I.A.D. promotion 1998
Ram-Dam se présente sous la forme peu habituelle d'un pilote de projet d'émission de télévision pour enfants. Longtemps snobée par la critique et opposée au cinéma sur pélicule seul digne d'intérêt, la télévision, de par la quantité de sa production propose tant de postes de travail, qu'il est normal de voir des étudiants en réalisation s'y intéresser avec vigueur.
Ram-Dam joue donc ouvertement la carte de la réalisation télé avec plusieurs caméras et nous propose un programme centré sur des séquences de bricolage musical. Les enfants invités à l'émission participent…
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A Bokrijk, dans les sous-bois du domaine, deux HMI en réflexion sur une toile blanche renvoient une lumière diffuse et débouchent la pénombre. Walter Van den Eynde, le directeur photo du film, place un HMI à l'arrière-plan pour donner l'impression qu'un rayon de soleil transperce la cime des arbres et illumine une clairière. Une Arriflex 35 posée sur une Dolly parcourt dix mètres en marche arrière en suivant un paysan sans âge qui chemine à coté d'une charrette à bras tirée par un bouvier des flandres, fourbu.Le poil noir de celui-ci absorbe les coups de lanière de son maître.
Soudain épuisé, le chien s'effondre tandis que son maître…
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Volt-Face
Eric Waldmann n'est pas à proprement parler une fée électricité. Carrure de rugbyman, bouc de Méphistophélès branché, visage taillé au format 1:33, cet homme de terrain est depuis vingt ans chef électro pour le cinéma, la télévision et le film publicitaire. Partenaire indispensable du directeur photo, il est celui sans lequel bien des plans de cinéma ressembleraient au film de Marguerite Duras, L'Homme Atlantique : un écran noir, irrémédiablement noir. Ou presque.
Cinergie : Vous avez une formation de graphiste, ce qui semble pour le moins contraire à une carrière de chef électro...Eric Waldmann : Je suis sorti…
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Ce que je cache par mon langage, mon corps le dit... Mon corps est un enfant entêté, mon langage est un adulte très civilisé. Roland Barthes
Nous sommes au Château de la Solitude, une demeure que fit construire en 1913 Marie, Ludmille, Rose, duchesse de Croÿ, princesse et duchesse d'Arenberg, pour s'y retirer après la mort du prince Baudouin, neveu de Léopold II, avec qui elle entretenait semble-t-il une liaison. Il était fatal qu'un tel lieu chargé d'histoire, de fiction et de mélancolie serve les besoins de la dramaturgie cinématographique.
Aujourd'hui, en ce jour de début juin, on y tourne une comédie dramatique.Deux femmes, face à une Arriflex 16 SR3 posée…
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Il est minuit Monsieur Schweitzer
Le dernier film de Jan Bucquoy, Fermeture de l'usine Renault à Vilvoorde, présenté comme le troisième volet de la Vie sexuelle des Belges, est aussi pétaradant et vivifiant que la plus gloupitante tarte à la crème de Noël Godin. Et pourtant le sujet du film n'incite guère à la rigolade puisqu'il nous montre une fois de plus une défaite de la classe ouvrière et l'amer brouillard des lendemains qui déchantent.
C'est filmé trash, monté clash et ça fait mouche bien souvent pour notre plus grand plaisir car Bucquoy ne fait pas dans le détail. Il va à l'urgence, à cette rage d'aujourd'hui, à…
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Fusion et effusion
Dans un premier court métrage assez étonnant, le Songe d'Isaac, Ursula Meier filmait les derniers moments d'Isaac. Au seuil de la mort, celui-ci se revoit au chevet de sa mère mourante grâce au toucher d'une infirmière qui lave sa peau avec une douceur semblable à une caresse. C'est le retour foetal, le rêve fusionnel, la chaleur maternelle contre le froid de la mort. Pas un mot : la musique des gestes et des regards, on est dans un songe éveillé. Le film avouait clairement ses références: Bergman et Tarkovski.
La réalisatrice vient d'achever Des heures sans sommeil (ex-Flux et reflux), un film de 34 minutes produit par l'AJC.
Le sujet tourne autour des relations…
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Amours singulières
Des amis, une caméra, du temps pour être ensemble : le cinéma. C'est aussi simple que cela. Cinéma artisanal, cinéma sans budget, Histoires d'amour de Yaël André naît d'une simplicité aussi lumineuse et s'y love, l'habite et s'en nourrit jusqu'au plaisir.
