La Guerre, C'est con !
Une nuit d'été dans la campagne. Un groupe se perd dans la brume. A la façon dont ils invectivent leur guide et ronchonnent, on pourrait croire à des randonneurs en balade, mais très vite, on voit les casques et les fusils. C'est un contingent de soldats bosniaques partis relever leurs camarades du front. Désorientés, ils décident de s'arrêter pour attendre le jour, mais lorsque celui-ci point, c'est pour s'apercevoir qu'ils ont dormi à 50 mètres de la tranchée ennemie.On n'a pas le temps de s'esclaffer devant cette situation digne de la septième compagnie que le grotesque tourne au drame : fusils et char entrent…
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Un asthmatique se présente devant une sombre bâtisse et se fait annoncer. On sait qu'il est asthmatique parce qu'il vient de se respirer une giclée de spray caractéristique. On apprendra après les présentations qu'il est délégué médical de chez Pharma-cam et que son client est le médecin-chef psychiatre qui dirige la clinique. Assurément une aubaine pour un VRP aussi ingénu ; d'autant que depuis qu'il lui a cité les produits neuroleptiques et anti-dépresseurs dont il espère bien placer l'un ou plusieurs contrats ici, le médecin lui prête une franche et sincère attention. À l'évocation des noms chantants des…
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Aïe, la petite fiction en 7'20' qui fait mouche! Un scénario cynique et pince-sans-rire aussi simple que bien découpé, un film tourné et joué avec maîtrise et, cerise devenue rare sur les gâteaux de ces temps, un humour qui fait " klong " en se payant même le temps d'un clin d'oeil référentiel bien à sa place. Mais comment présenter de manière plus précise un de ces trop rares courts-ovnis sans déflorer ses principaux atouts et encore moins les recettes, ficelles et autres moyens utilisés pour tourner sur des billes ? De plus, le film pétille d'un esprit (de l'écriture au montage final) qui ajoute encore à ses…
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Présenté sous le registre d'une docufiction (un " pas joli " terme), Entre Deux, le film de Hélène Carret nous (re)plonge dans le drame des sans-papiers et des expulsés en sursis. Utilisant la fiction pour mieux cerner son propos, elle met en scène un couple de Congolais résidents non entièrement régularisés en Belgique, en attente depuis de nombreuses années chez nous. Sans s'appesantir sur les procédures et la tension policière stressante que cela entraîne, elle recueille la parole de Marie-Anne pour nous parler des tensions quotidiennes que tant de couples ou d'individus vivent et cependant taisent suite à cette situation. Marie-Anne possède des papiers…
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"Ce film est une fiction. Toute ressemblance avec un personnage existant serait, mais alors, une pure coïncidence" (avertissement en fin de générique). Une équipe de cinéma débarque au Conservatoire dans l'intention de réaliser un documentaire sur la classe de Pierre, un professeur de théâtre qui a développé une méthode de pédagogie ouverte qui fait la fierté de l'école.
Cinematons
N'a-t-elle pas "produit" Léopold, un ancien étudiant qui, maintenant, fait la star à Paris ? Et de fait, Pierre est un professeur à la personnalité marquée et aux méthodes plutôt particulières. Il travaille au départ des émotions…
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La vache et le poulailler
Ce deuxième travail de première année à La Cambre a valu à Louise-Marie Colon, par ailleurs institutrice de formation, une sélection au prestigieux Festival de Cannes cette année 2001, en compétition pour le meilleur court métrage.Selon une technique imposée par l'Ecole Supérieure des Arts Visuels, elle réalise ici un exercice en dessin animé tout à fait convaincant. Paulette est une vache. Mais elle n'a pas la chance de pâturer et de regarder passer les trains. L'histoire commence dans une vaste prairie. Un coq et une poule célèbrent leur nuit de noces avec passion. Ils sont mariés, vivent heureux, et ... attendent beaucoup…
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Tempus Fugit
En vacances sur la côte en 1990, trois familles se rencontrent sur la plage autour de la construction d'une fusée en sable. L'amitié se met de la partie et les voilà réunis, le même soir, autour d'une table, à l'occasion de l'anniversaire de l'un d'entre eux, Fabrizio. En guise de cadeau, celui-ci demande à chacun d'écrire une lettre qui sera lue lors de leur réunion, au même endroit, dans dix ans, en août 2000. Août 2000. Les trois familles sont à nouveau réunies et les lettres décachetées. Chacun lit la sienne à son tour et évoque les souvenirs des années écoulées. C'est…
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La sortie d'un nouveau court-métrage de Raoul Servais ne fait pas davantage la une des journaux que celle de courts métragistes peu ou pas connus. Elle n'en est pas moins attendue par nombre d'amateurs qui suivent avec passion le parcours de ce réalisateur aujourd'hui septuagénaire. Une sélection officielle à Venise (hors compétition) arrive à point nommé pour nous rappeler l'estime dont le réalisateur jouit partout dans le monde.
