Le corps et le sang : Anatomie d’une histoire d’amour fou
Iconoclaste et irrévérencieux, le cinéma de Fabrice du Welz n’a peur de rien - ni d’être enfermé dans la catégorie « film de genre » que le réalisateur rejette, ni de choquer sa mère, qui, chaque fois qu’elle sort de la salle, trouve les films de son fils « bizarres ». Avec Alléluia, il ne déroge pas à la règle. Une fois de plus, il ne jure que par l’audace, Eros & Thanatos et l’utilisation de la pellicule !
Dix ans après le succès de Calvaire1 à la Semaine de la Critique, Fabrice du Welz revient à Cannes présenter…
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S’enfuir de Joachim Thôme est un film singulier par la synthèse qu’il opère et réussit, avec une parfaite maîtrise, entre le documentaire sur la musique et la mise en scène cinématographique de la biographie d’un compositeur belge méconnu, Albert Huybrechts (1899-1937). Ce premier long métrage possède une densité expressive, une beauté musicale en même temps que visuelle.
Comment donner à voir la musique ? Joachim Thôme a entamé, depuis plusieurs années, une réflexion et un travail sur la mise en scène de la musique qui se sont affinés à travers la réalisation de plusieurs courts métrages, de vidéos musicales…
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Rituel païen et moderne exorcisme
Il existe, sans doute, parmi les bergers du mont Lozère, dans les Cévennes sauvages du sud de la France, un rituel très ancien qui se transmet oralement de proches en proches, un peu comme un secret, mystérieux et puissant. Un rituel qui opère là où se déchaînent les éléments, là où souffle la tourmente et qui concerne les hommes et les bêtes qui se sont égarés et ont disparu de la mémoire des vivants.
Pour ceux qui restent, pour ces bergers parcourant les solitudes désertiques, il n'est peut-être rien de plus important que d'exorciser ce sentiment d'oubli qui précipite les égarés dans cet…
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Sentiers tout aussi battus...
Premier long métrage, Terre battue clôturait le Festival du Film Francophone de Namur. Il y occupait ainsi une place d'honneur, porté là sans doute en partie grâce à la belle co-production de ce film français, les frères Dardenne, à la fois partenaire financier mais aussi présence tutélaire et protectrice. Mais en découvrant ce premier long métrage certes plein de qualités, on se rappelait bel et bien pourquoi les Dardenne avaient reçu tant de prix à Cannes... Parce qu'il faut du génie pour réussir à faire des films inspirés, presque envolés, sur des questions sociales aussi lourdes, voire plombées...
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Premier long métrage de fiction, on a découvert Image au Festival du Film Francophone, dans le Focus consacré au cinéma flamand. Et il nous a laissé sonnés, un peu scotchés au siège, entre ahurissement et admiration. C'est qu'Adil El Arbi et Billal Fallah n'y vont pas par quatre chemins. Tous les deux ont des choses à dire, les assument et nous assomment. Mais ça pète, ça pepse, ça crie et tambourine, c'est vivant et ça dépote. À découvrir de toutes urgences, donc, même avec 36 bémols, sur les écrans début novembre.
Tout commence par un écran télé dans un salon très chic. Froid et bourgeois…
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En se délivrant...
Premier long métrage documentaire, Ion était le portrait d'un homme, pratiquement aveugle, le récit de son parcours tourmenté d'exilé loin de la Roumanie de Ceausescu. Les fleurs de l'ombre, tourné avant mais monté après, se déroule à nouveau en Roumanie, et s'attache, une fois de plus, à filmer la cécité. Mais ici, il ne s'agit plus d'un homme ni du récit d'une vie. Olivier Magis filme plusieurs femmes handicapées de la vue, toutes plus belles et émouvantes les unes que les autres réunies ensemble le temps d'un week-end, lors d'un drôle de concours de beauté. Dans le temps suspendu d'une…
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Seule la mort...
