Exclusion
Pour insister encore un peu plus (car ce ne sera jamais assez) sur cette réalité mondiale qu'est l'exclusion, Jasna Krajinovic nous entraîne, quant à elle, sur la trace de deux femmes de Bosnie. L'une, Saya, est âgée et orthodoxe. Mira a 17 ans et est musulmane.
Parce que la guerre a détruit leur maison et les a poussées à fuir, toutes les deux ont du réapprendre à vivre loin de leur réalité et de leurs familles. Elles occupent des maisons qui ne leur appartiennent pas. Faute d'argent, ces personnes ne peuvent ni bouger ni reconstruire. Mais le pire c'est que les propriétaires réclament aujourd'hui leur bien. Et le spectre de l'exclusion…
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C'est encore d'expulsion qu'il s'agit dans le documentaire de Paola Stévenne, Terres de confusion. Nous voyageons en compagnie de la réalisatrice, à partir des côtes marocaines en direction de l'Allemagne. Nous faisons escale en Espagne, en France et en Belgique en compagnie d'hommes et de femmes à la recherche d'un avenir meilleur sur le continent européen. Mais des personnes qui ne voyagent que suivant le bon vouloir des autorités, vers un avenir incertain et la crainte d'un retour au pays.
Ce qui frappe dans le propos de ce film, c'est la force avec laquelle ces humains croient en ce rêve qu'un mauvais pas vient pourtant trop souvent briser. Ni la peur, ni l'échec ne les…
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Le père de Sylvia Rezsek est Hongrois d'origine, mais il est venu s'installer en Belgique après la Révolution d'octobre 1956. Sa fille ne connaît la Hongrie que comme pays de cocagne - les vacances, les tantes souriantes et le soleil. Et grâce aux films Super 8 de son père. Sans doute sont-ils à l'origine de son envie d'en savoir plus sur ses racines, d'où cet À mon père épistolaire adressé à cet homme qui a quitté les siens pour se refaire une vie, ailleurs.
"Je ne pourrai jamais imaginer la douleur provoquée par ton départ. Mais le rejet que tu as pour tout ce qui ne te ressemble pas m'a fait croire que ta vie était…
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Un étonnant film « carnel »
Pour qu'une oeuvre soit intéressante et fondatrice, il n'est pas nécessaire qu'elle nous plaise. Mais il faut qu'elle nous interpelle, suscite réflexions et débats, provoque des remises en cause. De ce point de vue, Delphine Gleize a incontestablement accouché d'un film intéressant et fondateur. Déjà la polémique fait rage entre ceux qui n'y voient "qu'une logorrhée de formes qui s'entrecoupent pour finalement ne rien dire"(1) et ceux qui considèrent le film comme "un chef d'oeuvre, un coup de maître", "un voyage charnel et cérébral qui, au delà de sa virtuosité narrative, révèle…
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À la frontière
"Saleté, souillure, infection". Des mots qui renvoient brutalement à cette idée de maladie, de contagion, de contamination, avec cette nécessité de se prémunir, de se défendre, de mettre en quarantaine, d'isoler, d'enrayer, d'éradiquer. Des mots qui recouvrent celui qui se targue de son bon droit d'être sain, en bonne santé, bien portant pour désigner l'autre, l'entièreté de l'autre, comme malsain, mauvais, nuisible, avec tapi dans l'ombre ce sentiment de menace, de danger et de mort.
Des mots qui disent la peur de l'un, son évidente fragilité, et la misère de l'autre, son impossible condition.…
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Un pasito pa lante, dos pasitos pa tras
C'est un film simple, sur des gens simples, qui vivent simplement, une vie sans frasques, confrontés à une situation économique absurde, provoquée par un système politique pourtant démocratiquement élu, vingt ans de démocratie déjà !
Quelle misère, ma mère !Un, dos, tres, un, dos, tres... Buenos Aires querida, pasión de vida, pasión de baile.Qu'est-ce une vie sans passion ?"Des jeux et du pain !", serait-ce tout ce qu'il faut pour combler le peuple ? C'est sans compter sur la force de l'art ; l'art de vivre, l'art de danser."L'Argentine, c'est le foot, le boeuf et le tango".
