Politic-Fiction
Georges Sluizer, le réalisateur de Sporloos , de son remake américain Vanishing, de Dark Blood et de Crimetime, nous a proposé en avant première mondiale son tout dernier long métrage The Commissioner. Le réalisateur hollandais, qui compte plusieurs succès à son actif dont une expérience hollywoodienne tout à fait concluante, était l'homme de la situation pour cette grosse coproduction européenne. A noter que c'est la société belge Saga Films qui participe à cette production aux cotés de l'Allemagne et de l'Angleterre. Tiré d'un roman sur les magouilles financières du fonctionnement politique interne de la CEE, le scénario…
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Le premier long de Manuel Gomez est avant tout l'accomplissement de son travail de court-métragiste sur le thème des sept péchés capitaux. Peccato est en fait le lien de sept histoires en images, pendant des sept scènes du tableau du brabançon visionnaire. C'est donc un film à sketches, certains repris purement et simplement de courts métrages déjà connus, d'autres inédits, réalisés pour l'occasion. L'unité du film se ressent bien sûr de cette diversité mais en contrepartie, quel foisonnement.
Un mysticisme terrien
Au-delà de la démonstration d'un savoir-faire incontesté, s'exprimant à travers des techniques multiples,…
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Mort sur Ordonnance
Le Prix du Meilleur Directeur Photo à été attribué à Dennis Nap pour son travail en noir et blanc sur Jewish Boxing de Stefan Van Den Eede. Filmé en grande partie dans le décor formidable d'une pharmacie de nuit, le film nous plonge dans l'ambiance noire des polars américains des années cinquante.
De contre plongées en jeux d'ombres, le réalisateur sculpte les visages de ses acteurs et nous renvoie durement la gueule des intervenants de ce braquage foireux.
Le jeune étudiant de garde dans la pharmacie se voit tiré de ses bouquins par des malfrats résolus à le dépouiller mais, feignant la peur et la docilité, le gentil plouc va leur réserver…
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Family life
Avec De Suikerpot, le regard (féminin) remarquable de justesse de Hilde Van Mieghem s'immisce dans l'esprit des enfants battus. Un esprit déroutant et dérouté, qui culpabilise et protège son bourreau.
Pleine de bonnes intentions, la petite Kristien (époustouflante Aline Cornelissen) cherche à gagner l'affection d'une mère hystérique et dépressive. Elle ne commet que gaffe sur gaffe et ne reçoit pour toute explication que coups et cris. Ce matin-là, les parents dorment encore, le sucrier est bien rempli, la table est mise : elle a quelque chose à se faire pardonner. Mais la cafetière a fondu : crise de nerfs...
A travers cette histoire d'enfant battue, la…
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Le diable en liberté
Instigateur de la fameuse émission Strip-tease, Manu Bonmariage s'inscrit dans la veine du documentaire et du cinéma direct, dont on a souvent dit qu'elle est une tradition sur notre terre sociale.
Lorsque Amours fous fait revenir ce baroudeur sur les lieux de son enfance, c'est pour lui l'occasion d'exorciser la peur qu'il avoue avoir ressentie lorsque, gamin, il entendait les horribles cris venant du centre psychiatrique tout proche. Pourtant, s'il est bien question de malades mentaux, c'est surtout de l'Amour que traite l'un des documentaires les plus personnels du réalisateur... Qui mieux que les fous peut en parler avec autant d'émotion sincère et spontanée, sans…
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Femmes au volant !
Avec Nitro Nicky de Marko "KR" Lagoon, on plonge dans l'univers bédéiste aux couleurs électriques des "pulps" américains. Rythme effréné pour cette course plein pot entre la reine de la vitesse, bombe sexuelle au volant de sa Mustang, et un motard hell s angels qui a osé la mettre au défi sur ses propres plates-bandes désertiques.
Chacun y va de ses commentaires "scatorduriers" (en face caméra, bien sûr !). Un pastiche sexy-kitsch d'un Mad Max belgo-déjanté (revu par Russ Meyer ?), qui décoiffe jusqu'à la scène finale : femme fatale et mauvaise perdante, elle déhanche un arrière-train d'enfer et…
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Les Demoiselles de Rochefort
Un gentil petit bistrot inondé de soleil et aux couleurs de sirop Tesseire. Clients et serveurs débordent de joie, de tendresse et d'amour les uns pour les autres. Soudain, une jeune femme entre. Elle est déprimée et morose et brusquement, le temps se couvre, les humeurs changent, la dispute couve, puis gronde.
On est un peu décontenancé en abordant Anouk et les autres : décors, dialogues, lumières, costumes, maquillage, tout est parfaitement agencé et coordonné mais parait tellement artificiel, tellement caricatural. La mièvrerie poussée à l'extrême irrite d'abord, puis intrigue.
Mais tout cela n'est bien sûr qu'apparence pour…
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On achève bien les chevaux
Tenants d'une animation iconoclaste, Vincent Patar et Stéphane Aubier nous ont habitués avec le temps à leur univers impitoyable mais néanmoins mâtiné d'un solide bon sens ardennais.
