Un amour curieusement absent
Dans le cadre de ce grand bazar polymorphe et friqué que fut Bruxelles 2000, trois cinéastes flamands reçurent la mission de raconter leur Bruxelles. Représentatifs de trois générations (Marc Didden est né en 1949, Pieter Vandekerckhove en 1964 et Kaat Beels en 1974), ils nous livrent leur vision de la capitale.Trois histoires qui, curieusement, parlent plutôt de déracinement, d'altérité et de cosmopolitisme.
Le premier sketch est l'oeuvre d'une toute jeune cinéaste, Kaat Beels, déjà remarquée à l'occasion de son court métrage de fin d'études, Bedtime Stories. Une nuit d'été, en ville, Jens ne…
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Au début des années soixante, la Belgique était un pays étouffant, marinant dans une médiocrité qui lui donnait une touche poussiéreuse digne des Scènes de la vie de province de Balzac. Regardez les photos d'époque, les gens ont les cheveux aussi ras que leurs idées, des costumes aux vestes croisées, les femmes des jupes jusqu'à mi-mollet et des chignons. Pour paraphraser le célèbre mot de Talleyrand (que Bernardo Bertolucci a placé en exergue dans Prima della revoluzione), " Ceux qui n'ont pas connu l'avant-68 ne savent pas ce qu'est la lourdeur de vivre ". Cette époque au conformisme épais comme un missel, " straight ",… Lire l'article
Spectral? En effet. Guildern et Rozencrantz ? Point, vous n'y êtes pas. Shakespeare ? Gagné. Or doncques, William Shakespeare citoyen de Stratford, dont l'identité continue à alimenter la chronique historique prend figure humaine dans To be or not to be, le film de Peter Woditsch. "Bonjour Monsieur Shakespeare" lui lance une servante qui lui offre un baquet d'eau fraîche afin qu'il chasse les dernières images de ses cauchemars nocturnes. Il plonge la tête dans la bassine, la ressort et nous voyons, en plan serré, son visage penché (celui d'un chauve à moustache) reflété dans un miroir, face caméra, le regard allumé fixant non pas vos neurones mais les siennes…
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Notre pays à une solide réputation de cinéastes marginaux, de frappadingues dadaïstes de la caméra bricolée, de bibis fricotins de la pelloche usée. Les Mini-Cakes est un court métrage composé de deux petits films burlesques écrits et réalisés par Jan Hammenecker (qu'on a découvert dans Max et Bobo de Frédéric Fonteyne). Deux volets donc, comme les deux personnages Cake et Cake (clones boutefeux de Laurel et Hardy), deux gugusses en kilt écossais qui se promènent dans les bois - tireli, tirela - comme de joyeux sacripants dansants. Une dame en costume avec pantalon (admirez la symétrie inversée), pardon, une elfe gracieuse s'enfuit devant les galopinades…
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Le numéro 49 de Bref (été 2001), le magazine du court métrage, consacre son dossier "kaléidoscopique bigarré" aux images animées. On y trouve la romance de Raoul et Jocelyne, le dernier opus de Serge Elissalde, lequel prépare avec ses complices, dans son atelier parisien, une série de 26 fois 26 minutes d'Agrippine, le personnage de Claire Bretecher ; un reportage sur La Poudrière, une école de cinéma d'animation qui s'est ouverte, il y a deux ans, à Valence ; un entretien avec Marcel Jean sur les derniers travaux de l'ONF (l'Office national du film du Canada) ; et une étude de Michel Roudevitch sur l'Insaisissable Raoul Servais, lequel a reçu,…
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Tout d'abord, au vu des premières minutes, on pourrait croire que Lettres d'amour abandonnées raconte l'histoire romantique de deux solitudes qui vont rencontrer le désir du désir de l'autre. Woufti, que nenni ! Nous y échappons, moderato cantabile ! Le film étant aussi un hommage pervers à Hitchcock (peut-il y en avoir d'autre avec Sir Alfred ?) et, singulièrement, à Fenêtre sur cour, le film-culte de la cinéphilie, puisqu'il parle de la passion du spectateur pour un écran qui lui fait découvrir le monde. Sauf que le film de Sander Dirickx est davantage une mise en abyme narrative que visuelle. Reprenons. A la suite d'une opération rondement…
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Portrait de groupe avec hommes
La génération Strip-tease est-elle en train de s'installer dans le cinéma de fiction? On assiste en tous cas ces dernières années à l'éclosion d'un genre de comédies sociales proches du ton et du regard qui caractérisent le magazine de Marco Lamensch et consorts. Un courant dans lequel nous, Belges, avons joué et jouons encore un incontestable rôle moteur. C'est une nouvelle fois la réflexion qu'on se fait à la vision des Portes de la gloire, premier long métrage de Christian Merret-Palmair, une comédie au vinaigre qui brosse avec beaucoup d'humanité le portrait de cinq hommes associés pour le meilleur…
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Petit billet d'humeur pour revendiquer une place digne au cinéma de création...
