"Je passais de ta bouche à ton sexe comme un navire fantôme par les détroits d'une mer morte."
Seul représentant belge à Cannes lors de la dernière Quinzaine des Réalisateurs, c'est avec un humour délicieux et une tendresse des plus fines que Le Nain rouge croque - en noir et blanc - une galerie de personnages mariant Fellini au merveilleux de Michel Tournier, auteur de la nouvelle homonyme dont le film est librement adapté.
Dans une froide bibliothèque empreinte de silence, le nain Lucien Lotte (Jean-Yves Thual), employé de l'ombre dans un cabinet d'avocats, rédige à sa manière une énième lettre de divorce à l'adresse de la richissime Comtesse…
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Cela peut faire penser au récent Western de Manuel Poirier, mais c'est de Frédéric Fonteyne, et ça s'appelle Max & Bobo, autre fraîche et vivifiante variation sur un duo aussi attachant qu'improbable. On dirait qu'en cette froide fin de millénaire, de "jeunes" réalisateurs, témoins de la pagaille et d'une course vaine, quittent les studios exigus pour se pencher avec simplicité sur les errements d'une nature humaine vagabonde. Petite vie d'un bande-mou : "Je me prenais pour le roi du monde. Mon salon de coiffure marchait bien, Chez Massimo était connu de toute la ville. Je croyais avoir de l'or au bout des doigts, mais j'ai dû tout revoir un peu à la baisse."
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La solitude du producteur de fond
Administrateur délégué de Saga Film qu'il a créé en 1987, Hubert Toint est le producteur de deux longs métrages de fiction (Le fils du requin et Marie) et d'une poignée de documentaires dont Le rêve de Gabriel. Partenaire financier de séries télévisées françaises (un épisode de Novacek pour France 2, un épisode de Regards d'enfance), il a couvert en tous sens, le champ (étroit ?) de la production belge Réalisateur-Producteur.
Cinergie : Vous dites qu'au-delà du rôle traditionnellement imparti au producteur, celui de réaliser le montage financier du film et d'en assurer le bon déroulement,…
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Ketchup débute au coeur d'un restaurant très animé où la caméra tourne avant de s'attarder sur un groupe de jeunes en plein débat ou tel couple en pleine discussion sentimentale.
L'astuce, et le défi, des deux réalisateurs est de nous entraîner dans un tourbillon de rencontres et de situations avec pour seul prétexte d'articulation le passage de table en table grâce à une bouteille de ketchup.
Chaque mini-séquence est prétexte à un numéro d'acteurs autour de la variable amour, plaisant programme. Outre la conception et l'écriture de cette succession de cas de figure qui forcent l'admiration, la réussite de Ketchup vient de ce que les…
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Le film s’ouvre sur l’arrivée de Marthe, 80 ans, dans une maison de retraite.
Un plan circulaire sur les veillards qui tapent tristement le carton sur la table de la salle communautaire nous montre par comparaison la fraîcheur pétillante du regard de la nouvelle arrivante.
L’infirmier qui l’amène à sa chambre entame une conversation avec elle. Très vite ils viennent à argumenter sur des sujets aussi cinématographiques que : peut-on choi sir le moment de sa mort, celui de sa naissance ? Quelles peuvent en être les implications ?
Les questions et le dialogue s’éclairent de flash back transformant ce qui aurait pu être un pensum supplémentaire en fable surprenante bourrée…
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Pour leur neuvième film d'animation, Les Baltus au cirque, Stéphane Aubier s'est à nouveau adjoint la collaboration de Vincent Patar et Vincent celle de Stéphane.
Des films d'animation primés dans tous les grands festivals approchant différentes techniques dont le premier remonte à ... 1988.
Les années passent mais impossible d'oublier Saint Nicolas chez les Baltus ou encore les épisodes délirants de Pic Pic André Shoow. Percutant de face les habitudes et les traditions, Patar et Aubier décident de doubler leurs héros dans le wallon verviétois le plus cru et leur font adopter des attitudes toujours plus rockn'roll tandis que la bière coule à flot à…
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Nous sommes au studio Triangle 7, avec le monteur son Paul Heymans et le réalisateur Stephan Streker qui achèvent le montage son du Jour du combat, un documentaire tourné en février de cette année par Stephan.
Le film enregistre le combat de deux challengers, Béa Diallo, Belge d'origine guinéenne, et le boxeur français Pascal Mercier, combattant pour la ceinture Intercontinentale IBF des poids moyens.
Une rencontre organisée le 20 février 98 au Palais du Midi. Le parti pris du réalisateur étant de filmer les deux boxeurs dans tous leurs faits et gestes, avant, pendant et après le combat.
Description d'un combat
Stephan Streker, qui aime la boxe, n'en est pas à son…
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Grâce au Prix de l'Âge d'or et au cycle Cinédécouvertes, le Musée du cinéma offre aux cinéphiles curieux l'occasion d'une halte pleine d'intérêt. La programmation est constituée de films récents, remarqués dans les grands festivals de cinéma mais non encore distribués en Belgique. La plupart de ces oeuvres s'écartent des conformismes du cinéma de consommation par leur sujet, leur regard, leur esthétique ou simplement leur exotisme. Le but est, afin d'aider leur diffusion, d'en distinguer cinq qui, par leur démarche ou leur rythme propre, se situent en marge des circuits de production et de distribution traditionnels.
