La femme jouit plus du toucher que du regard. Luce Irigaray. Ce sexe qui n’en est pas un. Ed. de Minuit
Début juillet 2005
Le cinéma belge cultive les paradoxes. L’un de ceux-ci est qu’il jouit d’une liberté artistique très grande mais qu’il réalise souvent des films avec une pauvreté de moyens qui stupéfie souvent nos voisins du sud. Joachim Lafosse, jeune réalisateur de Tribu, un court métrage, et de Folie Privée, un long métrage sorti en salles l’an dernier (que nous avons aimé et dont nous vous avons longuement parlé dans notre webzine 82) a été invité en mai au Festival de Cannes, dans le cadre de l’atelier de la Cinéfondation…
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Alain Cavalier débarque à Bruxelles (22 novembre 1993) pour présenter Libera me, un film qu’il a réalisé sur l’oppression et la torture.
Il accepte avec amusement de poser devant la statue de Peter Pan ce qui nous ravit. Ses deux premières fictions nous ont complètement bluffé : Combat dans l’île (fabuleux Trintignant et Romy Schneider) et l’Insoumis (formidables Léa Massari et Alain Delon). De ce second film nous nous sommes passé et repassé, sur une vieille VHS, la séquence où Thomas (Alain Delon) alité, occis en temps réel deux tueurs de l’OAS. Ça va tellement vite qu’on n’y comprend rien. Wong Kar-Wai a fait pareil à…
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C’est à un très beau film, Aguaviva, que ladeux/RTBF vous convie le dimanche 20 novembre à 21 heures (et aussi le 24 novembre sur Arte à 22 heures). Voici ce que nous en disait José-Luis Peñafuerte, son réalisateur lors de sa finition : Sur les écrans de la salle de montage du CBA, les images d’une école. La caméra montre une classe, en plan général, avec à l’avant plan les élèves de dos et face à nous l’instituteur.
Raccord dans l’axe sur celui-ci, qui interroge les élèves : « Quels renseignements avez-vous sur vos parents et grands-parents ? » Une petite Argentine confie que son grand-père…
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La venue d’un nouveau film de Boris Lehman est un moment rare de plaisir partagé et d’émerveillement qui fait sens. Depuis que cet infatigable alchimiste du cinéma s’est mis derrière et devant une caméra, il crée une œuvre riche et complexe qui s’apparente à l’apprentissage d’un voyage initiatique, voire à l’élaboration d’un puzzle ontologique dont la résolution impossible nous est pourtant devenue nécessaire. Chacun de ces films est comme la pièce manquante d’une étonnante construction qui, à partir d’une autobiographie cinématographique vorace, parcourt et interroge les arcanes de ce qui nous relie au vivant. Recherche…
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Deux auteurs à la recherche d'eux-mêmes ou l'hommage aux gloires de la navigation hollandaise.
Déguisé en un portrait sur les contrastes entre deux îles et une ville, Amsterdam via Amsterdam est un documentaire qui suit les sentiments de ses réalisateurs, Rob Rombout et Rogier Van Eck.Réalisée en 1996, cette expédition cinématographique a amené les deux cinéastes de l'Amsterdam des Pays-Bas jusqu'à l'Amsterdam de l'océan Glacial arctique (qui appartient à la Norvège depuis 1925) et à l'Amsterdam de l'océan indien (française depuis 1893). Que reste-t-il de l'Amsterdam hollandaise à ces deux endroits dans les extrémités…
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Antoine, un adolescent (Pierre Boulanger) perd son frère dans un accident de moto. Dés le générique, Antoine, bord cadre à gauche en gros plan, est net. Derrière lui tout est flou. Ce flou s’anime petit à petit d’ombres compassées. On nous suggère que nous assistons à la mise au tombeau d’un être proche. Ce que confirment les plans serrés de mains se serrant avec émotion, de bouches murmurant plutôt que parlant ou buvant un verre de vin après une collation. Antoine est agacé par une agitation qu’il perçoit comme une sorte de bruit de fond ou un vain rituel par rapport à son chagrin. Sa mère essaie en vain de le faire sortir de sa bulle,…
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Après un premier long-métrage, Strass, dans la droite ligne de son court J’adore le cinéma, Vincent Lannoo nous revient avec un second long très différent. Ici, plus de pseudo documentaire ou de docu-fiction, mais un travail de structure plus classique, presque linéaire. Un thriller épuré, à l’européenne, plus proche de l’esprit de Dominik Moll que de Joël Schumacher.
"Je ne voulais pas de ce rapport un peu puéril à la violence qui nous est habituellement offert par les productions américaines", explique le réalisateur. "Pas davantage un film consolatoire avec un héros bodybuildé qui vient sauver le monde. Je joue plutôt avec la mauvaise conscience…
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Valérie Lienardy est comme Janus (à double face), à la fois timide et décidée, apparemment fragile, mais soutenue par une volonté de fer. Elle nous parle des blessures intimes de l’adolescence avec une mélancolie et un sens de l’ellipse particulier. Le Grand Vent, son second court métrage sélectionné au Festival de Cannes 2005, est à son image. Vous pourrez le découvrir le samedi 26 novembre dans Tout Court, l’émission de Renaud Gilles sur ladeux/RTBF.