Introduction
Ces six derniers mois, la culture a essuyé de bien dures attaques. Déjà à genoux par un travail de qualité phénoménal réalisé dans la précarité généralisée, le secteur culturel a dû trouver les ressources nécessaires pour lutter contre le mépris du politique, sa logique marchande de gestionnaire et son impuissance totale et affichée à chercher à (re)valoriser la culture. L'absence totale de réelle politique culturelle nous marque dans la chair comme une maladie incurable creuse les joues du mourant.Politique et culture. Marché…
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Lorsque le monde reste opaque, partagé entre les exhibitionnistes et/ou les voyeurs de Loft Story et les blockbusters " mainstream " de nos amis américains, il est tentant de revenir à l'âge d'or du cinéma, lorsque celui-ci traduisait le monde plutôt qu'un monde. L'Arbre au chien pendu déroule son histoire dans l'Histoire. Nous sommes en 1945. Micha, rescapé d'un camp d'extermination nazi, retrouve sa femme Wanda. Très vite, il se rend compte qu'elle se comporte de façon étrange vis-à-vis de leur fils Dan, dont l'absence lui paraît suspecte.Wanda s'embrouille dans ses explications, appliquant, de manière plus douce, la logique du chaudron…
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On ne regarde pas un film ; on va le voir, comme un enfant vit les heurs et malheurs de Blanche-Neige. Parlons-en des contes de fées qui se penchent sur le berceau de notre inconscient avec malice, puisque c'est le sujet du dernier film de Geneviève Mersch qui nous avait déjà livré il y a six ans une perle rare : John. Dans Verrouillage central (un titre qui est un rebus pour les psy ?), Cathy (Aylin Yay, aussi juste que dans Mireille et Lucien) est une célibataire romantique, pas très nette tout de même, vous allez comprendre pourquoi. Toutes ses collègues et copines du salon de coiffure sont mariées et, qui plus est, son anniversaire tombe le jour de la Saint-Valentin. Ainsi va le hasard qui, tel l'inconscient,…
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Ici se poursuivent les aventures de Violette (Raphaëlle Bruneau), découverte adolescente acidulée à la recherche de l'amour dans Violette et Framboise, le premier film de Kita Bauchet. Violette y apprenait avec une certaine candeur que les garçons échangent impitoyablement leur solitude contre du sexe et que ça ne fait pas toujours le bonheur des filles. Cette fois, dans Violette au travail, notre girl fringuée sage comme une image (l'antidote au devenir-bimbo) cherche un job avec la même énergie et la même candeur après avoir été virée par son patron qui lui avait mis la main aux fesses et qu'elle avait giflé d'un coup droit à une main digne…
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Jeudi 16 mai
Pour y arriver, il faut quitter le royaume des fripes débraillées, trashy, l'antidote au devenir-fringues siglées Calvin Klein ou Ralph Lauren : le stock américain de la rue des Alexiens (haut lieu de la culture rock), tourner à gauche dans la rue du Midi. Passé le porche de l`Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, la concierge nous invite à suivre un parcours que depuis notre adolescence nous n'avons plus guère fréquenté. Le couloir n'a pas changé, il est toujours plein de répliques de statues grecques. Un Hermès, une Vénus, une Artémis de Praxitèle donnent leur cachet à l'endroit sous le regard indifférent de jeunes gens…
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Né à Huy en 1960, on pourrait croire qu'Yves Hanchar coule une enfance heureuse, en bord de Meuse. Et bien, non. Il fait le trajet entre la plus petite ville du royaume et la plus grande ! Il arrive donc à l'âge de trois ans à Bruxelles et ne découvre, bon sang de bois, le cinéma qu'à l'âge de treize ans. Le bel âge pour en tomber amoureux. " Moby Dick de John Huston m'a beaucoup marqué. C'était la première fois que j'allais dans une salle. C'était très impressionnant avec un côté un peu irréel qui consistait à entrer dans une salle sombre au moment où la lumière bascule. C'est un moment magique… Lire l'article
Cornegidouille, Godin par Godin c'est dingo.
Dans les années soixante, Noël la menace, cinéphile enragé, tint rubrique dans Les Amis du Film, une revue catholique dont la culture cinématographique devait se résumer à Chiens perdus sans collier, la Mélodie du bonheur et autres calembredaines pour ethnologues des années cinquante. C'est dans ce contexte que notre cinéphile averti publia dans ladite revue une série d'informations toutes plus fausses les unes que les autres avec un aplomb tel que certains quotidiens, les prenant pour argent comptant, leur donnèrent un écho inespéré au grand dam des intéressés. On imagine la stupeur de John Huston découvrant…
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Les familiers de notre site connaissent bien les textes que Philippe Simon consacre au cinéma belge, de préférence documentaire ou qui se fait dans les marges de la production courante. Notre collaborateur réalise également des films. Après Sans réserve (l'Amérique des Indiens) dont nous avons rendu compte, Philippe Simon s'est tourné vers l'Asie. Parti au début de cette année avec Johan van Den Eynde en Irian Jaya (Papouasie occidentale), après des repérages effectués l'an passé, Philippe Simon a entrepris de réaliser un film (une co-production Underworld Films/CBA) sur les Papous dont la civilisation pré-industrielle le fascine. Nous avons appris qu'il… Lire l'article