L'amour du jeu
La nuit. Dans un bar. Stella, la tenancière, est derrière le comptoir, de l'autre côté, face au miroir, Marthe, une cliente. Bols entre et s'approche de Marthe. C'est visiblement un habitué des lieux. La nuit est sa "cup of tea", elle apaise ses angoisses existentielles.
Il est euphorique, Marthe s'en aperçoit et attaque les yeux rivés sur ceux de Bols: "je parie tout ce que tu as sur toi que je te paie le champagne avant ce soir!". "O.K., sors ton pognon!", répond Bols.
Et il prend un paquet de cartons de bière les place sur le bord du comptoir puis, d’un revers de main les lance et les rattrape avec un sourire triomphant. Marthe en souriant fait la même chose. - Quitte ou…
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Le hall d'arrivée de l'aéroport de Zaventem, une après-midi du mois de mars. Un flot de voyageurs pressés encombrés de bagages se dirige vers la sortie. À contre-courant, un cameraman, Arriflex BL à l'épaule, enregistre l’événement tandis qu'un assistant éclaire le plan à l'aide d'un Quartz. Cela ressemble à une équipe de télé filmant, dans la bousculade, l'arrivée d'un chef d'état européen. Et c'est cette tonalité-là que George Sluizer, le réalisateur, veut donner au plan de l'arrivée à Bruxelles de James Morton. Un peu en retrait, appuyé sur une canne, il surveille… Lire l'article
Pour le tournage de Ma vie en rose, Alain Berliner, qui réalise son premier long métrage, s'est enfermé avec son équipe dans un studio. Grimpée au sommet d'une echelle double, une décoratrice, en salopette blanche, peint un ciel et ses nuages sur une gigantesque toile. Juste à côté, les pièces d'une maison ont été reconstituées à l'aide de panneaux mobiles pour permettre à la caméra de changer d'axe. Le premier plan de la journée se met en place dans une chambre d'enfants peuplée de peluches et de techniciens de cinéma. La caméra une Arriflex 35, blimpée , cadre la porte qui est entrebaillée. A côté… Lire l'article
La vie est ailleurs
Nous sommes dans la salle de montage vidéo du CBA (le Centre de l'Audiovisuel de Bruxelles). La monteuse Marie-Hélène Dozo et la réalisatrice Marta Bergman travaillent sur les rushes d'Un jour mon prince viendra, en montage virtuel. Trois moniteurs leur font face. Sur l'un, la séquence en montage, Mihaela et son patron en plan moyen. Sur l'autre, le patron, en gros plan, une image qui peut servir d'insert. Le troisième est un écran graphique de dix-sept pouces sur lequel on retrouve les deux images en incrustation et une troisième fenêtre qui sert à la gestion des fichiers. Marie-Hélène Dozo clique sur la souris, la séquence se recale au début et démarre.…
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Génération La Cambre
Cela se voit sur les écrans, se murmure dans les couloirs, se prime dans les festivals. L'un des phénomènes les plus heureux du moment est la venue d'une talentueuse génération de cinéastes d'animation issue de la pépinière de la Cambre. Ce n'est ni une école ni un courant: ce qui séduit au contraire dans les films de Florence Henrard (Noces de lait), Eric Blessin (Bon débarras), Daniel Wiroth (Crucy fiction), Luc Otter (Petite sotte) et Guionne Leroy (La Traviata), c'est l'éventail et la singularité de personnalités déjà bien affirmées, n'ayant de comptes à rendre qu'à elles-mêmes.…
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Nous sommes rue d'Hoogvorst, dans les locaux du Magic Land Theâtre. La Moviecam 500, installée sur un praticable, cadre en plongée le Dr Schnitzel, un savant fou dans la grande tradition du fantastique, lié sur sa propre table d'opération. On tourne une série de plans très brefs qui montrent la transformation du Dr Schnitzel en gorille.
