La chaîne de l'humanité
Après des élections qui ont vu une nouvelle fois une montée nette de l'extrême droite, le film de Frédéric Dumont et Bernard Balteau vient nous rappeler qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale et de la découverte des proportions atterrantes que pouvaient prendre la cruauté et la bêtise humaine, on avait dit "plus jamais ça". Les génocides perpétrés au Rwanda et en ex-Yougoslavie nous prouvent malheureusement que l'insanité n'a pas été rayée des travers de l'espèce humaine, pourtant sensée être douée de raison. L'homme est capable du pire comme du meilleur. Et pour…
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Réjouissante fausse manip'
Avec l'incendie de L'Innovation, Bruxelles connaissait, en 1967, l'une des pages les plus tragiques de son histoire récente. Bien qu'il ait été officiellement classé "accidentel" par les pompiers, des histoires circulent encore des années après, attribuant au sinistre une origine criminelle. Il s'agit là d'un phénomène courant de la rumeur, repérable dans toutes les grandes catastrophes qui marquent durablement l'imaginaire de ceux qui les ont vécues. Mais si c'était vrai, se demande malicieusement Bram Van Paesschen pour son travail de fin d'études. Inspiré par les téléreporters à…
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Le cinéma d'animation est un art difficile qui demande du temps, un investissement total et ... des idées originales. Loin de bénéficier des moyens que possèdent les Majors hollywoodiennes, la production européenne de films de long métrage animé reste un travail d'artisan qui oblige auteurs et producteurs à chercher l'argent et les collaborations là où elles se trouvent : au Québec (cette enclave francophone en Amérique du Nord) ou en Belgique, deux pays où l'animation a depuis longtemps conquis ses lettres de noblesse. C'est une jeune société belge baptisée du nom de Walking The Dog qui a animé les cyclistes et la caravane du tour de France,… Lire l'article
L'univers concentrationnaire a toujours été source d'inspiration pour bon nombre de dessinateurs et d'animateurs, de Maüs à Chicken Run. Niels Rawoens, tout frais diplômé de l'école néerlandophone RITS, n'a gardé de cette thématique que la question de l'homme éprouvé mentalement et physiquement, exploité de tout son être par de vils individus aux objectifs plutôt troubles.
L'intrigue se déroule dans les cellules d'une compagnie pharmaceutique qui séquestre de pauvres cobayes (des criminels, des malades, les gagnants d'un jeu concours organisé par Pfizer ? On n'en sait rien) pour les transformer en... antidépresseurs.…
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À quoi peut bien servir le sifflet du policier ?
Binche, Stavelot, Alost, Gand, Huy... Le Carnaval battait son plein aux quatre coins du pays. Sauf à Bruxelles où, lisais-je ce matin, la tradition devait s'être perdue entre les deux guerres. Mais c'est alors que, dans la nuit, Anima 2003, le festival des petits et des grands, remplissait l'auditorium 44, où Jean-Luc Slock déclenchait une pétaradante farandole de circonstance sur un air de folie brésilienne. Pourtant, au départ...
Le couloir est un peu sombre, et désert. Avant de s'y aventurer, Tom y passe une tête rosie, timide, hérissée de drôles de ressorts épars, distendus, de ceux qui - comprenez-moi bien - donnent…
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Fraîche émoulue de La Cambre, Delphine Hermans fait preuve d'un talent certain pour les histoires surréalistes, "à la belge" serions-nous tenté de dire... Arêtes montre ainsi de petits bonhommes manger des poissons, lesquels se transforment en argent, en maisons ou en autres petits bonhommes... Sans doute devons-nous y voir une métaphore de notre société de consommation, peuplée de gens aux yeux plus gros que le ventre qui veulent tout transformer en or, sous peine d'être parfois dupés par leur propre gourmandise. Le petit bonhomme mange et mange et remange des "poissons-argent", ébloui (mais pas rassasié) par tant de fortune qui s'amasse à ses pieds... Mais dès…
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Nostalgie
Pour la génération de votre serviteur, dont l'enfance coïncide avec l'apogée des studios de la rue du Lombard, le nom de Belvision sonne encore aux oreilles avec une solennité magique née des émerveillement de l'âge tendre. Un parfum de madeleine aux odeurs mélangées d'encre, de papier et de bonbons qui nous renvoie à la douce époque où, en culottes courtes, nous courrions chaque mardi chercher notre journal Tintin chez le libraire du coin. Une fidélité souvent récompensée par une chique sûre. Belvision, c'est à travers les pages du magazine que nous le découvrîmes. Le studio et l'hebdomadaire faisaient partie…
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Laura Leeson nous apporte l'un des courts métrages d'animation les plus originaux de cette édition 2003. La technique employée est vieille comme le monde mais peu utilisée, à ma connaissance, en animation. Tous les personnages sont créés au moyen de formes en papier plié, selon la technique orientale de l'origami. De multiples animaux qui se confrontent, s'affrontent et changent de forme dans un simulacre d'évolution un peu chaotique et où tout finit en boule. Décor élémentaire, animation fluide, pas de dialogues et un scénario des plus réduits, tout tourne autour de la vie insufflée à ces cocottes en papier, dignes d'un fonctionnaire de première…
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Qu'est-ce que c'est chiant, cette histoire... Jusqu'à quel âge croit-on aux contes de fées ? À l'Atelier Zorobabel, les enfants ont répondu à la question. L'histoire de Hansel et Grëtel paraît bien niaise en tout cas quand papa et maman - le temps sans doute de faire deux, trois courses - les laissent tout seuls dans un petit théâtre où des marionnettes la jouent en boucle...
