Laurent Lucas est un peu le chouchou du cinéma d'auteur français (Bertrand Bonello, Arnaud des Pallières, Pascal Bonitzer ou encore Dominik Moll). Depuis qu'il est descendu des planches de théâtre en 1994 pour aller se balader sur son premier plateau de cinéma, il n'a plus cessé de tourner. Sans pour autant être ce qu'on appelle une "vedette", il a aujourd'hui à son actif près d'une trentaine de longs métrages.
En Belgique, on l'a vu récemment dans le premier long de Fabrice du Welz, Calvaire, devenu la poupée d'un Jacky Berroyer totalement allumé. Le revoilà, en soutane, sur le plateau de tournage du Prince de ce monde, le premier long métrage…
Lire l'article
Un café qui coule, une femme en flou qui prépare un plateau de service… Le ton est donné. Chaque son, chaque détail, en net ou en flou, engage le spectateur dans un histoire à cran.
La serveuse sert un client au regard…disons…pénétrant. Il est seul dans le fameux café Santos Palace. Derrière son bar, la serveuse se met pieds nus. Sûrement comme d’habitude, elle répète des gestes routiniers. S’installe alors une orchestration pointilleuse de tintements de verres et de bruissements du cuir de l’homme, accompagnés par instants des regards en coin ou de front soutenus ou fuyants des deux protagonistes. Des couteaux traînent. Une chanson transperce le silence.…
Lire l'article
Le Prince de ce monde de Manu Gomez
Lundi 13 novembre 2006, un pâle soleil d’après-midi éclaire doucement l’imposant bâtiment de l’Académie de dessin et des arts visuels de Molenbeek. Nous y rejoignons Manu Gomez et son équipe qui terminent le tournage du Prince de ce monde, le second long métrage du réalisateur. Une salle a été aménagée en bureau un peu étouffant. Les bibliothèques croulent sous les livres. Quelques animaux empaillés trônent en haut des étagères et, au milieu de la pièce, canapé et fauteuil de cuir attendent les acteurs. Nous arrivons en plein milieu d'un raccord son. Tout le monde fait silence. Nous nous faisons…
Lire l'article
À Bruxelles et en Flandre, l’Afrika Film Festival est, depuis 10 ans, le miroir des cinématographies d'Afrique. Il réunit autour des films du continent les cinéphiles belges et les différentes communautés africaines. C’est à l’occasion de ce festival que notre confrère Guido Convents, confronté à la nouvelle génération de cinéastes congolais, s’est aperçu que ces jeunes ignoraient le plus souvent que leur pays était l'un des rares en Afrique à disposer d’une cinématographie riche et passionnante. Ignorance partagée d'ailleurs par la plupart du public belge. Historien et anthropologue de formation, Guido s’intéresse… Lire l'article
Nathalie Toro se prépare à monter sur le ring lors du championnat européen de boxe. Originaire d’une banlieue défavorisée de Liège, partie de rien, Nathalie veut prouver qu’on peut atteindre les sommets… Pour cela, il suffit de le vouloir. Ce documentaire retrace les dernières heures de souffrance et de tension qu'elle vit avant de monter sur le ring.
Difficile après la double victoire éclatante de ce documentaire (Grand Prix Média 10/10 et Prix du Meilleur Court Métrage Documentaire) de ne pas faire le parallèle entre le destin de Nathalie Toro et celui de Christophe Hermans, jeune réalisateur et créateur de l'asbl Another Light, parti de rien pour arriver au sommet…
Lire l'article
Dans un self-service quasi désert, un jeune homme se présente à une jeune femme plutôt fade et lui propose une thérapie à l’essai : la regarder gratuitement pendant cinq minutes pour lui permettre de se sentir exister. La jeune fille intimidée croit à une blague.
« Vous sentez-vous transparent, invisible, perdu, à l’arrière-plan de votre propre vie ? Comme si vous étiez un figurant dans un péplum ou un bison dans un film de Kevin Costner ?… Vous avez besoin que l’on vous regarde ! Vous avez besoin d’un SPECTATEUR PERSONNEL ! » Lauréat du Prix BeTV ainsi que du Prix décerné (à l’unanimité) par…
Lire l'article
Né à Ixelles le 8 décembre 1977, il entre en 1996 à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve où il entreprend des études d’Ingénieur de gestion dont il sort diplômé en 2001. Après quoi, il entreprend, à l’Institut des Arts de Diffusion à Louvain-la-Neuve, des études de réalisation-cinéma où il réalise notamment : Deux minutes de retard (2004) fiction-16mm (8 min) et Yeti (2005) fiction-35mm (12 min), son film de fin d’études. Il est membre de la troupe de théâtre « Athalie » depuis 1999. Il y a joué dans diverses pièces dont Troïlus et Cressida … Lire l'article
Dans une chambre d’hôtel, une jeune femme attend l’homme qu’elle aime…Difficile de faire plus simple comme pitch. Et pourtant c’est là toute l’originalité du film de Vania Leturcq : il ne s’y passe absolument rien. Ou plutôt, les seules choses qui passent sont les émotions sur un visage, celui de l’actrice principale, omniprésente. Un visage duquel il devient dès lors impossible de détourner le regard.