Devenu à son insu mais sans désagrément le porte drapeau du cinéma d'animation de notre pays, Servais s'ingénie à surprendre son public, apparaissant chaque fois là où on l'attend le moins. Après…
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"Toute parole est un préjugé." (F. Nietzsche)Quelques lettres, quatre ou cinq photographies... Il reste peu de traces de ce que fut, à la charnière de deux siècles, la vie de Spilliaert, peintre torturé et solitaire que ses tableaux laissent imaginer, déambulant soir après soir, nuit après nuit, dans les décors d'une ville d'Ostende alors " reine des plages ". Car, tandis que les baigneurs joyeux s'éclaboussent sous l'oeil d'Ensor et que les nappes blanches et nettes des restaurants de luxe attendent les mondanités royales, Spilliaert, lui, se replie sur soi : " De mon enfance, je garde un souvenir ébloui, jusqu'au jour où on m'a…
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Un amour curieusement absent
Dans le cadre de ce grand bazar polymorphe et friqué que fut Bruxelles 2000, trois cinéastes flamands reçurent la mission de raconter leur Bruxelles. Représentatifs de trois générations (Marc Didden est né en 1949, Pieter Vandekerckhove en 1964 et Kaat Beels en 1974), ils nous livrent leur vision de la capitale.Trois histoires qui, curieusement, parlent plutôt de déracinement, d'altérité et de cosmopolitisme.
Le premier sketch est l'oeuvre d'une toute jeune cinéaste, Kaat Beels, déjà remarquée à l'occasion de son court métrage de fin d'études, Bedtime Stories. Une nuit d'été, en ville,…
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Tout d'abord, au vu des premières minutes, on pourrait croire que Lettres d'amour abandonnées raconte l'histoire romantique de deux solitudes qui vont rencontrer le désir du désir de l'autre. Woufti, que nenni ! Nous y échappons, moderato cantabile ! Le film étant aussi un hommage pervers à Hitchcock (peut-il y en avoir d'autre avec Sir Alfred ?) et, singulièrement, à Fenêtre sur cour, le film-culte de la cinéphilie, puisqu'il parle de la passion du spectateur pour un écran qui lui fait découvrir le monde. Sauf que le film de Sander Dirickx est davantage une mise en abyme narrative que visuelle. Reprenons. A la suite d'une opération rondement…
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Portrait de groupe avec hommes
La génération Strip-tease est-elle en train de s'installer dans le cinéma de fiction? On assiste en tous cas ces dernières années à l'éclosion d'un genre de comédies sociales proches du ton et du regard qui caractérisent le magazine de Marco Lamensch et consorts. Un courant dans lequel nous, Belges, avons joué et jouons encore un incontestable rôle moteur. C'est une nouvelle fois la réflexion qu'on se fait à la vision des Portes de la gloire, premier long métrage de Christian Merret-Palmair, une comédie au vinaigre qui brosse avec beaucoup d'humanité le portrait de cinq hommes associés pour le meilleur…
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Lorsque le monde reste opaque, partagé entre les exhibitionnistes et/ou les voyeurs de Loft Story et les blockbusters " mainstream " de nos amis américains, il est tentant de revenir à l'âge d'or du cinéma, lorsque celui-ci traduisait le monde plutôt qu'un monde. L'Arbre au chien pendu déroule son histoire dans l'Histoire. Nous sommes en 1945. Micha, rescapé d'un camp d'extermination nazi, retrouve sa femme Wanda. Très vite, il se rend compte qu'elle se comporte de façon étrange vis-à-vis de leur fils Dan, dont l'absence lui paraît suspecte.Wanda s'embrouille dans ses explications, appliquant, de manière plus douce, la logique…
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On ne regarde pas un film ; on va le voir, comme un enfant vit les heurs et malheurs de Blanche-Neige. Parlons-en des contes de fées qui se penchent sur le berceau de notre inconscient avec malice, puisque c'est le sujet du dernier film de Geneviève Mersch qui nous avait déjà livré il y a six ans une perle rare : John. Dans Verrouillage central (un titre qui est un rebus pour les psy ?), Cathy (Aylin Yay, aussi juste que dans Mireille et Lucien) est une célibataire romantique, pas très nette tout de même, vous allez comprendre pourquoi. Toutes ses collègues et copines du salon de coiffure sont mariées et, qui plus est, son anniversaire tombe le jour de la Saint-Valentin. Ainsi va le hasard…
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Ici se poursuivent les aventures de Violette (Raphaëlle Bruneau), découverte adolescente acidulée à la recherche de l'amour dans Violette et Framboise, le premier film de Kita Bauchet. Violette y apprenait avec une certaine candeur que les garçons échangent impitoyablement leur solitude contre du sexe et que ça ne fait pas toujours le bonheur des filles. Cette fois, dans Violette au travail, notre girl fringuée sage comme une image (l'antidote au devenir-bimbo) cherche un job avec la même énergie et la même candeur après avoir été virée par son patron qui lui avait mis la main aux fesses et qu'elle avait giflé d'un coup droit à une main digne…
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