Lassant, et on ne croit pas si bien dire : écoeurés par la maison en sucre, fatigués de tomber dans le piège de la sorcière, toujours le même, agacés par le repentir larmoyant des parents, les personnages de.... désobéissent à leurs…
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Le sable. La mer. Petit à petit, le vent se lève, charrie feuilles et coquillages, en ensevelit d'autres. Une brise qui déblaie la plage, lui donne sans cesse un autre visage. Sur ces bases fragiles et malléables, jamais à l'abri des éléments naturels (le vent donc, mais aussi la marée), l'homme a souvent bâti des empires, qui s'effondrent plus vite qu'un château de cartes (de sable, ici...). Comme un géant aux pieds d'argile, l'homme s'est cru, une fois tapi derrière ses remparts cimentés (faits avec du sable...), invincible. La nature se déchaîne, et tout s'écroule. Une revanche, sans doute : à force de se voir piétinée,… Lire l'article
Chaque matin, loin dans le nord, l'esquimau sort de son igloo, creuse un trou dans la glace, s'assied au bord et lance sa ligne. La nature lui procure quelques poissons qu'il ramène dans sa cahute en Frisko, où Madame Esquimau l'attend, la poêle sur le feu, prête pour le frichti. Et ainsi s'écoule la vie de l'esquimau, paisible et monotone, rythmée par l'alternance des saisons : l'hiver succédant à l'hiver, la glace à la glace et les colins aux cabillauds. Jusqu'au jour où Monsieur Esquimau se chope une allergie au poisson, en a soupé du fish stick : ras la capuche de l'anorak! Et Madame a beau s'escrimer sur sa friture, varier la bouillabaisse,… Lire l'article
En ce mois d'avril, un film d'Alain Corneau qui adapte un livre d'une romancière bien de chez nous mais qui se passe aux antipodes.
Tout le miel d'Amélie
Romancière adulée depuis plus d'un lustre, notre Amélie Nothomb nationale (on a bien le droit d'en avoir une, hein M'sieu Jeunet !), n'avait encore jamais fait l'objet d'une adaptation au cinéma (1). C'est aujourd'hui chose faite pour l'un de ses romans les plus populaires. Ayant vécu ses 5 premières années au Japon, Amélie (l'héroïne du roman, largement autobiographique) en a gardé un tel émerveillement qu'une fois adulte, elle ne pense qu'à revenir s'y…
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Yippie, une histoire de cow-boys et d'indiens ! Nick est un petit garçon qui se rêve en Buffalo Bill des cours de récré, à dégommer les Peaux Rouges après l'école. En croquant ses rêves d'enfant du Far West dans les marges de ses cahiers de devoirs, Nick s'invente une autre vie, pour échapper aux quolibets de ses camarades, et aux adultes qui le toisent. Mais petit à petit, ses rêves rejoignent la réalité...
Yves Bex est sorti de la KASK il y a maintenant 10 ans, mais Desperado est son premier film d'animation d'envergure. Pour rendre au mieux l'univers fantasmé de Nick l'apprenti-shérif, Bex a choisi le cellophane et le pastel - une…
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Noir et blanc pour un plan fixe, sur un arbre et son amour éternel pour un petit bonhomme, et Dieu sait que l'amour change et prend de drôles de formes, en grandissant. L'arbre continue à donner, l'homme à prendre. De "Boom die gaf" c'est l'arbre qui donnait même sa chemise, par amour, et qui donnerait jusqu'à sa vie...
Intime, touchant dans sa simplicité, Cliff Laureys (Ritz) épure son récit comme son trait rare : douce, sécurisante, la voix de l'arbre qui se penche pour entendre les rêves et les confidences emprunte la mécanique de répétition de la fable, proposant ses pommes à vendre au marché pour quelques sous d'argent de poche,…
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"Réveillez la bête qui est en vous", disait la pub : Eric Peeters, en réalisant ce Beestig Dagje plein d'allant et de clins d'oeil tordants, semble avoir bien compris le message. En sept minutes et le triple d'animaux, il nous énumère joyeusement nos tics bestiaux en nous montrant vaches, cochons, pingouins et gorilles dans leur quotidien le plus cliché... Ce quotidien que les grammairiens (et les gardiens de zoo) ont sans doute observé pour inventer les expressions de "chaud lapin", de "malin comme un singe" et de "bonnet d'âne".
Beestig Dagje commence donc au petit matin avec nounours qui se lève, pour se terminer au coucher du soleil, quand l'homme se couche. Entre les deux, on aura vu un crocodile…
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