Quand…
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Parler du film, c'est d'abord dire qu'il s'agit d'un parcours. Un film sous forme de visite, celle de l'ancienne prison de la Stasi en ex-RDA, aujourd'hui transformée en musée, en présence de deux ex-détenus. Et cette marche, au travers de ce huis clos, est l'expression de l'absurde, de l'enfermement lui-même. Une sorte d'errance, de perdition qui se cogne aux portes, aux murs de l'enfermement. Réalisé en super 16, le film se compose en majorité de plans fixes alternant avec de longs travellings qui nous donnent cet impression de traversée de longue haleine où le spectateur est à la fois guidé et livré à lui-même. Les cinéastes…
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Un art du voir et de la subversion
Qui dit téléfilm, pense bien souvent, absence de qualités. Péjorative, cette appellation est devenue synonyme de fast film, scénario simpliste, situations clichés, personnages modèles, psychologie primaire et écriture prémachée. À tel point que face à certains téléfilms, le spectateur ne peut que s'écrier : mais ce film, je l'ai déjà vu, et de s'en trouver rassuré ou totalement exaspéré suivant ce qu'il attend du cinéma. Heureusement, il est quelques cinéastes pour mettre à mal ce genre de préjugés, des cinéastes qui loin de se laisser conforter par…
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Dix ans après Babel / Lettre à mes amis restés en Belgique, Boris Lehman nous livre avec son Histoire de ma vie racontée par mes photographies ce qui apparaît très vite comme le deuxième volet de son grand oeuvre cinématographique. Histoire de ma vie se compose de quatre parties, quatre bobines, pratiquement interchangeables, comme si l'unité de l'oeuvre se devait de signaler la cohérence de chacun des éléments qui la composent. Comme si Boris Lehman, dans sa volonté d'un ordre aléatoire, rappelait qu'un film se doit de ne jamais se clore.
Work in progress, il doit posséder cette part d'inachèvement qui, dans son élaboration,…
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De l'urbanité révélée
Passer de l'instant subtil de l'art photographique à la durée magique de la mise en fiction cinématographique est chose périlleuse. Rares sont ceux qui s'y sont risqués avec succès. La faillite d'un tel projet surgissant entre autres de la soumission des enjeux du cinéma au contenu déjà connu de l'expérience photographique. Comme si alors le cinéma fonctionnait comme seul faire valoir d'un sens et d'une émotion lui préexistant. Comme si l'acte cinématographique se résumait à réfléchir la démarche photographique en un jeu de miroir où s'épuise sa pertinence…
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Peut on changer notre destinée ? Guider, suivant son propre rythme, les mouvements de notre histoire ? Peut on transformer la manière dont nous avons été façonné par notre héritage familial et social ? Le Troisième Oeil, le premier long métrage de Christophe Fraipont, nous apporte un début de réponse.Il nous raconte le parcours de deux jeunes qui vont se croiser et unir leur histoire.
Michaël a 19 ans. Il est emprisonné pour un délit mineur. A l'occasion de l'enterrement de sa mère, il se fait la belle. Il veut retrouver son père qu'il n'a jamais connu. Malika est une jeune maghrébine qui veut se détacher de sa famille, et de ses traditions…
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Vous vivez une situation que vous croyez injuste et désespérée ? Allez voir Hop ! Ce film, 100% belge, vous redonne l'espoir. Vous redécouvrez la force de l'amour et de l'humour qui soulève les montagnes. Et dorénavant, chasser les éléphants, entre autres soucis, deviendra pour vous un jeu d'enfant.
Pour son premier long métrage, Dominique Standaert a choisit l'humour, teinté d'une très grande sensibilité, pour nous parler du combat permanent qui existe entre deux entités en apparence différentes. L'enfant et l'adulte, le bien et le mal, le peuple et la loi, les réflexes de haine qu'inspire le racisme et l'humanisme…
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Dès la lecture du titre, l'auteur du film nous place face à un dilemme : celui du plus que deux : faut-il prendre et comprendre ce"plus" comme additif ou négatif de la notion de "que deux" ? Le film débute sur une scène familiale, la mère, le père et les deux fils s'apprêtent à commencer le repas du soir et tandis que le père coupe le rôti il s'effondre victime d'une crise cardiaque.L'ensemble du film, muet a part quelques chants d'enfants, entretient ce climat de non-dit, une absence de communication et donc de dialogue qui plonge, le spectateur, dans cet espace malsain de la relation impossible ou interdite. Quatre plans sur le visage fermé de la mère suffisent pour…
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Barrières
Le flux d'images télévisuelles apporte quasi quotidiennement son lot d'images sur le conflit du Proche Orient, sur la violence qui s'y déchaîne au risque d'anesthésier le spectateur. D'où l'importance des photographies de Bruno Stevens sur la seconde Intifada. La photographie donc qui par son économie de moyens, son point de vue, son rôle iconique rend essentiel la réalité et est, sans doute plus efficace, que maints reportages effectués à la sauvette par la télé, c'est-à-dire sans arrêt sur image, sans laisser au temps de la réflexion de s'installer.
Barrières. Jamais film n'a mieux mérité…
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Le monde du travail, c'est la guerre !
Si d'aucun nourrissait encore quelques doutes sur la marche catastrophique du monde du travail, le film de Laurent Hasse, Sur les ruines du vieux monde, est là pour leur faire un sort : ça va mal, très mal et c'est pas près de s'arrêter. Laurent Hasse est originaire de la vallée de la Fench, nord-ouest de la France, sidérurgie lorraine, mines et traditions ouvrières. Son lycée terminé, il a quitté sa région pour s'en aller étudier le cinéma et quelques dix ans plus tard, c'est en cinéaste qu'il revient avec ce projet de faire le point, de risquer un bilan entre démarche anthropologique et approche…
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