Yaël André a demandé à quelques-uns de ses amis de raconter, face à la caméra, l'histoire d'une déclaration d'amour qui leur était personnelle et touchait à l'intime d'une émotion. Et elle a joué son cinéma entre cette intimité d'une déclaration d'amour passée et l'intimité…
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Le ciel sur la tête
Lorsque Alain Berliner sollicite les subsides des communautés francophones et flamandes, il ne s'attend sans doute pas à ça. Après un accueil critique et public triomphal à Cannes pour Ma vie en rose, le réalisateur s'entend répondre que le conflit linguistique, thème surligné de son projet, n'existe pas... C'est donc à Arte et à des producteurs français éberlués que le réalisateur tenta d'expliquer ce qui se passait ici, dans le pays du surréalisme, où l'absurdité semble normalité ! Drôle d'histoire belge ! Excusez le pléonasme ! Ceci n'est pas une frite
De surréalisme,…
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Danse avec les pistes
Grand manitou du potentiomètre, Philippe Baudhuin est responsable du mixage de Daens, de Combat de fauves, ou encore de la Promesse pour ne citer que quelques titres belges parmi la vingtaine de longs métrages auxquels il a collaboré ces dernières années. Avec l'aide de son comparse, Thomas Gauder, il orchestre musique, ambiance ou dialogues pour donner à chaque oeuvre son "équilibre sonore". Entretien à la buvette du studio l'Équipe, Q.G. bruxellois de la profession.
Habillage
Cinergie : Le mixage, techniquement, c'est quoi ?Philippe Baudhuin : Le mixage consiste à mélanger et à doser les différents sons qui accompagnent et "habillent"…
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Nous sommes à l'entrée des Urgences de la Clinique Sainte Thérèse, à Luxembourg-Ville où se tourne depuis plus d'un mois Pourquoi se marier le jour de la fin du monde, le second long métrage d'Harry Cleven. Derrière un comptoir, une infirmière (Sabrina Leurquin) consulte ses fiches. Gaspard (Jean-Henri Compère) surgit et lui demande le registre. "Vous êtes la deuxième personne à me demander ça !" lui dit-elle. Il insiste : "C'est vraiment très important pour moi !" L'infirmière hoche la tête : "Je suis désolé, Gaspard !" Celui-ci supplie du regard l'infirmière qui demeure inflexible : "Je regrette, Gaspard, il faut savoir dire… Lire l'article
Sandrine Willems aime son chien Balthazar. Triste et lasse de lui parler autant sans jamais avoir droit à un retour, elle lui donne la parole et lui dédie La Tendresse sur pattes, un court métrage mignon et attachant comme un clebs, que les pensées canines traversent de part en part.
Alors voilà. Boule de poils décide de se faire adopter par une jeune femme qu'il semble espionner depuis quelques jours. "Albertine, c'est donc ainsi qu'elle s'appelle ! Comment lui faire comprendre que je serai son Albert !" Têtue comme un âne, la bébette parvient à s'immiscer dans la vie de la Belle qui vient de claquer la porte de son sale boulot. Et la romance commence alors, douce, en couleurs... Le plein de tendresse…
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La voie cassée
Fin des années quatre-vingt. Tout ce qui vient de l'Est fait l'objet d'une sorte d'engouement. Depuis une Bulgarie sous l'emprise d'un communisme sévère, d'étranges voix féminines s'élèvent jusqu'aux cieux. Cristallines, transcendantes, fascinantes. On parla bientôt du "mystère des voix bulgares", dont la renommée allait très vite s'étendre aux quatre coins du globe.
C'est toutefois à Sofia même que, au début de l'année 1995, le réalisateur de télévision et journaliste culturel Philippe Cornet (Rapido, Cargo de Nuit, Intérieur Nuit, Rolling Stone...) assiste à une…
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Beethoven est sourd. Il compose ses derniers quatuors. Il est en train de mourir. Ses proches, des hommes pour la plupart, communiquent avec lui au jour le jour, par petites notes écrites dans des cahiers. Rien que de très banal. Ces cahiers, Ana Torfs les a lus et relus pour en extraire ce qui va devenir la matière de son film. Car derrière la banalité de ces conversations dont nous ne connaissons qu'un interlocuteur, celui qui écrit, Ana Torfs devine des histoires qui charrient des émotions fortes, essentielles, des histoires de passion, de création, de mort.
Pour révéler cette part cachée des cahiers, elle construit son film autour de l'absence de celui qui est sourd, qui meurt et disparaît.
Elle…
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Après la sortie des Chemins de l'autonomie en 1992, vidéo de 25', suivie de Au fil des relations, 1994, 45' et de Corps, accords, désaccords, 1996, 40', le Centre Vidéo de Bruxelles asbl, le Fraje asbl (centre de Formation et de Recherche dans les milieux d'Accueil du Jeune Enfant), Question Santé asbl et Respect asbl viennent de sortir leur quatrième production Y'a pas honte, une vidéo de 70'.
La première réalisation, les Chemins de l'autonomie, montre des futurs parents, pour la plupart, qui témoignent des changements que provoque au sein de leur couple la venue d'un enfant. Quant au deuxième film, Au fil des relations, elle est consacrée aux adolescents et à…
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Rock and roll
Cinéaste, musicien et écrivain, François-Jacques Ossang naît en 1956 et passe sa jeunesse à Toulouse où très vite il devient un assidu de la cinémathèque. Dans le cadre du Festival International du Film Fantastique, le Cinéma Nova présentait une rétrospective des films du réalisateur français F.J. Ossang. Au fil des projections, il découvre les réalistes allemands, les films russes révolutionnaires ainsi qu'une grande quantité de films de la Nouvelle Vague. Il décide en 1976 de fonder Cee, une revue littéraire vouée à l'expression des formes les plus extrêmes de l'écriture contemporaine.
En 1980…
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