Le vieil homme et la terre
Dans un nouveau rôle d'affreux petit con sans conscience ni scrupules, Benoît Poelvoorde revêt cette fois la panoplie très belge de l'organisateur de courses cyclistes : pris de court par un désistement de dernière minute, il bave frites et mayonnaise et débite ses âneries devant le home où il vient dénicher un remplaçant bénévole...
Déjà primé un peu partout, Le Signaleur est pourtant très loin de se limiter à un dernier sketch du fameux Ben... Poésie de la rime visuelle : sur le visage absent du vieux, les rides profondes l'associent aux sillons des champs où la camionnette le dépose avec brassard…
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La maîtresse du hasard
Rappelant le Charles Denner de L'homme qui aimait les femmes, Etienne (Licinio Da Silva) est un doux rêveur qui promène son regard naïf et innocent de jolies blondes en jolies brunes.
A l'affût d'un sourire timide ou d'un coup d'oeil en coin, il déambule en cet après-midi d'été, à travers un Bruxelles lumineux et surréaliste : plusieurs fois, d'étranges coïncidences mettent sur sa route une jeune fille aux airs candides, puis empêchent le contact.
Heureusement, par un même et magique concours de circonstances, ils se trouveront enfin. Il était temps : ce grand enfant qui ne peut se résoudre à dormir seul…
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Baptiste, muet comme une ca
Vous ne supportez plus la solitude ? Sous le couvert d'une farce absurde, Yves Cantraine vous aura prévenu : ne prenez surtout pas un poisson rouge !
D'accord, c'est propre, mais quand il s'appelle Baptiste et que ce boudeur ne daigne pas vous accorder le moindre regard ni faire une vaisselle, il y a de quoi péter les plombs.
Poussé à bout de nerfs, hirsute et mal rasé, le regard vitreux et hagard, on frise la dépression, et il faudra trouver quelque part au fond de vous la force d'en finir, de jeter par la fenêtre cet aquarium dans lequel, en fin de compte, vous vous parlez à vous-même. Ce premier avril, Baptiste fait sur le trottoir ses ultimes…
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Poste Restante
C'est le film la Carte postale de Vivian Goffette, sélectionné à Clermont-Ferrand, qui a obtenu le Prix Canal + de cette 18ème Compétition Nationale du Court Métrage. Hautement convoité pour ses retombées en termes d'audience (la diffusion des oeuvres est assurément un souci majeur pour les court métrages), ce prix consiste en l'achat des droits du film pour un passage télé.
La Carte postale débute bien évidemment autour d'une carte. Postée aux Antilles, elle est adressée par un père à son fils. On saisit rapidement que la mère et son enfant s'apprêtent à partir pour la messe des funérailles du père…
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Dark Crystal
Troisième court métrage du réalisateur d'origine luxembourgeoise Dan Wiroth, présenté au 25ème Film Festival Brussels, le film Fragile a reçu le Prix Sabam du 25ème anniversaire.
Dan Wiroth a délaissé l'animation traditionnelle après Berlin 2017, son travail de fin d'études à la Cambre, lui aussi déjà primé au Festival de Bruxelles en 1996.
Dans Crucy-Fiction, réalisé en 1997, un premier film auto produit et couvert de prix, il mettait en scène l'improbable danse de couverts en inox.
Pour Fragile il a choisi comme défi de mettre un matériau peu exploité en animation : le verre, mis en mouvement grâce…
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Le diable en liberté
Instigateur de la fameuse émission Strip-tease, Manu Bonmariage s'inscrit dans la veine du documentaire et du cinéma direct, dont on a souvent dit qu'elle est une tradition sur notre terre sociale.
Lorsque Amours fous fait revenir ce baroudeur sur les lieux de son enfance, c'est pour lui l'occasion d'exorciser la peur qu'il avoue avoir ressentie lorsque, gamin, il entendait les horribles cris venant du centre psychiatrique tout proche. Pourtant, s'il est bien question de malades mentaux, c'est surtout de l'Amour que traite l'un des documentaires les plus personnels du réalisateur... Qui mieux que les fous peut en parler avec autant d'émotion sincère et spontanée, sans…
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Femmes au volant !
Avec Nitro Nicky de Marko "KR" Lagoon, on plonge dans l'univers bédéiste aux couleurs électriques des "pulps" américains. Rythme effréné pour cette course plein pot entre la reine de la vitesse, bombe sexuelle au volant de sa Mustang, et un motard hell s angels qui a osé la mettre au défi sur ses propres plates-bandes désertiques.
Chacun y va de ses commentaires "scatorduriers" (en face caméra, bien sûr !). Un pastiche sexy-kitsch d'un Mad Max belgo-déjanté (revu par Russ Meyer ?), qui décoiffe jusqu'à la scène finale : femme fatale et mauvaise perdante, elle déhanche un arrière-train d'enfer et…
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Le premier long de Manuel Gomez est avant tout l'accomplissement de son travail de court-métragiste sur le thème des sept péchés capitaux. Peccato est en fait le lien de sept histoires en images, pendant des sept scènes du tableau du brabançon visionnaire. C'est donc un film à sketches, certains repris purement et simplement de courts métrages déjà connus, d'autres inédits, réalisés pour l'occasion. L'unité du film se ressent bien sûr de cette diversité mais en contrepartie, quel foisonnement.
