Point de passage
Demain est un autre jour est un documentaire muet et surréel tourné Gare du Midi, à Bruxelles.
Filmant en 11'26'' la vie pleine de facettes de cette gare, véritable centre névralgique du déplacement vers ou par Bruxelles, Filippo Crapanzano parvient à nous montrer le visage presque kaléidoscopique de cet ensemble d'une dimension et d'une diversité inouïe. Véritable délire d'images mises en chorégraphies, le réalisateur se penche sur l'esthétique non exclusivement ferroviaire, mais également sur l'architecture de cette gare, ses travailleurs divers ainsi que, bien entendu, la multitude d'attitudes et la diversité…
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Passion of Mind
Marie vit en France, à la campagne, dans un village paisible et ensoleillé près de Menton. Depuis la mort de son mari, deux ans plus tôt, la jolie critique littéraire a pris sa retraite et exerce son propre talent de conteuse d'histoires à l'oreille de ses deux adorables fillettes : l'insouciante Séraphine, 5 ans et sans doute trop jeune pour réaliser vraiment, et Jennifer, 11 ans, plus nuageuse et aussi entêtée que sa maman lorsque celle-ci refuse l'idée de refaire sa vie...
Entre-temps, avocate moins carriériste ou affairiste qu'il y paraît - puisqu'elle garde en elle la trace d'un vieil idéal amoureux - Marthy se plaît à sentir,…
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Quand la grenade est mûre, on peut l'ouvrir entre les mains, sans en éparpiller sur les draps les milles et un pépins. L'amour alors est proche, murmurerions-nous aussi volontiers, à l'abri des regards, à la jeune et jolie Soufiya dont le front troublant répond déjà à la promesse des fortes chaleurs orageuses de l'automne tunisien.
L'été indien est la saison des adolescences finissantes, et si un sourire, à vrai dire retenu, parvient à se dessiner sur ses lèvres, c'est, pense-t-elle, que les rites minuscules du pays de son père ne sont peut-être pas si éloignés, dans l'âme et dans l'esprit, des contes et grigris de l'Afrique…
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Cinéma brut
Images sauvages d'une rentrée des classes. Murs tagués, vigiles musclés, sas grillagé rappelant celui d'une prison. Plus loin, un préau gris où parlent et se bousculent des jeunes maghrébins et où soudain l'un d'eux repousse la caméra qui cherche à le filmer. Ecole de la dernière chance, l'Institut de la Providence, célèbre pour son désir utopique d'accueillir tout ceux que l'on refuse ailleurs, survit aujourd'hui malgré une cassure sociale et culturelle de jour en jour plus difficile à gérer.
D'un côté un ensemble de "jeunes", exclus, inadaptés, enfants d'immigrés…
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Bxl-Minuit commence là ou il aurait pu se terminer. Barbara et Paul, son amant, se croisent sur des escaliers mécaniques chacun roulant en sens inverse. Barbara est amoureuse du garçon et heureuse jusqu'à ce qu'elle découvre que celui-ci la trompe avec plus cruche qu'elle (ça fâche davantage). Elle erre comme une âme en peine dans la ville à pieds, en métro et en taxi. Tout au long de la nuit, elle se remémore (à l'aide de trois de flash backs) ses moments de bonheur avec l'amant volage (Lacan précise : « la pulsion libidinale est centrée sur la fonction de l'imaginaire »).
Un jeune mec lui pique son sac dans une boîte où elle…
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C'est l'un des premiers scénario de Wilhem Wallijn qui allait nous étonner avec Dear Jean-Claude et Film 1 et c'est le septième court métrage d'Hans Herbots. Imaginez la Flandre devenue la Bosnie ou le Kosovo suite au délire mégalomaniaque d'un industriel hollandais qui lance une armée de mercenaires afin d'annexer la Flandre aux Pays-Bas.
Maria de Pauw, une septuagénaire suit les événements, chez elle, devant la télévision (le conflit est observé avec inquiétude par les Nations Unies qui se demandent s'ils ne vont pas envoyer des casques bleus). Evacuée de force par deux soldats, le trio est pris sous le feu de snippers. Maria qui a gardé…
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Le niveau de la compétition était très élevé, on l'a déjà dit, et au rayon des films bredouilles, on ne peut que conseiller vivement Joyeux Noël, Rachid, le nouveau film de Sam Garbarski (La Dinde), à la fraîcheur de l'enfance.
Rachid et son compagnon de jeu sont musulmans, l'un est arabe, l'autre noir, comme quoi ! D'ailleurs, en cette période de Noël, ils regardent avec le même émerveillement que les autres enfants de leur âge les vitrines illuminées des magasins de Playstation et panoplies d'indiens. Il paraît qu'à Noël, les chrétiens mangent de la dinde et se font des cadeaux. Toute la ville en parle, qui a revêtu…
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Rien de particulier dans la vie de la petite Caroline : après l'école, murmurant des chansons à l'oreille de son timide lapin de compagnie, elle promène sagement ses baskets de fille unique sur les trottoirs propres mais gris de son quartier résidentiel.