Ses assistants, avec l'aide des mutants révoltés contre sa tyrannie, lui ont injecté contre son gré de mystérieuses substances que nous nous sommes bien gardés de tester. Alexandre, le responsable des effets spéciaux, jette des carboglaces dans de l'eau chaude. Une épaisse fumée se dégage, à travers laquelle on distingue…
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Le diable, probablement
Quai Churchill, dans le grand studio de la RTBF-Liège, une vingtaine de personnes s'agitent sous les sunlights. Cathy Mlakar, la scripte du film, joue la doublure lumière pour Aldo Piscina, lequel contrôle, à l'aide de sa Minolta IIIF, l'intensité de la lumière réfléchie sur son visage. Puis, côte à côte, Lio (la paresse) et Noël Godin (la luxure), le couple le plus insolite du cinéma, s'installent face à la caméra et allument Manuel Gomez qui les cadre avec soin, sous l'oeil attentif de Patrick Coeman, l'assistant-caméra (1). " J'ai rencontré Lio sur le tournage de Palmyra, nous avons tout de suite sympathisé,…
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L'Amour vache
Nous sommes dans un studio de montage de la RTBF. Denise Vindevogel, la chef-monteuse, manipule la copie de Combat de fauves sur une Steenbeck 35mm stéréo. Benoït Lamy, le réalisateur, observe attentivement l'écran, formaté 1.85. Ça démarre avec un plan large, en plongée, sur Richard Bohringer couché dans un ascenseur et qui, manifestement, ne va pas bien. " Il est collapse ", remarque, pince-sans rire, Benoît Lamy. Ute Lemper l'observe, tandis qu'il lui dit off : " Je rêvais, c'était bien, je crois bien. Je me demandais ce que devenait un prisonnier dans son cachot... Je crois bien qu'il devient poisson ou oiseau ". Sourire d'Ute.…
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L'amour filial
Dans la banlieue de Bruxelles, Josée Dayan achève le tournage de Victor et François. De l'extérieur, rien ne laisse présager que dans cette rue tranquille d'Humbeek, au bout d'un sentier boueux, surgira une gentilhommière, qui abrite depuis trois semaines une équipe d'une trentaine de techniciens de cinéma. Dans le parc, les rails d'un travelling courent le long de la façade. La caméra Arriflex SR3 est posée sur une tête télécommandée animée par une grue scorpio que manipulent les machinos de la Sotrac. Elle cadre Sandrine (Sabrina Leurquin), guettant à sa fenêtre le départ de Philippe (Jean-Marc Petiniot). Celui-ci…
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" Moteur ! Tourne ! Sept sur un, première ! "... Clac ! et le clapman s'éclipse. " Action! " Blimpé, le moteur de l'Arriflex tourne silencieusement. Le perchman tend son micro. " Qu'est-ce qu'on a comme artillerie? " Le général se tourne vers une carte d'état-major. " La neuvième, mon général ", rétorque le colonel, tandis que la caméra recule et fait un mouvement en arc de cercle pour cadrer la table autour de laquelle une demi-douzaine d'officiers écoutent attentivement le général.
" Nous devons les amener là , dit le général en pointant son doigt à un endroit précis…
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L'homme qui filmait les femmes
L'amateur est un monsieur d'apparence normale dont le seul plaisir consiste à filmer nues, dans son appartement, des femmes abordées dans la rue. Les choses en restent là, car la passion de cet homme tient plus de la collection que du fantasme sexuel.
Pour Olivier Smolders dont c'est le huitième film, cet argument minimal était prétexte à refaire une série de portraits de femmes (un motif qu'il avait déjà traité mais sur lequel il souhaitait revenir), étant entendu qu'il ne s'agissait pas de présenter une galerie flatteuse de jeunes femmes plus ravissantes les unes que les autres, mais d'aller de la jeune fille à la femme…
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Bonne fête, Paulette !
Caroline Rottier reçoit des mains d'Anne Moralis les dernières retouches d'un maquillage particulièrement complexe. Les cheveux attachés sous une perruque à l'anglaise, le visage pâle, aux lèvres foncées et aux yeux très maquillés que souligne de faux cils à la Garbo période muette, elle se fait ajuster une longue robe conçue par la costumière Isabelle Lhoas. Un miroir Art déco lui renvoie l'image d'une beauté des années folles faite à croquer. C'est qu'elle interprète Madame Zebrinska, une artiste russe dont l'univers féérique fascine Paulette, la jeune héroïne de Noël…
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Bijou d'amour
La caméra glisse sur le rail du travelling, cadre Fanny (Sandrine Bonjean) et Greta (Babette Jouret), la joaillière qui sort une bague de la vitrine et la présente à sa cliente.La caméra s'élève et recadre en plongée le sol sur lequel se dessine, à droite de l'image, l'ombre portée du sigle de la bijouterie.Et voici que, par un artifice d'éclairage, le reflet se déplace vers la gauche pour évoquer la courbe du soleil et le temps qui passe. Sans interruption, la caméra redescend cadrer Fanny et Boris (John Dobrynine) qui entrent quelques heures plus tard dans la bijouterie. C'est un raccord-temps subtil qui n'est pas sans évoquer celui de…
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Petits arrangements avec la vie
Thomas et Anne n'ont pas le même regard sur le passé. Frère et soeur , ils ne se sont pas vus depuis longtemps. L'enterrement du père leur offre l'occasion de régler son compte à une enfance pleine de malentendus, de noeuds affectifs pour l'un, de torrents d'amour pour l'autre. Anna embellit ses souvenirs (" Papa m'aimait "), Thomas les enlaidit (" Papa ne m'aimait pas ").Dans l'obscurité de la salle de montage de l'AJC, sur l'écran de la Steenbeeck (les Moviola actuelles), l'image des marches d'un escalier, " un plan bressonien ", me souffle ironiquement Ursula Meier, jeune réalisatrice, sortie il…
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Enfin, l'amour ?
C'est une histoire embrouillée mais compréhensible, plus complexe que compliquée. Elle ressemble à s'y méprendre à celle du cinéma belge, faite de coups de coeur qui sont parfois des coups de génie (C'est arrivé près de chez vous), parfois des coups de gueule (Camping cosmos), mais qui ne survit que par la passion qui anime ceux qui le font.
Joël Delsaut et Thierry Barbier se rencontrent naguère à l'INSAS. Ils y séjournent quatre à cinq mois, le temps de s'inadapter et de se tirer avec le virus du cinéma. J.D. écrit Mémoire d'après, un scénario de long métrage qu'il retouche et améliore…
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