Un mysticisme terrien
Au-delà de la démonstration d'un savoir-faire incontesté, s'exprimant à travers des techniques multiples,…
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Mort sur Ordonnance
Le Prix du Meilleur Directeur Photo à été attribué à Dennis Nap pour son travail en noir et blanc sur Jewish Boxing de Stefan Van Den Eede. Filmé en grande partie dans le décor formidable d'une pharmacie de nuit, le film nous plonge dans l'ambiance noire des polars américains des années cinquante.
De contre plongées en jeux d'ombres, le réalisateur sculpte les visages de ses acteurs et nous renvoie durement la gueule des intervenants de ce braquage foireux.
Le jeune étudiant de garde dans la pharmacie se voit tiré de ses bouquins par des malfrats résolus à le dépouiller mais, feignant la peur et la docilité, le gentil plouc va leur réserver…
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Family life
Avec De Suikerpot, le regard (féminin) remarquable de justesse de Hilde Van Mieghem s'immisce dans l'esprit des enfants battus. Un esprit déroutant et dérouté, qui culpabilise et protège son bourreau.
Pleine de bonnes intentions, la petite Kristien (époustouflante Aline Cornelissen) cherche à gagner l'affection d'une mère hystérique et dépressive. Elle ne commet que gaffe sur gaffe et ne reçoit pour toute explication que coups et cris. Ce matin-là, les parents dorment encore, le sucrier est bien rempli, la table est mise : elle a quelque chose à se faire pardonner. Mais la cafetière a fondu : crise de nerfs...
A travers cette histoire d'enfant battue, la…
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Le récent Festival International du Film Francophone de Namur programmait dans sa section documentaire les derniers films de Marta Bergman et Frédéric Fichefet, programmation attendue quand on se souvient du remarquable Bucarest, visages anonymes qu'ils cosignaient en 1994.
Dans Un jour mon prince viendra, Marta Bergman fait en pointillé le portrait de trois femmes roumaines qui par le truchement d'agences matrimoniales tentent de rencontrer l'amour et de quitter leur pays pour se marier à l'Ouest. Trois portraits qui sont autant de prétextes à interroger subtilement notre conception du mariage et sa faillite en termes de solitude. Dès la première séquence, Marta Bergman retrouve cette manière…
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"Pour connaître le monde, connais-toi toi-même." (Exorde aux humains venus chercher la vérité dans les Oracles de la Pythie de Delphes)
Charles Cuvelier est un homme qui a réussi. Parfait archétype du grand fauve des années 90, à qui l'agressivité, le mépris, la rudesse et l'égoïsme tiennent lieu de valeurs refuges, et grand spécialiste de l'art du paraître. Mais son super-costard, son coupé Mercedes bleu électrique avec GSM cachent mal qu'il n'est plus que la caricature de lui-même, à la poursuite du vent. Plongé dans une situation qui lui échappe, prédateur devenu proie, il devra déployer toutes ses ressources pour se…
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Le Chiapas, Thierry Zéno le connaissait bien avant 1994. En 1992, il avait réalisé Chronique d’un village Totzil, résultat de huit années d’approche d’une communauté d’Indiens Totzils, une des dernières tribus descendant des Mayas, vivant dans les montagnes du Chiapas, au Mexique.
Dès qu’il apprend la révolte paysanne, il décide de se rendre sur place pour témoigner des conditions de vie épouvantables qui ont poussé ces indiens méprisés que tout le monde croyait résignés à leur sort à se transformer en Armée Zapatiste de Libération Nationale.
Mais surtout, il entend leur donner la parole. Car si tout le monde connaît…
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Sans économie
Philippe Simon est un drôle de pistolet. Cinéaste, libraire à l'occasion, voyageur impénitent (cinq mois par an il parcourt le monde à pied, sac au dos), critique de cinéma (les lecteurs de Cinergie connaissent bien ses emportements), il n'arrête pas de bouger et de s'exprimer. Les titres de ses films en disent long sur ses convictions : Tu peux crever, Flinguez-moi tout ça, On est tout seul dans son cercueil. Le petit dernier, Sans réserve, une vidéo de 50' lui ressemble en tout point.
Le premier plan annonce le propos du film sans ambiguïté : un mur qu'on démolit, en voix off : "je pourrais commencer par ce rêve". Gros plan sur les yeux de Géronimo,…
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Cette volonté d'expliciter son sujet, qui ramène souvent la démarche documentaire à un travail trop didactique, nous la retrouvons à un autre niveau dans le dernier film de Frédéric Fichefet. Dans Al Qantara ou vacances d'exil, ce dernier s'attache à suivre Moktar, travailleur marocain immigré en Belgique et qui, à toutes les grandes vacances, retourne au Maroc.Très vite, il cerne le sujet de son film, l'exil, ici, là-bas et pour toujours.
Très vite, il trouve une mise en scène adéquate et un point de vue personnel qui créent tension et intérêt et font exister personnages et voyage. Hélas, une fois au Maroc, Moktar lui échappe, refuse…
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