Le ciel est lourd mais tout va bien dans le plus carré des mondes : elle habite une jolie maison, s'ennuie à table et soupire sans arrêt, comme si elle imitait ses parents, gentils et bien comme il faut, mais un peu à la masse, étranges parfois, et bientôt hystériques : papa n'a jamais été à une maladresse près et trouve normal de prêter Pitou à un collègue de bureau, pour la…
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Le jeu cruel des sentiments
Un couple dans le jardin d'une demeure patricienne, par une belle après-midi d'été. La jeune fille dans un hamac fait la sieste, le garçon la contemple endormie. La caméra se substitue à son regard dans la lumière dorée, caressant le visage de la belle avec une sensualité amoureuse, s'attardant sur un battement de paupières, un frémissement de lèvres. Elle glisse le long du cou, jusqu'à la main aux ongles rouges qui tient une photo. Entre celles du jeune homme, une lettre qui visiblement l'embarrasse. C'est un faire-part de décès. Un décès qu'il va lui falloir annoncer..."J'ai aimé…
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Il fait beau ce matin-là, quand pour se rendre au boulot, un jeune benêt endimanché se donne un semblant de consistance, s'accroche à sa maigre serviette et traverse son joli quartier peuplé de filles de joie hautes en couleurs.
Mal à l'aise, prenant soin d'éviter les regards insistants, parfois patibulaires mais troublants, le réalisateur producteur scénariste et comédien !Dominique Abel s'arrête bientôt pourtant, et dans un clin d'oeil au comique visuel anglais de Mister Bean (Rowan Atkinson), son nez se retrousse devant une vitrine que lave pour l'heure une jeune femme en tablier, chiffons à la main, debout sur une chaise et... surprenante de naturel : Fiona Gordon,…
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«Mais qu'est-ce qu'elle est chiante !» répète Jacky Beroyer en levant les yeux face à la caméra. Avec son premier film déjà - Le Bouton rouge primé au festival Climax 1998, embryon de Oh ce court ! - Marc-Olivier Picron brouillait les images des écrans de surveillance et mélangeait humour et science-fiction dans un climat de tension (électrique) à la limite de l'étrange et de l'absurde. L'univers de Marcus ne change pas, et La Télévision refuse de s'éteindre.
Déposée par le Père Noël dans l'angle mort du petit salon d'un vieux couple, elle laisse d'abord de marbre le taiseux et taciturne mari soupirant…
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A comme Adrienne, B comme Boris, C comme Cinéma...
Une heure du matin, des émotions plein la tête, je suis sous le charme. Je reviens d'Aarschot, là-bas en terre flamande où je viens de voir le dernier film de Boris Lehman, A comme Adrienne. Conclusion attendue d'une après-midi champêtre dans une ferme-atelier de peintre, perdue dans le vert tendre d'un printemps ensoleillé, la projection du film prenait place dans une exposition consacrée à Boris Lehman vu par ses amis.
Et les amis étaient là, venus qui de Bruxelles ou de France, qui d'Allemagne ou de Moscou, pour cet instant de retrouvailles et de nouvelles rencontres, temps comme hors du temps où se voir, se parler…
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Il y a un an à peine, et c'était la première interview de ma vie alors tu parles si je m'en souviens, je rencontrais autour d'une table de bistrot le sympathique réalisateur bruxellois Dominique Deruddere, dont Hombres complicados venait de marquer, après l'expérience américaine de Wait until spring, Bandini !, le retour à un cinéma plus personnel et intime, un cinéma moins cher mais surtout un cinéma d'amis, à l'échelle humaine et souvent kitsch du grand village qu'est la Belgique.
Revenu d'un rêve transatlantique qu'il niera sans doute avoir jamais eu, l'homme est épanoui, l'oeil jubile plus encore et le jeu des…
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Samedi 18 décembre. Fin du dernier siècle. Au théâtre Marni (où la Ligue d'Improvisation décidait de poser ses valises), la conversation battait son plein : rappelant la politique de fonds de poches de son alternative activité, l'AJC ! projetait un large aperçu de sa cuvée 1999.
Avant d'offrir le verre de l'amitié, 11 films étaient montrés. Suffisant pour remarquer que dans la gamme du très petit budget, aux côtés du documentaire de trottoir, un embarrassant nombrilisme paraît occuper une place de choix. Pourtant, souvent drôles, tendres et ironiques, les portraits et autoportraits se suivent sans forcément se ressembler. Ainsi Céline…
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De Aanspreker
Le thème de la mort aura paru davantage à la mode en Flandres. Peut-être l'Institutionnel est-il plus concret, plus présent et oppressant dans les esprits, plus lourd sur les épaules des jeunes réalisateurs flamands, qui tuent papa en rigolant (le " Woow " très trash de Fien Troch) ou en pleurant, comme c'est le cas du film de Geoffrey Enthoven : De Aanspreker. Traduisez : croque-mort, et effectivement on y passe, en corbillard, de la morgue à l'hôpital.
C'est-à-dire dans le sens inverse, même si les flash backs sont ailleurs : " Tu feras comme moi, mon fils, et comme ton grand-père : tu seras croque-mort. Ton arrière grand-père aussi……
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