Money Jungle
Le cinéma belge (hormis La Promesse, le film passionnant de Luc et Jean-Pierre Dardenne) n'a pas l'habitude d'aborder les problèmes sociaux à la manière d'un Ken Loach ou d'un Mike Leigh en Grande-Bretagne (bien que nous ayons des régions sinistrées qui valent bien Manchester ou Glasgow). En réduisant les programmes d'éducation, de santé et d'intégration sociale, en luttant contre "l'étatisme", le monétarisme ne fait pas qu'accroître la richesse des nations (pour paraphraser Adam Smith) il fabrique toute une population de sans-emploi. La persistance d'un chômage de masse crée des poches de pauvreté, poudrières sociales…
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Le troisième volet de la Vie sexuelle des Belges provoque plus de remous encore que les deux premiers qui avaient connu une sortie normale. Ce qui, loin de déranger le réalisateur, rencontre ses voeux, car le débat tourne désormais autour de la survie du travail dans notre société. Jan Bucquoy : "Il faut couper la tête aux chefs". Jean-Luc Dehaene : "Il faut enfermer Bucquoy, il est complètement fou ". Il est intéressant de prendre le pouls d'une certaine folie, surtout quand elle est dans l'air du temps et quand, comme on a pu le voir lors d'un récent débat au cinéma Nova, elle est contagieuse et fait des petits.
Fermeture de l'usine Renault à Vilvoorde, le dernier…
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Sur les traces de Charles, un brave père divorcé jouant avec son gosse, c'est dans un voyeurisme nécrophile et nauséeux que nous plonge l'angoissant Profil Rouge de Frédéric Dumont, aujourd'hui assistant réalisateur - très assagi - d'un tendre Max & Bobo.
Atmosphère, atmosphère... Avec la complicité plutôt louche d'un inspecteur autoritaire, ce photographe judiciaire complètement obsessionnel collectionne les clichés de cadavres pas toujours très frais, qu'il met en scène avec un goût douteux. Enquêtant ce soir-là dans une boîte New Wave aux airs de temple satanique, il déjoue la surveillance de son partenaire - antipathique…
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Présenté à la cinquième édition du Cinéma Méditerranéen qui s'est tenue en novembre 1998 au Botanique, Keswa, le fil perdu, le film de Kalthoum Bornaz était également présent au Festival du Film Francophone de Namur. Ce fut l'occasion pour nous de rencontrer la réalisatrice.
Première scène : Nozha, l'héroïne du film, couchée sur un lit, se débat, pieds et mains liées, enveloppée dans une moustiquaire et tentant vainement de téléphoner. On entend des voix et des rires de femmes à l'extérieur. Soudain, un homme apparait, s'empare de la jeune femme et l'emmène comme un vulgaire paquet. Je…
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Prix TV5 du meilleur documentaire francophone et Prix de la Fondation Bruno Mersch - décernés dans le cadre du Festival International du Film Francophone de Namur, 1998 -, Sida d'ici et de là-bas met en scène deux femmes, membres d'associations militantes pour la défense des droits des séropositifs et la conscientisation sur les dangers de contamination, veuves de maris séropositifs et toutes deux atteintes par le virus depuis plus de dix ans.
L'une, Isabelle, habite la Belgique, l'autre, Maman Aline, le Congo. Elles ne se connaissaient pas mais sont amenées à se rencontrer grâce à Pierre-Yves Vandeweerd, le réalisateur du film. Elles s'écrivent, apprennent à se connaître,…
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Pour leur neuvième film d'animation, Les Baltus au cirque, Stéphane Aubier s'est à nouveau adjoint la collaboration de Vincent Patar et Vincent celle de Stéphane.
Des films d'animation primés dans tous les grands festivals approchant différentes techniques dont le premier remonte à ... 1988.
Les années passent mais impossible d'oublier Saint Nicolas chez les Baltus ou encore les épisodes délirants de Pic Pic André Shoow. Percutant de face les habitudes et les traditions, Patar et Aubier décident de doubler leurs héros dans le wallon verviétois le plus cru et leur font adopter des attitudes toujours plus rockn'roll tandis que la bière coule à flot à…
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Le film s’ouvre sur l’arrivée de Marthe, 80 ans, dans une maison de retraite.
Un plan circulaire sur les veillards qui tapent tristement le carton sur la table de la salle communautaire nous montre par comparaison la fraîcheur pétillante du regard de la nouvelle arrivante.
L’infirmier qui l’amène à sa chambre entame une conversation avec elle. Très vite ils viennent à argumenter sur des sujets aussi cinématographiques que : peut-on choi sir le moment de sa mort, celui de sa naissance ? Quelles peuvent en être les implications ?
Les questions et le dialogue s’éclairent de flash back transformant ce qui aurait pu être un pensum supplémentaire en fable surprenante bourrée…
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Ketchup débute au coeur d'un restaurant très animé où la caméra tourne avant de s'attarder sur un groupe de jeunes en plein débat ou tel couple en pleine discussion sentimentale.
L'astuce, et le défi, des deux réalisateurs est de nous entraîner dans un tourbillon de rencontres et de situations avec pour seul prétexte d'articulation le passage de table en table grâce à une bouteille de ketchup.
