Pour la troisième fois, la Fédération Wallonie-Bruxelles dresse l’état des lieux d’une décennie de cinéma belge francophone. Le livre qui en résulte est un catalogue, un ouvrage de référence pour les journalistes, les chercheurs et les cinéphiles avertis dans toute la francophonie, mais il se veut d'abord un volume agréable et facile à consulter. C’est un extraordinaire témoin de l’essor de notre cinéma au cours de la première décennie du XXIe siècle. Pensez ! Le premier recueil, consacré aux années 80, publié en 1991 inventoriait 57 films. Le second, consacré aux années 90, contenait 114 films, tandis que le présent… Lire l'article
Dans les cimes de l'hôtel Métropole, dans un couloir discret, plusieurs chambres ont été mises à la disposition de visiteurs peu conventionnels. Dans l'une d'elle, le lit a été rabattu, des plastiques de protection collés au sol, une table de régie installée, café, thé, biscuits et chocolats à volonté. Oui, nous sommes bien arrivés sur un plateau de tournage. Petit à petit, l'équipe arrive : la première assistante, comme son titre l'indique, est la première arrivée. L'atmosphère de fin de tournage s'insinuant dans l'équipe, elle prend tout de suite son rôle d’une main ferme. Ce qui nous… Lire l'article
De plus en plus - c’est une mode dans les grandes villes - il faut s’inscrire dans le créneau horaire du propriétaire ou de l’agence pour visiter un appartement. Au même moment, des couples (exit les personnes seules en général) font la file et, à la queue leu leu, traversent les pièces leur dossier avec fiches de salaire sous le bras en cas d’intérêt, pour être les premiers à signer, garanties à l’appui. Premiers arrivés, premiers servis. Refrain connu. Dans l’attente de cette visite planifiée, Adrien attend Tess, en haut d’un escalator de métro. Il trépigne, visiblement agacé.
Agacé, il le sera encore lorsque, dans l’appartement…
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Un entretien avec Ursula Meier ne se passe pas dans la routine habituelle d'un hôtel. Elle aime trop les sentiers autour des grands boulevards pour qu'on ne lui propose pas de circuler dans ceux du jardin Botanique, à Bruxelles, et de s'arrêter sur un banc autour du tropisme des plantes que l'on voit peu dans les villes modernes. De noir vêtue, son paradigme, elle nous parle de l'argent (pas seulement chez Robert Bresson) lequel circule de plus en plus vite, du cinéma (Freddy Murer, Alain Tanner, John Cassavetes) et de qui donc ? De Voltaire, et de son tunnel secret pour aller en Suisse. Questions réponses pour Cinergie.
Cinergie : Pourquoi avoir intitulé ton film L’Enfant d’en haut quand ton histoire est tellement…
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C’est au FIFF que nous avions découvert L’été de Giacomo avec émerveillement. Alors que Le P’tit Ciné, avec Filmer à tout prix, programmait le film à Bruxelles, à l’Arenberg jusqu’à sa fermeture (désespérante) et que d’autres projections devraient avoir lieu en Wallonie, nous avons rencontré Alessandro Comodin à Bruxelles où il était de passage pour présenter son film. Ce fut une longue discussion en plein air, sous les volutes de nos cigarettes, à bâtons rompus… Où il est fait mention de Pasolini, du numérique, du documentaire et de la fiction, du présent, du passé, de l’Italie et… Lire l'article
En quelques années, s'est jouée en Europe, sur le modèle américain, une transformation majeure dans le monde de la projection du cinéma en salle, la numérisation du parc annonçant même la fin de la bobine 35mm. Cette évolution apporte, par définition, son lot de changements et le passage d'un support qui a été l'unique référence pendant près de cent ans à un autre, suscite nombre de questions à la fois culturelles, artistiques (1), économiques, et 'pataphysiques. Cette première partie s’attellera à déterminer les acteurs de la numérisation et à comprendre certains des systèmes mis en place par ceux-ci.
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Depuis un certain temps déjà, au sein du programme pédagogique français École et cinéma de l'association Les enfants de cinéma, naissent, sur des films donnés, des Cahiers de notes. Dans le cas présent, c'est Hervé Joubert-Laurencin, passionné de Bazin et Pasolini, professeur de cinéma et essayiste qui en est l'auteur. En alliant école et cinéma Les Enfants de Cinéma vise à sensibiliser les jeunes au septième art en les emmenant voir des films de qualité et en échangeant ensuite avec eux. Les cahiers étaient jusqu'alors réservés aux enseignants et élèves de l'école primaire en France. Edité… Lire l'article
Hors piste
Depuis ses premiers films, Ursula Meier met la famille au cœur de son cinéma. Elle filme des personnages bouleversants et bouleversés, au bord de folies que seules les très grandes proximités affectives permettent de cerner. Ses films, à la fois réalistes et épurés, s’en vont avec leurs personnages frôler les failles qu’ils tentent de mettre à jour. Il y a du Cassavetes dans ce cinéma-là, toujours en mouvement, en chairs et en fissures, en désirs et en débordements. Mais L’enfant d’en haut va un peu plus loin, réussissant le pari d’une étonnante hybridation, quand, s’épurant encore, il se baigne parfois de la lumière…
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La spirale du temps dans l'énigme de la subjectivité d'une vie est le sujet de Poulet aux prunes de Marjane Satrapi.
