Mobutu est un film étonnant et détonnant conçu en quatre actes, structuré comme un drame shakespearien et raconté par un Thierry Michel en pleine forme. Composé d'une mosaïque de documents, tous plus vrais les uns que les autres, il raconte l'histoire d'un self made man africain qui parti de rien arrive à tout. Le film est une méditation sur le pouvoir, cette drogue faite de séduction et de cruauté. Sauf que cette fiction est inscrite dans les annales de l'Histoire, celle du règne de Mobutu Sese Seko au Congo, ex-Zaïre.
Story
Comment, en un quart de siècle, un jeune sergent de l'armée coloniale est devenu l'un des hommes les plus riches du monde, régnant…
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Caméra à l'épaule, Michel Baudour propose un cadre à Marian Handwerker, le réalisateur du Don d'un frère. Celui-ci visionne le plan du film sur son écran de contrôle, tandis que Pierre Gordower place des réflecteurs pour renvoyer la lumière sur les deux acteurs qui se font face.
"Etes-vous sûr que Paul a été adopté? ", demande Simon Maillard (Olivier Ythier), pull rouge autour du cou sur une chemise à carreaux, face au Dr Sylvestre (Jérôme Anger), veste ocre sur une chemise jaune. Celui-ci le regarde droit dans les yeux et répond : "J'ai eu accès à son dossier". Un cycliste descend la rue et passe dans le champ de la caméra. "Sa mère…
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Le désir et la nécessité
A quoi ressemble le travail d'un scénariste? Ecrivain de télévision et de cinéma, entre autres pour Marian Handwerker, Teff Ehrat, Luc Boland et Chris Van Der Stappen, Luc Jabon trace ses marges sur les frontières de plus en plus fines de la Belgique et de l'Europe, du documentaire et de la fiction. Entretien autour de la conception du script, ce drôle d'objet, littéraire malgré lui, qui n'existe que pour mieux disparaître...
Cinergie: On renvoie souvent dos à dos le scénario américain et européen. Le premier serait synonyme d'efficacité, le second privilégierait au contraire la densité…
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La tragédie des bourreaux
Présenté au Nova dans la section "7ème parallèle" du Festival international du Film Fantastique de Bruxelles, Mordbüro est le premier long métrage de Lionel Kopp.
Ce dernier aborde la réalisation après des expériences de comédien, de producteur, notamment des Films d'Ossang, avec à son actif Le Trésor des îles chiennes et Docteur Chance, et de propriétaire d'un laboratoire qu'il qualifie de lieu de recherche et où ont été développées notamment, des pubs de Lynch, Mondino, Goude et Fincher. Après quatre court métrages, il réalise ici un film qui constitue un curieux mélange de genres :…
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Une nuit de cafard de Jacques Donjean se démarque d'emblée des courts métrages fantastiques habituels de par une qualité et un raffinement technique rare mêlant prises vues réelles, prises subjectives et images incrustées. Le film fait l'économie d'acteurs humains (la vision du film vous dira pourquoi) en s'organisant essentiellement autour d'images d'insectes tournées en macro. Les plans très travaillés nous tiennent au bord de la fascination tout en proposant un scénario millimètré dans lequel le spectateur est guidé par une voix off idéalement posée.
On pénètre dans une demeure isolée habitée par un maître…
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Snuff movie
Une jeune et jolie comédienne se présente pour un casting dans une grande bâtisse en ville où on lui a fixé rendez-vous. Après avoir été très brièvement reçue par un secrétaire marmonnant dans sa barbe des paroles incompréhensibles, elle attend... Le temps passe et elle finit par se décider à chercher quelqu'un qui pourrait s'occuper d'elle. La première personne qu'elle rencontre est un infirmier au regard trouble qui la poursuit furieusement, la hache à la main.
Commence alors pour la candidate un scénario cauchemardesque où de pièce en pièce elle ne tombera que sur des scènes de viols, de démembrements,…
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Pour paraphraser Don Westlake (1), tout le monde cherche quelque chose. Les hommes cherchent les femmes et vice et versa. Les cinéastes cherchent de la pellicule à impressionner, les scénaristes des idées à développer, les producteurs des sujets à finaliser et les acteurs des rôles à interpréter.Ce qui permet aux journalistes de trouver des infos à publier.
Voilà pourquoi, en cette froide journée de février, nous sommes rue de Belgrade, plus précisément dans une ancienne usine dont Pierre Lekeux a obtenu la jouissance sans autre loyer que l'entretien du bâtiment.
Ravi, il a décidé d'en faire les locaux de Radowski Films, une maison de production dont…
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Une agréable petite surprise vidéo, la bande annonce commentée en anglais du célèbre Shame of the jungle, où un Picha très inspiré dévoilait quelques succulentes maladresses de son ridicule héros de légende.
L'occasion de se poiler et de se gratter devant le singe onaniste, les obus mammaires de Pamela " June " Anderson, la sympathique armée de zobs décalottés ou encore les neuf paires de seins de la méchante reine. Depuis 1975, le long métrage reste un classique. Un film cul(te) des jeunes et des moins jeunes, que la télé a pris l'étrange habitude de rediffuser à chaque période de Noël. Il faudrait demander pourquoi.