Cette année,…
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Le Musée du cinéma rend hommage (du 15 au 30 septembre prochain) au doyen de nos cinéastes, Henri Storck, pionnier du cinéma du réel, fondateur du CBA, en 1978. Le Fonds Henri Storck en collaboration avec le C.B.A., avec le soutien de Marion Lesmere, échevin des Beaux-Arts et le Fonds du Cinéma de la Ville de Bruxelles organise une projection sur un écran géant placé sur la Grand-Place, d'un film de 60' réalisé par Luc de Heusch comprenant cinq courts métrages de Henri Storck (de 1930 à 1970).
Une belle occasion pour nous de republier un texte qu'Henri Storck nous a confié, il y a dix ans. Il nous parle d'une époque où les films se tournaient avec la complicité…
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Les métamorphoses du chien
En 1994, Peter Brosens coréalisait avec Odo Halflants, City of the Steppes, un étonnant film poème, entre documentaire et rêve éveillé, où il tentait à partir de ses déambulations dans la ville d'Oulan Bator, en Mongolie, de rendre sensible le changement, ce lent travail d'érosion du temps et de l'histoire.
Un même soucis de saisir ce qui préside aux transformations humaines se retrouve dans son dernier film, State of Dogs, réalisé en compagnie de Dorjkhandyn Turmunkh, à nouveau en Mongolie mais cette fois avec une portée plus universelle.
Dès le premier plan, Peter Brosens pose l'enjeu de son film à la frontière…
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T'as d'beaux yeux, tu sais !
C'est avant de dépasser les bornes qu'il faut prendre des mesures. Philippe Vandendriessche. Pensées du jour.
"Tu redresses. Maintenant. Meeerveilleux !" dit-elle en retenant son rire. "C'est bon là ?" demande d'une voix neutre le mec assis à côté d'elle sanglé dans un complet anthracite. Il tient le volant du véhicule, le crâne rasé et une minerve autour du cou genre Eric Von Stroheim dans La grande illusion.
"Evidendtly !" dit la fille qui marche à l'instinct, avec cet accent français dont Belmondo use pour le bonheur des cinéphiles dans A bout de souffle.
La fille a l'air survoltée, genre douée pour l'abus…
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Entretien imaginaire Bruxelles, juillet 98, galerie du Roi et de la Reine, terrasse du Mocafé
Devant moi Boris Lehman mange une tarte aux framboises arrosée d'un milkshake au chocolat. Il a le sourire contagieux et les traits tirés. Il vient de diriger un stage de l'Ecole de la Rue à Dunkerque et la fatigue se lit sur son visage. Il est quatre heures de l'après-midi et nous parlons cinéma.
Hier soir j'ai visionné les rushes du film que les jeunes gens de l'Ecole de la Rue ont réalisé sous sa direction. Une semaine de stage et un film en train de se monter où je retrouve un dispositif que je connais bien : filmer la réalité, en collectionner des instants, s'en laisser pénétrer…
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Double Thérapie
De Damien de Pierpont on connaît Menteur, ce court métrage de fin d'études impertinent qui décoiffe et collectionne les prix depuis sa sortie en 1996. Allait-il continuer à nous surprendre ? Tout à fait.
En réalisant le Départ, un documentaire de 52', un film aux antipodes du précédent, tout aussi personnel mais surtout plus intime.
Le film commence avec la voix off du réalisateur qui nous confie : "Il y a dix ans j'ai vécu une année dans une famille japonaise à Tokyo. J'avais 17 ans. Les premiers mois furent difficiles mais cette famille, avec le temps, allait me considérer comme son propre fils. Ils sont devenus mes parents japonais."
Damien…
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I.A.D. promotion 1998
Ram-Dam se présente sous la forme peu habituelle d'un pilote de projet d'émission de télévision pour enfants. Longtemps snobée par la critique et opposée au cinéma sur pélicule seul digne d'intérêt, la télévision, de par la quantité de sa production propose tant de postes de travail, qu'il est normal de voir des étudiants en réalisation s'y intéresser avec vigueur.
Ram-Dam joue donc ouvertement la carte de la réalisation télé avec plusieurs caméras et nous propose un programme centré sur des séquences de bricolage musical. Les enfants invités à l'émission participent…
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Le cave se rebiffe
Les hommes tuent parce que d'autres hommes les font se sentir des femmelettes. James Ellroy. Ma part d'ombre.
"Vous n'allez tout de même pas me tuer parce que je ressemble à quelqu'un d'autre !" s'insurge Jacques, un mec râblé, la trentaine dépassée, vêtu d'un blouson de Nylon bariolé qui avance dans les bois, une pelle à la main gauche suivi de Gégène une grande brute qui le domine d'une tête et le menace d'un revolver. Celui-ci rétorque : "Je vais me gêner!"
Il observe les alentours, repère une petite clairière : "Ici c'est bien, creuse !" Résigné Jacques s'arrête, fixe Gégéne…
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