gourmands d’ici et d’ailleurs pour nous inviter à un Un moment de douceur. Quoi de mieux qu’une sucrerie pour délier les langues ?
Il y a quelques années, un article paru dans le très sérieux quotidien Le Monde, comparait le degré de toxicité…
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