Dans un univers moyenâgeux, un fermier plutôt démuni vend son âme au diable contre une fortune assurée. Mais il a la présence d'esprit d'y mettre une condition : pour que le contrat soit valable, il est impératif que toutes les feuilles des arbres soient tombées. On retrouve ici le plaisir rare de voir un court métrage d'un genre pratiquement disparu : un peu d'épée, beaucoup d'effets maléfiques et magiques et en fin de compte un conte pour enfants qui se nourrit d'un peu d'écologie, de quelques valeurs humaines et d'une dose d'impertinence pour oser braver celui qui normalement est plus fort que soi. Pour ma part, je regrette le format 1/66 qui réduit…
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Le temps passe et on se lasse : de la famille, des conventions, de son couple, de soi-même. Le film a le mérite de soulever LA question : derrière quoi courrons-nous ? Saint-Nicolas, habitué au 6 décembre, doit combiner avec les agendas de tout le monde et espérer qu'en mars on lui fera encore un bon accueil. En observant les trois générations qui se montrent à nous, de l'enfant à la grand-mère, ce sont les intermédiaires qui nous pourrissent la vie. Ceux qui ont des enfants tentent d'assumer et finissent par se souvenir qu'ils en ont un. Les autres critiquent forcément les premiers et oublient qu'ils sont démunis de cet enfant-là justement. Finalement,…
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L'Atelier Zorobabel nous a habitués depuis quelques années à un travail d'animation tout en rigueur et en finesse. Leurs personnages de prédilection restent avant tout les marionnettes articulées par un collectif de passionnés.Ici, l'univers est restreint à un huis clos pesant et mystérieux. Un homme visiblement mal dans sa peau, complètement perverti par une forme de parano aiguë s'en prend à tout ce qui bouge autour de lui : ses deux enfants. Le scénario est noir à souhait et c'est l'animation qui nous tire d'un imaginaire que nous aurions pu transposer en live sans difficulté. En quelques minutes tout est dit et, seul petit regret, la fin reste malgré…
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Au tout début du monde, il y eut les instants de la création et Dieu y travailla ferme pour parvenir à mettre un peu de vie sur notre belle planète. En fin de création, en pleine jouissance, il opta pour donner à la terre une petite chose qui va s'avérer essentielle dans notre vie à tous : la Bintje. (une patate mais pas n'importe laquelle !)
Dans un décor tiré tout droit de la Genèse, Eve (Cécile) et Adam (Jean-Yves) se rencontrent comme à l'origine, nus et curieux, reniflant leurs odeurs et touchant ici et là de petites choses érectiles. Dans un chaos indescriptible, un attroupement de femmes dans le même appareil qu'Eve scande violemment « Bintje,…
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Fuck the legend
Fondé en 1951 par Julian Beck et Judith Malina, le Living Theatre explose la scène théâtrale dans les années soixante. Pressentant qu'un autre monde serait possible, il s'attaqua à toutes les bornes de la société bourgeoise, pourfendant l'autorité, vilipendant l'armée, proposant une sexualité libre et débridée, inventant une poésie en révolte faite de corps et de cris, poussant le geste théâtral jusqu'à son extrême provocation, le happening total, avec ce projet formidable : être la vie même. Vague déferlante de passions créatives, sans cesse en état de rébellion, il prône…
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Une énigme irréductible
Il y a cinquante ans, Helga et Yann, sans se connaître, fuyaient leur pays natal et trouvaient refuge en Belgique. D'origine juive, ils emportaient avec eux les blessures d'une période noire et douloureuse où chacun à sa manière avait été frappé par l'horreur et la mort violente. Ayant connu l'exil et les difficultés de se voir acceptés dans un milieu où ils étaient d'abord l'étranger avec tout ce que cela suppose d'indifférence, d'incompréhension et trop souvent de mépris, ils vivent aujourd'hui dans un quartier populaire de Bruxelles où se rencontrent un grand nombre d'immigrés…
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Le titre intrigue. Que veut dire "pachydermes" ? Pour le savoir, il faut voir le film de Rémi Hatzfeld. Un film à plusieurs lectures, à plusieurs tiroirs, qui passe de la gravité à la légèreté comme une partition de musique. Un sujet sensible traité avec drôlerie et bonhomie sur l'anti-conformisme. Malgré son apparence légère, le film touche à un sujet délicat : où commence et s'arrête la complicité relationnelle entre un père et sa fille. Jusqu'à quel âge une fille peut-elle prendre son bain avec son papa ? Jusqu'où un père peut-il se laisser aller à raconter des histoires " cochonnes ",…
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Les hommes de ma vie
Le prince charmant, quel est donc cet olibrius qui hante les fantasmes féminins. Un analyste vous dira, avec quelque prudence, que c'est l'homme qui fait d'une jeune fille une femme, c'est-à-dire l'égale de la mère dans le rapport de séduction au père. Nous nous égarons ? Peut-être. À la façon de la jeune femme étendue sur le divan d'un psychanalyste dans Les Hommes de ma vie de Karine de Villers et qui parlent des hommes apparaissant et disparaissant dans sa vie sans laisser d'autres traces que leur absence de concordance avec l'homme idéal. Jadis Lacan fit quelque bruit en prétendant que La Femme n'existe pas. On peut en dire…
