Chaque homme dans la nuit…
L’œuvre de Mahamat-Saleh Haroun développe les motifs de la disparition, de la trace qu’elle laisse chez ceux qui restent, et à travers ces passations manquées, de la transmission. Mais parce que tous ses films se passent dans son pays, au Tchad, déchiré depuis des années par la guerre civile, ces questions intimes deviennent éthiques, élaborées au sein d’une histoire collective violente, qui les porte et les dépasse. Son quatrième long métrage, récemment récompensé du Prix du Jury au Festival de Cannes, s’empare à nouveau d’une destinée individuelle prise dans la tourmente commune. Plus sombre que son film…
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Nous rencontrons le réalisateur et la comédienne d'Illégal, un film duquel on ne sort pas indifférent. Au-delà du sujet en forme de coup de poing, la mise en scène, le cadre, le jeu d'Anne Coesens qui porte littéralement le film, en font un exemple de maîtrise de réalisation du cinéma contemporain.
Rencontre insolite dans une librairie-restaurant, entre rayons de magazines et lait russe.
Cinergie : Olivier, qu’est-ce qui t’a poussé à faire un tel film ? Olivier Masset-Depasse : J'ai écrit ce film, mais c'est lui qui m'a fait. C'est au détour d'un sujet télé sur les centres fermés. Soudain, j'entends…
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Aaaah, les hormones ! Quand on est ado, elles gigotent dans tous les sens. Et quand on a la trentaine, aussi. Surtout quand on est enceinte. Dans les deux cas, il faut bien appréhender l’instant présent et faire avec.
Le gamin est tout chamboulé. Pour lui, son père est mort de multiples manières depuis belle lurette et il est éduqué, tenu, chouchouté, aimé… par sa mère qui se débrouille comme elle peut. Elle, du coup, a besoin d’un mec. Elle sort, festoie, boit et plus si affinités. Avec sa meilleure amie, elles se soutiennent et se surveillent. Enfin, c’est plutôt la meilleure amie de Martha qui la surveille parce que, franchement, être enceinte sans se souvenir…
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Alors qu’il a travaillé comme directeur photo sur de nombreux films (citons le très beau Si le vent te fait peur d’Emile Degelin ou encore Magritte ou la leçon de choses de Luc de Heusch), Frédéric Geilfus se lance dans une aventure pour le moins rocambolesque avec Le revolver aux cheveux rouges. Nous sommes en 1974, Frédéric a 56 ans. Avec sa femme, Denise, il décide d’adapter un roman de G.K. Chesterton, Manalive (Supervivant) paru en 1938 dans lequel l’auteur prêche un optimisme régénérateur. Avec son titre en guise d’hommage à André Breton, Le revolver aux cheveux rouges risque d’en étonner plus d’un. L’unique long métrage de Frédéric… Lire l'article
Frederick Wiseman a réalisé trente-huit films documentaires basés sur le principe du cinéma-vérité. D'un asile psychiatrique de la prison de Bridgewater, dans le Massachusetts (Titicut Follies), à un bureau d'aide sociale (Welfare) en passant par l'armée (Basic Training), il nous a dressé une étude plus qu'une image des institutions de l'Amérique. Un point de vue incomparable parce que dédramatisé, il a essayé d'être le plus neutre possible en évitant la musique additionnelle, l'interview ou le commentaire tout en réalisant des films structurés d'un montage rigoureux. Poser des questions en refusant d'y répondre lui-même,…
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Bahman Ghobadi, cinéaste du Kurdistan iranien à qui nous devons Un temps pour l'ivresse des chevaux, Camera d'or au Festival de Cannes, en 2002, nous montre dans Les chats persans, son quatrième long métrage, comment résister, dans la clandestinité, au système totalitaire de la République islamique. À leur sortie de prison, Ashkan et Negar, deux musiciens, s'acharnent à constituer un groupe de rock pour partir à Londres avec l'aide de Hamed, organisateur de concert qui survit aux marges de la loi. Il lui faut trouver des lieux de répétition, des passeports au marché noir et corrompre des fonctionnaires. D'où cette scène drôle et très belle,…
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Comment vivre dans les périphéries de l'ère industrielle du passé, en l'occurrence à Hambourg, cité en passe de devenir une plate-forme de l'économie monde ? Nous sommes loin du Hambourg que Wim Wenders nous avait montré dans L'Ami américain. Au détriment des anciens entrepôts périphériques, la logistique financière nous file des produits en flux tendus et à stock zéro. Dès lors, que faire des friches industrielles ? Construire des cités cages à poules pour les migrants ou des lofts pour survivre ? Tout l'art de Fatih Akin, depuis Head-on et De l'autre côté consiste à mettre en valeur les paumés de…
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L'éventail de Lady Windermere, qu'on pourrait nommer l'éventail des faux-semblants ou des dissimulations sociales, est un film muet d'Ernst Lubitsch adapté d'une pièce de théâtre. Une brillante comédie de moeurs de la Restauration anglaise écrite par Oscar Wilde. L'ambiguïté de l'intrigue, sa légèreté plutôt que sa gravité avait tout pour plaire au réalisateur.
Le mari de Lady Windermere contacté par une mystérieuse Mrs Erlynne apprend qu'il s'agit de la mère de son épouse. Alors que tout le monde la croit disparue, elle déploie son charme (munie d'un superbe turban dans les cheveux pour cacher son…
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Kore-Eda est un cinéaste japonais étonnant et déroutant. Les éditions Potemkine/Agnès B ont eu la bonne idée de ré-éditer en DVD ses deux premiers films, Maborosi, mais surtout le génial After Life. Kore-Eda nous convie dans un no man's land, une sorte de gîte purgatoire, un royaume destiné aux ombres.
Pendant huit jours, 22 femmes et hommes, âmes errantes devenues, font le voyage vers la mort en cherchant leur nirvana. Choisir l'instant de bonheur dans leur vie qu'ils emporteront de façon irréversible dans l'au-delà, pour toujours, avec un instant de bonheur qu'ils vont pouvoir revivre à l'infini.
Dans After Life chacun cherche son paradis en explorant…
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Road movie largué et rêveur
Premier long métrage présenté dans la Compétition Emile Cantillon du Festival du Film Francophone de Namur, Robert Mitchum est mort est un road movie qui embarque trois paumés, un peu pieds nickelés, à la poursuite de leurs rêves, rêves de cinéma, de gloire et d’art, mais on l’a vite compris… Robert Mitchum est mort, et, avec lui, bien des illusions.
Coproduit par les Belges de Panache Production et soutenu par le Centre du Cinéma, Robert Mitchum est mort est un premier long métrage plein de cinoche et de cinéphilie amoureuse qui nous emmène loin, jusqu’au cercle polaire - c’est dire ! - avec tendresse et, souvent, lenteur…
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Sans queue ni tête, ou les deux à la fois
Présenté en avant-première au Festival du Film Francophone de Namur, servi par des comédiens fantastiques dont Isabelle Huppert en prostituée et Bouli Lanners en psychanalyste, Sans queue ni tête de Jeanne Labrune, spécialiste des comédies légères et chantantes, absurdes et fantaisistes, est plus grave que prévu. Et moins savoureux.
Jeanne Labrune, petite et plutôt blonde, présentait son film à Namur avec beaucoup d’énergie et d’humour : « Comme je suis à moitié folle, j’ai tout tenté pour me soigner » d’où quelques années de psychanalyse……
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