Nasser Ali, en deuil d'un violon (un Stradivarius), décide de s'éclipser d'une terre dans laquelle il ne retrouve pas le sel de la vie. Après sa mort, nous allons reconstituer sa vie et celle de sa progéniture. Ce conte persan a été dessiné, au préalable, par Marjane Satrapi, en noir et blanc.
La version cinéma, en couleur, a été adaptée à l'écran, filmée et animée, par le duo de Persepolis : Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. Davantage que dans les cases de la BD, la mise en scène elliptique…
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Le délire de deux couples qui s'affrontent. Tout ça pourquoi ? Parce que Zachary et Ethan, leurs enfants, se sont bagarrés (l'un dénonçant l'autre et celui-ci, en représailles, le frappant avec un bâton). Régler un conflit à l'amiable ressemble à un compromis à la Belge. Sauf que cela dure 90 minutes et pas un an dans un zigzag permanent. Roman Polanski a réalisé un film tiré d'une pièce de théâtre de Yasmina Reza (Le Dieu du Carnage). Il le situe dans un appartement de la classe moyenne supérieure de New York plutôt qu'à Paris. Un endroit ultramoderne, fonctionnel, hygiénique, avec des personnages up to date qui s'intéressent… Lire l'article
Dans des couleurs bleu glaçon, Steve McQueen nous entraîne au cœur de la solitude et de la misère existentielles avec son second et dernier long métrage, Shame. Mais Steve McQueen n’est pas Lars von Trier, il ne joue pas avec ses personnages comme un ichtyologiste penché sur son bocal à poissons. Le bocal, il y plonge et nous y plonge, en apnée souvent, en apesanteur surtout.
Brandon (Michael Fassbinder) est un bel homme, dans la force de l’âge. Il navigue entre son bureau new yorkais ouvert à tous et un appartement bien clos, « épuré », c’est-à-dire vide, dans lequel il mange seul sur le pouce, dort seul, et mate des vidéos pornos sur Internet… seul.…
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Certains films se font après une commande, d'autres par intérêt pour le sujet, d'autres encore par hasard, au détour d'une rencontre. Lorsqu'on s'attaque à une personnalité du monde artistique, c'est souvent la création ou l'acte créatif qui motive le réalisateur. Ce n'est pas le cas pour Klaartje Quirijns qui a, quant à elle, suivi une démarche labyrinthique pour conclure son film sur l'artiste Anton Corbijn.
Juriste de formation, Klaartje Quirijns a réalisé plusieurs documentaires d'investigation à teneur politique dont Brooklyn Connection, sur les pas de Florin Krasniqi, Kosovar immigré aux Etats-Unis qui organisa de bout en bout…
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Tapis rouge pour les films issus de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Cannes. Grande joie du côté des responsables administratifs et politiques, presque aussi grande que celle des réalisateurs et producteurs. Le film qui aura fait le plus parler de lui avant de le voir est, sans aucun doute, La Tête la première de la jeune Amélie van Elmbt. Et pour cause, aucun producteur ne voulant le soutenir, il a été réalisé sur fonds propres. Est-ce parce que c'est une histoire d'amour ou parce que l'amour n'a pas l'air d'y vouloir respecter les règles ? Un autre film qui a déjà fait couler beaucoup d'encre est celui de Joachim Lafosse, À perdre la…
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Avant que le Festival de Cannes ne propulse, dans le capital de la visibilité, le cinéma belge grâce à Jaco Van Dormael et les frères Dardenne, le cinéma de Belgique existait déjà, mais plus discrètement. Il s'agissait d'un petit commerce, ou plutôt d'un artisanat très vivant. Dans les années soixante, Lucien Deroisy, Jean Delire, Paul Meyer, Luc de Heusch et quelques autres présentaient aux spectateurs attentifs et curieux leurs longs métrages dans nos salles de cinéma. S'inspirant de l'élan et d'un certain bricolage de la Nouvelle Vague (réaliser des films avec peu de moyens), la plupart d'entre eux se servaient de la pellicule en noir…
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