Par l'absurde, ils passent à la moulinette l'imagerie traditionnelle de notre plat pays, Tout cela est très potache, joyeusement irrespectueux avec des pulsions dévastatrices un peu adolescentes, mais leurs contes animés sont d'une vitalité tellement désarmante que le spectateur ne peut que se prendre au jeu d'un rire réparateur. Aubier et Patar ont créé des personnages avec des dents pour mordre, et leur regard sur le monde - empreint d'une…
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100.000 polars au soleil
A l'arrière d'une camionnette, cinq hommes à la mine patibulaire attendent l'heure H pour passer à l'action et entreprendre le casse du siècle. Travail de professionnels soigneusement préparé ? Faudrait commencer par régler ses montres. Suivent neuf minutes trente de dialogue au hachoir au fil duquel cette apparente organisation va se désagréger comme un bloc de sable.
Sur cette donne minimaliste, Daniel Cooreman avec Les Professionnels entend faire du vrai cinéma, au tempo soigneusement cadencé, au découpage dynamique qui s'efforce de varier au maximum le classique champ-contrechamp auquel le parti pris du film et l'exiguïté du décor…
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Au hasard Balthazar
Une nouvelle pierre vient de s'ajouter à l'édifice du documentaire belge, cette tour de Babel qui n'en finit pas de se construire, tant grande est notre soif de légendes et de réalités, tant fertile est la terre en mentalités qui s'entrechoquent et temps que des cinéastes s'en porteront témoins pour en faire des films. Le documentaire de fiction, Divine Carcasse donc, nous fait observer de l'extérieur le destin d'une vieille Peugeot depuis le jour -pas le premier- où elle a posé ses roues sur terre.
Elle débarque d'un bateau dans le port de Cotonou, au Bénin, où son nouveau propriétaire, un coopérant français,…
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Le syndrome fourmi
Deux espèces vivantes ont aujourd'hui colonisé la terre : les hommes et les fourmis. Au-delà des similitudes apparentes (organisation sociale, rivalités claniques, guerres impitoyables, ...) les deux races sont totalement différentes.
Si l'homme a conscience de sa responsabilité sociale (de moins en moins, hélas !), il a aussi une appréhension aiguë de son individualité. Les fourmis, elles, semblent vouées corps et âme à la collectivité. De là cette fascination qu'elles ont de tout temps exercé sur les humains. De là aussi le secret de leur incroyable efficacité ? Voire, car le mondes des fourmis est réellement…
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Femmes, femme
La femme de ma vie, sujet éternel s'il en est dans nos sociétés à vocation monogame, est traitée avec bonheur (si j'ose dire) par Stéphane Vuillet. Mené au pas de charge, Le Sourire des femmes a un peps fou.
Caméra à l'épaule, on suit Etienne (avec des plans à moitié flous, des parties d'images surexposées comme si elles étaient brûlées par l'impatience du personnage à stabiliser une vie particulièrement chaotique), un jeune homme qui adore les femmes ou plutôt la femme (bien que Lacan affirme, avec un certain bon sens, que La femme n'existe pas), donc La femme, celle qui contient en elle au moins quatre-vingts ans…
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Les poings dans les poches
La flamme de la révolte est entretenue dans La Trajectoire oblique, film intéressant et agaçant de Dominique Lolhé. L'écran est divisé en deux comme au bon vieux temps de l'avant-garde warholienne.
D'un côté le monde et son spectacle télévisé en permanence : actualités, compétitions sportives, etc. De l'autre deux jeunes gens qui croient faire entendre leur voix dans le concert du monde en jouant les Bonnie and Clyde. Une jeune fille (la stupéfiante Raphaëlle Bruneau de Violette et Framboise) infantilisée par des parents aussi respectables qu'irresponsables rejoint le parcours d'un rejeton de la high society en rupture…
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Hard Target, cible émouvante
Iris d'or de cette 18ème compétition du court-métrage et le prix décerné par les critiques de l'Association professionnelle de la presse cinématographique de Belgique récompensent avec justesse Dear Jean-Claude, un film personnel, au scénario dense, au montage dynamique et aux images traitées de manière éminemment contemporaine (steadycam, recherche des perspectives, rythme syncopé, inserts de bouts de vidéos, d'images TV).
Outre ces qualités purement cinématographiques, Dear Jean-Claude fascine, non tant par le choix de son sujet, que par la manière dont il est abordé. Une vision originale et profondément humaine.…
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La chair de l'orchidée
Doucement de Jacques Decrop nous plonge dans l'intimité d'un couple : "Tu me fais confiance ?", dit-il. "C'est quoi ton truc, le sado-maso ? Vas-y, crache !" demande-t-elle.
- C'est une question d'amour.
- C'est quoi ? Ça fait mal ?
- Oui et non.
Et elle cède à une pratique que se garde de nous révéler le réalisateur (Fist fucking ? Sodomie ?) et que l'amour adoucit (de même que le beurre pour rester cinéphile).
Meurtrie, la fille se demande si son amant l'a possédée par sadisme ou par amour. Ce corps à corps qui devient un corps à coeur semble illustrer ces propos de La Fontaine :…
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