D’une beauté fascinante mais classique, rappelant certaines actrices italiennes (on pense surtout à Valentina Cervi dont elle est le portrait craché – même si le jeu des comparaisons est bien futile), Edwige Baily, jusqu'ici surtout cantonnée…
Lire l'article
Où est la main de l’homme sans tête de Guillaume et Stéphane Malandrin
Alors… D'abord, on prend le Ring, sortie 13… Là on tourne à droite vers Ninove… On traverse Dilbeek et à la sortie, c’est encore à droite, après le feu. "Ce feu là ?" "… Je sais pas moi… Attends… Oui, direction Ternat, c’est ça !" Nous tournicotons, traversons le petit village de Bodegem, laissons derrière nous un passage à niveau. "C’est bon, c’est toujours comme sur le plan." À droite, à gauche, à gauche, dans des chemins toujours plus petits, plus verts et de plus en plus écartés. "Zut, on a loupé…
Lire l'article
Sur une route déserte, Nathalie emmène sa mère Marianne visiter un nouveau studio à louer. En effet, ses parents sont en train de se séparer et Marianne, dévastée, doit partir. En pleine dispute, les deux femmes sont interrompues par l’arrivée inopinée, à l’arrière de la voiture, d’une vieille dame malade et farfelue répondant au surnom de Yeti (diminutif de Henriette), échappée d’un asile psychiatrique. Sa mission : rapporter son clairon à son défunt mari, qu'elle croit toujours vivant. Malgré le détour, Marianne aide Yeti et annule la visite du studio. Nathalie s’emporte et laisse sa mère seule avec Yeti. Marianne ramène… Lire l'article
Pour en finir avec les clandestins, le Pouvoir met en place une procédure d'effacement. Contre ces disparitions, la résistance s'organise. La lutte permet aux effacés de retrouver une identité. Ambitieux. C'est le premier mot qui vient à l'esprit pour qualifier Vos Papiers!, un efficace court d'animation décrivant une société totalitaire dans laquelle les clandestins et les rebelles sont tout simplement effacés.
Le parallèle avec le Troisième Reich est ici clairement évident dans l'apparence des «soldats», représentés par des «bics-effaceurs» à l'allure vaguement humaine et dont la couleur noire rappelle fortement les uniformes…
Lire l'article
Histoire de la petite sirène qui retrouvait ses jambes.
Quelques semaines à peine après qu'Alex Stockman ait proposé son adaptation de la nouvelle d’Ivan Alvarez Eva reste au placard les nuits de pleine lune (voir notre numéro précédent), Psyché Piras nous propose sa version de la même histoire.
"Je connaissais Ivan Alvarez", nous explique Psyché, "et j’avais été bouleversée par sa nouvelle dans laquelle il évoquait sa maladie. Il avait accepté de m’en céder les droits et je me suis mise à travailler sur l’adaptation. Quelques temps après le décès d'Ivan, Alex Stockman est venu me demander si j’étais…
Lire l'article
La promiscuité est source de conflit...
À coup d'incantations divines et d'infernales courses poursuites, les querelles de voisinage entre Dieu et Diable tournent à l'affrontement graphique en noir et blanc. Incroyablement imaginatif et drôle, cette querelle millénaire donne lieu à un affrontement dantesque à coups de décors. Conflits entre le noir et le blanc, entre le plein et le vide, entre la ligne et la surface... D'une manière extrêment visuelle, la lutte entre le Bien et le Mal emprunte les codes du burlesque et de l'absurde. Tex Avery en aurait été fier. Montage rythmé, animation pleine de surprises et de rebondissements, Recto Verso est un premier film réussi et…
Lire l'article
Abordant des thèmes sérieux comme l'inceste, l'abandon, la responsabilité, la revanche et la culpabilité, Iao Lethem nous fait le portrait d'une famille explosée et, sur le mode du mystère et du fantastique, confronte les deux personnages principaux (le père et la mère) à leurs propres démons enfouis et que le retour (imaginé? fantasmé?) de leur fille après 8 mois d'absence va bouleverser. Interprété magistralement, tout en pudeur et force par une Marie Du Bled qui n'a pas volé son prix d'interprétation, Les Oeufs brouillés, loin du pensum pesant sur des thèmes difficiles, est au contraire une oeuvre intelligente et originale…
Lire l'article
Le Scrabble mène à tout
Cinéaste documentaire, Mathias Desmarres aime approcher les gens, les filmer parfois de très près dans leur quotidien pour en retirer des sujets personnels, quelques peu insolites. A la façon des meilleurs sujets de feu le magazine Strip Tease, il parvient avec beaucoup de finesse, à leur donner un parfum d’universel. L’année dernière, lors de ce même festival, il s’était fait remarquer avec Bye Bye Caravane, qui nous faisait partager l’angoisse d’une mère et de ses trois enfants devant déménager d’un camping résidentiel vers une habitation sociale. Ici, il plante sa caméra dans une séniorerie, au milieu de l’appartement…
Lire l'article