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Les acteurs répètent face à Harry Cleven, le réalisateur, canadienne imperméable jaune et foulard blanc, tandis qu'on change l'axe de la caméra. Bien que le froid serre la tête comme un étau, le regard d'Harry est vif (on dirait qu'il n'arrête pas de faire des repérages). La maquilleuse rectifie le make-up de Sofia (Dominique Bayens) à l'aide d'un correcteur de teint et d'un crayon haute définition, par souci du raccord juste. "Pas de souci ", dit l'assistant image en contrôlant à l'aide de sa mini maglite, le couloir du chargeur de l'Arriflex 16 SR3.
Celle-ci est montée sur un chariot SMF baptisé "Flinstone" et conduit par Marc…
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Têtes à Tartes !
Jan Bucquoy fait partie de ces réalisateurs qui, même si son premier court métrage, Vert, remonte à 1965 (INSAS), parvient toujours à nous surprendre par le ton délibérément radical de ses réalisations multiples (bd, publications, peintures et happenings). Il reprend en 1994 sa veste de réalisateur scénariste pour réussir brillamment un premier long métrage La Vie Sexuelle des Belges.
Dans la foulée du deuxième épisode, il se rend à Cannes en 1996 pour nécessité de promotion mais réalise sur le tas un bref ciné-tract assez cognant.
Intitulé Crème et Châtiment, ce reportage, document…
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Voilà le numéro 3 ! Après s'être penché sur le genre fantastique ou policier, le trimestriel Court Toujours s'intéresse aujourd'hui aux courts métrages des réalisateurs belges passés au long.
L'occasion pour beaucoup de découvrir les premiers. souvent très réussis des Coninx, Berliner, Bucquoy, Van Dormael, Lehman, Akerman, Le Moine et Hänsel. Dès 1968, étirant ses quelques minutes de film, l'iconoclaste Boris Lehman ne vendait pas encore son indéfinissable oeuvre du côté du Japon. La même année, dans un joyeux suicide au gaz, Chantal Akerman, étudiait le rapport incongru du son et de l'image.
Crème et Châtiment…
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Auteur de plus d'une dizaine de réalisations reconnues et applaudies tant par les professionnels que par le grand public (courts, documentaires et surtout longs métrages remarqués à Cannes et Locarno), le réalisateur suisse d'origine vaudoise Francis Reusser s'est attaqué cette fois à l'adaptation de La Guerre dans le Haut Pays pour le bicentenaire du comté de Vaud.
Sous la patte de Reusser et de son scénariste Jean-Claude Carrière, le roman historique et antimilitariste de l'écrivain Ramuz (c'est à lui que l'on doit notamment le livret de l'Histoire du soldat de Stravinsky) se transforme en une fresque dépeignant avec force cette période clef de l'histoire…
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" Surtout, je me demande pourquoi vous avez cette gueule de trou du cul ! ? " Ce n'est pas la répartie qui manque aux héros d'Yvan Lemoine, dont le Nain Rouge passait au Vendôme il n'y a pas si longtemps.
Pourtant, au lieu de suivre, amusé, cette ivre et ondulante robe pailletée, le jeune mousse dégourdi de La Pureté aurait peut-être mieux fait de roupiller sur les pavés des ruelles glauques. La caméra est flottante : n'est-ce qu'un mauvais rêve ?
Toujours est-il que, venu se perdre dans une orgie bourgeoise digne de la satyrique Dolce Vita fellinienne, il devient vite l'attraction principale et le filet mignon du cynique et mystérieux…
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Si Rose d'Alain Berliner échappe aux menaces qui pèsent si facilement sur le court métrage, c'est que précisément son film n'est déjà plus tout à fait un court. Mais ce n'est pas tant la durée (24 minutes) que l'étonnante densité de ses deux personnages qui fait ressembler Rose à un long.
À commencer par Albert Brun (joué par Daniel Hanssens plus qu'épatant et dont le cinéma devrait très vite s'emparer), un sombre professeur de chant qui s'est épris d'une rose plantée dans son jardin. La fleur s'ouvre amoureusement à lui mais referme aussitôt ses pétales dès qu'un danger se manifeste.…
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Quoi ? Un déménagement ? De l'action chez Boris Lehman ?
Façon de parler : Julien et Anty sont deux jeunes glandeurs amorphes, spécimens cérébraux comme il en courrait déjà les rues pavées de 1968. Pour transporter trois babioles du 8 rue du Beau Site au 187 avenue Louise, il leur faudra pas moins de sept jours. Illustration de la stratégie du moindre effort : on dépose le canapé sur le trottoir, et on s'y assoit tranquillement en attendant que le feu devienne vert. Ça baille, on se grille une clope. Arrêt sur image : on se prend une pause, puis un interlude, même un entracte. D'intertitres gribouillés en notes didactiques - principe d'Archimède…
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