Amazing Grace d'André Colinet a obtenu une mention spéciale ("pour la liberté totale de l'entreprise") à la sixième Biennale Internationale du Film sur l'Art qui s'est déroulée au Centre Georges Pompidou en décembre '98. L'occasion pour nous de parler d'un réalisateur secret qui nous livre un peu, beaucoup, énormément de lui-même.
Au détour d'un plan muet où l'on voit Marcel Piqueray dédicaçant une plaquette de poèmes à l'une de ses lectrices, on découvre les amis de toujours, Boris Lehman (qui, face caméra, prend une photo du réalisateur), Michelle Blondeel (qu'est-devenue la co-réalisatrice…
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Difficile de rêver, dans une banlieue industrielle quart-mondiste. Avec Rosie, Patrice Toye débouche les premières Jupilers et allume les premières Bastos d'une gamine de treize ans, maquillée et sapée en pute de HLM. Elle ne fait d'ailleurs qu'imiter sa jeune mère, dont le portrait n'est guère plus reluisant : par crainte de faire fuir les amants racolés et maris potentiels, Irène se fait passer pour la grande soeur, et lui interdit de l'appeler maman. D'accord, le prince charmant n'existe pas! Pourtant, parvient-on jamais à ravaler vraiment ses illusions?
Alors, sur les aqueducs rouillés où elle s'évade, Rosie dévore les contes à l'eau…
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La gravité du sablier
Quand on voyage, c'est comme cela, on fait des rencontres, on partage des instants, on noue des amitiés, on fait des promesses.
Et puis de retour chez soi, comme tout cela paraît loin parfois. C'est ainsi que Thomas reçoit une lettre de son ami Ali lui rappelant l'engagement, pris dans de telles circonstances, de venir filmer son mariage au fin fond du désert marocain. Et voilà notre Thomas bien embêté sur les pistes sablonneuses, assailli de doutes sur le sens de sa présence là-bas. Et quand sa voiture de location finit par tomber en panne, le laissant seul au milieu du désert, sans aucune chance d'encore arriver à temps pour ledit mariage, le comble de l'absurde…
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Dans la sélection de ce 20ème festival figuraient très peu de documentaires. Mustafa Balci, réalisateur d'origine turque du film Toprak, a pourtant conquis un public exigeant ainsi que le Jury qui lui a décerné le Prix du meilleur premier court métrage de reportage.
Toprak, "La Terre" en turc, relate le voyage du réalisateur dans le village d'origine de sa famille, l'été dernier.Ses parents ont immigré en 1971 en Belgique, non pour des raisons économiques mais pour éduquer leurs enfants et, depuis deux ans, ils sont retournés en Turquie, sur leurs terres.
Filmées avec finesse et dans une lumière superbe, les scènes immuables de la vie des champs suivent des…
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Dans l'aube pâle, une rangée de cuberdons s'éveille... L'autoroute est déserte, les oiseaux chantent. Et les "petits clous", moqueurs, de tirer la langue - eh eh ! - au premier rhino-routier qui les évite de justesse et s'écrase dans le décor pastel de Pascal Adant.
Moins drôle: le chauffard suivant les frôle de si près qu'à la limite de l'infar', ils s'épongent le front et claquent des dents. Et ce n'est que partie remise: éjectés tour à tour à mille kilomètres à l'heure, ils n'iront pas tous éborgner la lune et faire un clin d'oeil à Méliès.
Parfaitement alignés, ce…
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Puisque le court est un jeu et une folie !
Prix du public, l'accrocheur et surprenant film de Pascal Rocteur (No Film) fourmille d'idées plus cocasses les unes que les autres : en face caméra, une souriante et sublîîîme ouvreuse du Vendôme vous invite à la suivre dans le métro Porte de Namur, jusqu'à la paisible "trois façades avec jardinet" d'un héros merveilleusement débile.
En cette veille de Noël, comme tous les matins, le petit fonctionnaire salue sa femme - bigoudis et peignoir rose - et se rend au boulot. Grosses lunettes et moche cravate, ce peseur de trombones (il en faut) se joue de tous les périls : au ralenti, sous trois angles de vue différents,…
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Pantalon orange et veste de training étriquée d'un bleu électrique, les cheveux au vent et les yeux de perpétuel endormi, Georges adooore le cinéma. Sous filtre sépia, il rêve d'une haletante bande-annonce : l'une belge, l'autre arabe, deux jeunes filles s'aiment, avec tendresse, et au-delà du reste...
Idéaliste dégingandé, ce néo bab' peut bien danser au milieu du salon: il tient son idée, et plane littéralement jusqu'à l'école de ses deux héroïnes. C'est le monde de la rue, des jeunes désabusés et chahuteurs, mais en bon psychologue, Georges de la jungle parvient à motiver sa petite troupe. Acquis…
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Bientôt trente ans, déjà... Vrai petit polar à l'accent belge, Léopold et sa valise met en scène un classique tandem de loosers chicanant. Que c'est triste, un cimetière ? Pour mettre du beurre dans les épinards, deux compères fossoyeurs se font complices de l'une ou l'autre arnaque.