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Atmosphère, atmosphère. Un film tout en nuance et douceur. Pas une parole ne vient perturber la relation intimiste entre un petit garçon et son mouton qu'il a vu naître et mourir devant ses yeux. Le film tourné dans le clair-obscur évoque le cycle de la vie avec la fin (prématurée) au bout, la mort, une absence définitive. Par des images volontairement approximatives et un jeu d'acteur libre, le réalisateur nous introduit au coeur de la poésie, de la vie même. Le cinéaste a dû visiblement s'inspirer de Rosetta pour la séquence du petit garçon qui court essoufflé tirant son mouton mort à travers champs. La course effrénée est une métaphore…
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Il y a plusieurs raisons d'aimer ce film. La première c'est qu'il traite d'un sujet qui nous concerne tous de près : les voisins et le sexe opposé. La deuxième raison : le choix des acteurs qui sont savoureux et décapants. La Belgique ne pourra plus jamais dire qu'elle souffre de manque de comédiens belges pour faire son cinéma. Une comédie légère sur les relations hommes et femmes interprétés par une étonnante brochette d'acteurs belges. Les dialogues et les situations sont croustillants. Un film rafraîchissant construit sur des gags et des situations burlesques empreint d'émotions et d'humours qui se termine par une jolie pirouette. Le…
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Une journée ordinaire : Les contemplations
Le 22 février 2002 : une journée ordinaire à Bruxelles. La ville s'extrait peu à peu de la nuit. Les cloches sonnent la messe du matin, les trams sortent peu à peu des dépôts en grinçant des rails, les rues se garnissent d'autos. Aux Musées Royaux des Beaux Arts de Belgique, une salle encore vide au fond de laquelle sont accrochés Les marchands de craie (1882-1883), un triptyque de Léon Frédéric (1856-1930). Au milieu du passage, deux silhouettes de bronze semblent veiller ce chef d'oeuvre naturaliste aux couleurs fraîches. Deux sculptures de Constantin Meunier (1831-1905) : Le Pudleur (1889) et Le Marteleur (1886).…
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Le dépouillement
Une table vide dans une pièce vide. Un homme rentre dans la pièce, âgé mais encore vigoureux. C'est Marcel Piqueray. Un des derniers représentants du surréalisme belge. De sa poche, il sort un papier plié en quatre et commence à lire. Un de ses poèmes, écrit dans les années trente. C'est le grand chien courant saintongeois. Un titre qui swingue, flirte avec les assonances. Dans ce texte surréaliste, où le sens n'est pas ce qu'il est habituellement, divers éléments de la vie quotidienne, et autres, sont rapportés au grand chien courant saintongeois. Jusqu'à l'absurde, jusqu'à la nausée. Le poème…
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Documentaire intimiste tourné en la plus grande partie en intérieurs, L'âge selon Elise questionne et nous rapproche d'une très alerte et rieuse femme âgée de 87 ans : Elise. Documentaire, portrait intimiste axé sur une réflexion autour de l'âge et du vieillissement, L'âge selon Elise débute sur cette question de la réalisatrice à Elise, que pense-t-elle des centenaires et de la vieillesse ?
Le film se déroule dans l'appartement de la dame ou décoration classique cohabite avec les reliefs de notre modernité que sont téléphone sans fil, télévision et four à micro-ondes, univers mêlant les temps où se déplace…
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Qui nous dit le désespoir et la solitude de la vieillesse ? Certainement pas la télé pour qui la jeunesse est un capital sans risques ou la presse écrite qui nous en parle lorsqu'une canicule particulièrement longue fait de leurs mort un fait-divers. Lauréat du Prix Kieslowski 2003, Jeremy Hamers a choisi de sortir de l'ombre leur image tout en observant leur solitude. Un vieil homme barbu quitte un home pour se faire conduire en taxi dans un appartement qu'il ne connaît guère. En face de son nouveau domicile cinq adolescents font sauter des pétards pour échapper à l'ennui.
Le vieux leur demande de lui acheter une pizza. Ils la déposent sur le seuil de sa maison. Le vieux descend…
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Jeux d'enfants, le premier film de Yann Samuell, nous invite à suivre sur une vie entière le destin d'un homme et d'une femme qui, pour se dire "je t'aime", ont préférés jouer aux gages sans jamais se dire la vérité. Une belle boîte décorée laissée à Julien par sa mère disparue est au centre de leur jeu. Celui qui la détient peut mettre l'autre au défi, et les épreuves ne sont pas du goût de tous! Tourné en grande partie à Bruxelles et à Liège, cette co-production belge qui s'ouvre sur une fin tragique paraît devoir soulever autant d'enthousiasme que de réticence. Une lecture possible du film avec…
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