Les premiers films qui l’ont impressionnée sont ceux de Claude Sautet qu’elle allait voir en salles avec sa mère. Celle-ci aimant particulièrement le jeu…
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De passage à Paris fin août, Carlos Reygadas dévoile quelques ressorts de son percutant Bataille dans le ciel, un second long métrage qui a enflammé le Festival de Cannes en mai dernier. Retour sur la genèse du film avec un attachant cinéaste polyglotte, croisement hybride de philosophe et d'homme d'action.
Cinérgie : Quelle a été l'idée de départ de Bataille dans le ciel? Carlos Reygadas : J'entendais à la télévision des criminels arrêtés qui déclaraient: "J'ai été obligé de tuer la victime du kidnapping car je n'avais pas de place pour la garder et sa famille ne me laissait pas…
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Déclic et des Clak
Peut-être y a-t-il entre rêve et réalité la même différence qui existe entre un chapeau et une casquette : la seconde est plus plate. Camille Laurens.Index, éd. P.O.L
Broadway à Bruxelles
Le temps est radieux en ce matin-là. L’air transparent. «Comment ? Pardon ? Où ? Broadway à l’hôtel du Nord ? » Devant nous, une blonde stupéfaite au chignon hélicoïdal à la Kim Novak dans Vertigo (merci Jean Douchet), avec l’aura d’une cover-girl si ce n’est qu’elle porte un jogging fluo estampillé Gianni Versace sur des Nike Air-Max anthracite. On précise : « Plutôt…
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Imaginez-vous, désireux que vous êtes d’une petite sortie en amoureux, de vous planter devant votre cinéma préféré pour choisir parmi une kyrielle de films celui qui égayera votre soirée. Etonnant comme on peut alors se découvrir des goûts différents, apprendre qu’elle préfère les histoires romantiques, lui les thrillers assaisonnés. Bien sûr c’est cliché… et puis ça nous arrive.
Transposée dans un restaurant chinois, cette situation devient plus complexe. Il y a le choix dithyrambique à la carte. Alors assis confortablement dans l’espoir de passer un instant gourmand, quoique pas seulement gourmand…, on prend le…
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Le film
Home Sweet Home, co-scénarisé avec Rudolph Pauli, est une comédie pleine de verve qui conte les aventures d’un troisième âge agité par les directives intempestives de la directrice d’une maison de retraite.
Jules, profitant de l’arrivée de Flore, une « nouvelle », entraîne ses amis, indisciplinés et frondeurs à son image, dans une expédition contre la société de consommation et contre l’ennui que distille une institution réglée comme du papier à musique. Jules, le meneur de la bande, fugue en compagnie de deux admiratrices en Tunisie. Ramené de force et menacé de renvoi, il entraîne les autres pensionnaires…
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La sortie en DVD de l’intégrale de ses films
Cinergie : André Melis, le cinéma belge n’est pas vraiment ce que tu édites d’habitude, le choix de distribuer Home Sweet Home est un coup de cœur ? André Melis : C’est un coup de cœur qui a d’abord motivé la création même de ma société Melimedias. Je voulais absolument défendre le cinéma belge parce que j’estime que son potentiel n’est pas assez valorisé. Home Sweet Home est un rêve de gosse ! Je ne sais plus pour quelle raison, mais depuis que j’ai 14 ans, l'âge où j'ai découvert ce film, j’ai la chanson du film en tête.Lorsque…
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Au théâtre, il joue Arlequin. Pas par hasard, il adore la comédie. Avec son air lunaire passant sans cesse du regard confiant de l’enfance à un humour qu’il boucle comme une pirouette, on se dit que depuis le superbe rôle de Riquet dans Rosetta des frères Dardenne, Fabrizio le lutin a fait son chemin.
« Bonne question ! » nous dit-il lorsqu’on lui demande quel fut le premier film qu’il a vu enfant. « Le premier film dont je me souvienne vraiment est L’Empire Contre-attaque de Lucas, un film que ma mère m’a fait voir en salles. Cela a été un choc, surtout le début lors de ce combat entre le bien et le mal. Les scènes de combat m’ont…
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Festival de Cannes, 15 mai 2005. La salle Buñuel refuse du monde pour la projection de presse d'un film en compétition officielle. L'objet de cet engouement ?
Bataille dans le ciel, le second long métrage de Carlos Reygadas, un jeune cinéaste mexicain déjà distingué en 2002 sur la Croisette avec une mention spéciale du jury de la Caméra d'Or pour son premier film Japón.
Bataille dans le ciel est une coproduction majoritairement européenne pilotée par les Français de la Société Parisienne de Production The Coproduction Office, avec les Belges de Tarantula, les Allemands d' Essential, Arte France Cinéma et ZDF/Arte comme coproducteurs, et le soutien du…
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