Ce jour-là, dans une fosse fraîchement creusée à côté de la tombe de Mémé, c'est un butin exceptionnel que les deux malfrats de bas-étage comptent mettre à l'abri. Sur la route du braquage, un flash radio leur apprend qu'ils ont été doublés : Léopold a déjà opéré, tout seul. Et c'est…
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Le foulard de la fillette Trop bas sur les yeux Un charme fou(Buson)
Les plus courtes sont les meilleures ? Il aura pourtant fallu à Eric Ledune pas moins de quinze ans de maturation pour décider de la manière d'aborder, sans les dénaturer, les insaisissables Haïkus, petits poèmes japonais à l'écriture légère et spontanée.
Quinze ans pour passer du coup de foudre à la réalisation des douze premiers tableaux, évocations graphiques et sonores d'une quarantaine de secondes à peine... Professeur de dessin, peintre, photographe, ce singulier touche-à-tout étonne à plus d'un point de vue : datant pour certains du XVIIe siècle - âge…
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Pas de doute, plus que Derrick, c'est l'inquiétante étrangeté de Thomas Owen qu'on retrouve dans les images glacées de ce cauchemar éveillé. Et comme l'illustre écrivain, la Fille de la haute dune fait figure d'exception, dans un panorama du polar belge presque aussi désert que la mer du Nord en saison morte.
Sous son imperméable, la trop belle inconnue (Alexandra Vandernoot) était nue : "Je veux vous sentir en moi, très fort !" Diable : 100% chair ! Ils ne seraient pas légion à rester de marbre.
Et surtout pas Philippe (Jean-Paul Comart) : "Vous m'êtes très sympathique !". Peut-être trop sûr de lui, ce dragueur impénitent…
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"Tous les Crétois sont des menteurs, disait Hérodote le Crétois !" Difficile de raconter le fantasque jeu de massacre de The Bloody Olive, parodie du film noir (et blanc) où les complices ne cessent de se trahir, les ennemis de se démasquer et les morts de se relever... Réveillon de Noël 1951. Kitsch, feu ouvert et chandelles.
A l'idée d'un tête-à-tête romantique, Werner (Chapon melon) et Mylène (Bottes de cuir) sifflotent. Dring...Collègue de Werner et troublion de service, Sam réussit son coup : Mylène se tape l'infarctus voulu. Mais alors que les criminels se congratulent, elle rouvre les yeux : Sam l'avait mise au courant du morbide projet de Werner,…
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Quelques boutons de fourrures noires, et pas un sou en poche : Willy Kempeneers n'a pas quinze ans qu'il découvre et s'essaie déjà aux rudiments de l'image par image. Fourvoyé pendant dix ans dans le graphisme publicitaire, il décide un jour de tout lâcher, et depuis son Carré-pas-carré (1980), il enchaîne avec passion l'humour noir et le réalisme glauque, dans des dessins tantôt naifs, ronds et colorés, tantôt durs et hargneux.
Du court métrage d'auteur, et avec la ferme intention de ne faire que ça. Sixième et dernier volet de la série Frissons Noirs entamée en 1990 et inspirée de faits divers réels survenus…
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A vitesse accélérée et au rythme de leurs borborygmes bourdonnant quelque part entre dialecte wallon et Flandre profonde, Eric Blésin promène avec tendresse et ironie ses espèces d'énormes Wilburs aussi naïfs que son graphisme.
Avec ses perspectives déjantées, ses couleurs vives, ses arbres-sucettes et ses voitures pas plus grosses qu'un dé à coudre, l'Arme du crocodile brille dans la comédie policière absurde et rigolote : par amour pour une caricature vivante de gangster mafieux, une jeune femme déguisée en crocodile braque une banque. Avant de rejoindre le QG de la bande, elle abandonne son flingue dans un sac à main, sur un banc public. Mais niais au…
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Le Festival Filmer à tout prix dont la huitième édition aura lieu les 21, 22 et 23 novembre proposera un nombre impressionnant de courts, moyens et longs métrages belges. Nous y reviendrons le mois prochain. En attendant, sans plus attendre, nous vous présentons Black metal le nouvel opus de Marilyn Watelet.
Coucou, fais-moi peur
Dans l'arrière-salle d'un bistrot de campagne, sous une lumière rouge sang, une musique d'enfer appelle le règne des ténèbres et soulève une centaine de jeunes Black métals en une parodie de messe noire et de combats barbares. Pareils à de modernes Fantomas, les Black métals font peur. L'image la plus courante qu'ils donnent d'eux-mêmes…
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Money Jungle
Le cinéma belge (hormis La Promesse, le film passionnant de Luc et Jean-Pierre Dardenne) n'a pas l'habitude d'aborder les problèmes sociaux à la manière d'un Ken Loach ou d'un Mike Leigh en Grande-Bretagne (bien que nous ayons des régions sinistrées qui valent bien Manchester ou Glasgow). En réduisant les programmes d'éducation, de santé et d'intégration sociale, en luttant contre "l'étatisme", le monétarisme ne fait pas qu'accroître la richesse des nations (pour paraphraser Adam Smith) il fabrique toute une population de sans-emploi. La persistance d'un chômage de masse crée des poches de pauvreté, poudrières sociales…
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