Chaque mini-séquence est prétexte à un numéro d'acteurs autour de la variable amour, plaisant programme. Outre la conception et l'écriture de cette succession de cas de figure qui forcent l'admiration, la réussite de Ketchup vient de ce que les…
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Cela peut faire penser au récent Western de Manuel Poirier, mais c'est de Frédéric Fonteyne, et ça s'appelle Max & Bobo, autre fraîche et vivifiante variation sur un duo aussi attachant qu'improbable. On dirait qu'en cette froide fin de millénaire, de "jeunes" réalisateurs, témoins de la pagaille et d'une course vaine, quittent les studios exigus pour se pencher avec simplicité sur les errements d'une nature humaine vagabonde. Petite vie d'un bande-mou : "Je me prenais pour le roi du monde. Mon salon de coiffure marchait bien, Chez Massimo était connu de toute la ville. Je croyais avoir de l'or au bout des doigts, mais j'ai dû tout revoir un peu à la baisse."
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Je est un autre
Un film n'existe pas sans les acteurs qui donnent chair aux personnages, qui les font vivre à l'écran et émeuvent le spectateur. C'est donc un métier essentiel dans la réalisation d'un film, un métier qui le porte sur ses épaules, pourrait-on dire. Sans la présence, l'incarnation des acteurs, le cinéma serait réduit à une sorte de Play Station géant.Dans les magazines (la presse à sensation qui se baptise "d'émotion") ou de programmes télé, on parle beaucoup de la vie privée de quelques-uns et peu d'un métier pourtant passionnant qui demande à celui qui l'exerce un investissement affectif, un choix de vie…
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Bruxelles, Noël 1953. Rosa et son mari Alfred accueillent le frère de Rosa qui a réussi en Amérique et vient leur rendre visite. Pour lui faire honneur, Rosa a acheté une dinde qu'elle demande à Alfred de plumer.
Mais cette dernière est livrée vivante. Et tuer une dinde, quand on n'a pas l'habitude et l'âme un rien sensible, ce n'est pas de la tarte.
Tourné par un juif, autour d'un couple de petits juifs, La Dinde est un petit joyau d'humour juif, fait d'une fine observation des petits travers de la vie quotidienne et d'un gros canular aux relents symbolistes appuyés. C'est un regard attendri que Sam Garbarski et le scénariste Philippe Blasband portent…
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La nostalgie, camarade
Au début de ce siècle, l'industriel belge Ernest Solvay développe une théorie radicale de la vie sociale basée essentiellement sur la productivité et le rendement maximum. "Le bien est tout ce qui favorise la production intégrale et le mal tout ce qui la contrarie". Cette "nouvelle" morale, Ernest Solvay va la mettre en pratique en créant un peu partout dans le monde des phalanstères voués au culte totalitaire du moloch productiviste.
Il conçoit ces communautés comme des gros villages centrés autour de l'usine avec un quartier ouvrier, des rues pour les contremaîtres, une allée où résident les ingénieurs et un peu à l'écart,…
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Cette tache rouge dans l'or des blés, c'est la chemise d'un homme qui s'avance vers la caméra. Il est en pleurs. A bout de forces, il titube. Il se cache. De lui, on ne saura rien, sinon que sa souffrance l'a coupé du reste des hommes. Il n'a pas de passé, pas d'histoire. Recueilli par un pasteur en route vers sa nouvelle affectation, il semble s'humaniser un peu.
Toutefois, lorsque son bienfaiteur lui fait des avances, il réagit à nouveau comme une bête bloquée dos au mur. Il tue le pasteur et prend sa place. Mais ce qui le poursuit sera décidément trop fort : la culpabilité, et ce désir masculin qu'il fait naître parce qu'il le porte en lui, mais…
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Elle a toujours voulu faire du cinéma mais elle passe d'abord une licence de philologie romane à l'ULB avant de sortir réalisatrice à l'IAD. Produit par l'AJC, Vacance, son premier court métrage, inspiré d'un fait vécu est très écrit. Pour elle, l'écriture nourrit et donne vie au film.
Après un stage à la RAI, Need Productions produit Surveiller les tortues, son second film dont le titre est inspiré d'un texte de Jean Paulhan. Basée sur une histoire vraie, ce récit d'un deal pour une maison ou des êtres se côtoient sans vraiment communiquer entre eux est interprétée par un Arno étonnant de vérité.…
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Vieillir, devenir vieux. Le temps qui s'étire, se morcelle, revient en fragments de passé, sédiments de mémoire qui conjuguent déjà à l'imparfait un présent ouaté, tremblé de petites luttes, de fragiles conforts, avec cette lente expulsion vers la marge, vers l'oubli et parfois ce dernier refus, comme une façon de dire, malgré le temps perdu, qu'on est toujours vivant.
Palabres et chuchotements
Troisième âge. Comment rendre compte de cette aventure si commune, si courante et pour laquelle personne n'est réellement préparé. Comment rendre sensible la vieillesse sans pour autant verser dans les lieux communs de la bonne conscience ou du mépris…
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