Présenté à Milan lors de la Triennale du Design, sélectionné il y a peu au Festival du Film de Gand, et projeté le Samedi 15 novembre dans le cadre du Festival du Film sur l'Art organisé conjointement par L'iselp et le Centre du Film sur l'Art, le premier long métrage de Moon Blaisse revient sur le parcours de Maarten Van Severen, designer belge mondialement connu, lui même fils de peintre, et père de quatre enfants qui ont repris, de différentes manières, le flambeau artistique. À travers cette trajectoire foudroyante – et foudroyé, le film interroge avec grâce les rapports conflictuels et parfois tragiques qu'entretiennent l'art et la gloire.…
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La persistance des images
Présenté à l’Aventure pour l’ouverture du 14e Festival du Film sur l'Art qui se tient du 13 au 16 novembre à L'iselp, C'est assez bien d'être fou nous embarque dans un voyage, des neiges du Jura jusqu'au port de Vladivostok, avec le réalisateur et Bilal Berreni, dessinateur et grapheur au travail très expressionniste, qui sème sur le chemin ses images et ses installations. Sorte de road-movie artistique, C'est assez bien d'être fou fait dialoguer l'art et le voyage, le cinéma et le dessin, le présent et la mémoire. Une œuvre à la fois ludique et évanescente, joyeuse et mélancolique, en quête de ce qu'il…
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Les Trois Grâces
D'entrée de jeu, sur générique au fond noir, une voix spectrale, rauque, violente assène le premier mot de ce qui sera le sujet du film : La Mort. Pourrait-on seulement supporter la vie, si on ne croyait pas en la mort ? Sans elle comme perspective finale, comment traverser cette vie ? En un pari cinématographique audacieux et magnifique, Jorge León pose cette question essentielle et propose une réponse vivante et transcendante.
Triptyque dansé
Suite à des ateliers qu'il a dirigés au Centre TOPAZ, lieu d'accompagnement pour des personnes gravement malades du centre hospitalier UZ à Bruxelles, Jorge León a réuni trois personnes…
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Le 12 janvier 2010, Haïti, frappé par un terrible séisme, devient un instant le centre du monde. L'émotion suscitée par ces images dramatiques entraîne immédiatement une réaction de solidarité internationale et les donations pour l'aide à la population et la reconstruction du pays affluent massivement des quatre coins du globe. Le gouvernement, dépassé, laisse alors les innombrables ONG prendre en main le destin d'un pays tout entier. Mais une fois l'émoi retombé et la médiatisation frénétique passée, que reste t-il des bonnes volontés affichées ?
Haïti possède la plus forte concentration d'organisations non gouvernementales…
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Depuis plus de dix ans, la cinéaste Violaine de Villers filme l’art en train de se faire. Elle écoute, regarde et donne à voir les choses qui prennent forme, les mondes qui prennent vie. Entre l'œil et la main de l’artiste, sa caméra s’attarde, légère et s’étonne d’abord pour nous étonner, s’enchante ensuite pour nous enchanter. Avec Les carrières de Roby Comblain, son dernier documentaire, la cinéaste ne déroge ni à son style, ni au plaisir de filmer.
Long plan fixe sur un paysage sec et lunaire. Pas un souffle de vent ne vient déranger une immobilité quasi surnaturelle… plan sur une toile, un paysage peint ? Le temps s’étire…
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Bien que la guerre soit terminée, dans mon cœur, dans ma vie, au quotidien, je continue à mener un combat. Ce combat est invisible aux yeux des autres. Il est peut-être visible seulement par ceux qui ont partagé un même sort. Ces paroles pourraient servir d’exergue au film d’André Versaille et de Benoît Dervaux : Rwanda, La vie après. Rarement, les témoignages des femmes rescapées du génocide ont rendu compte avec tant de lucidité de leur condition de victimes, par une parole où se confronte la brutalité des sévices subis, des viols, et l’intimité de la blessure. Il s’agit moins d’une plainte que d’un combat pour que le silence… Lire l'article
Avec ses trois courts métrages, Of Cats and Women (Méliès d'argent), puis Absence et Fureur, ses deux séries TV, Super 8 et MONSTER !, Jonas Govaerts avait déjà frappé fort, s'installant comme un nouveau venu talentueux dans le paysage du genre cinématographique en Belgique. En compétition au Festival de Gand, revenu de Toronto où il était présenté dans la section « Midnight Madness », son premier long métrage de fiction enfonce le clou. Un peu trop certes, assez longuement aussi, mais pour un premier long métrage, Welp, modestement et plutôt adroitement, fait son petit effet. On a vu bien pire, et on est surtout ravi de voir un bon vieux slasher… Lire l'article
La dernière aventure
De son premier long métrage de fiction, Des plumes dans la tête, Thomas de Thier disait qu'il racontait, plus que la disparition d'un enfant, le deuil de l'enfance. C'était peut-être alors le film de la maturité, après la trilogie du voyage constituée de À la recherche de l'oiseau blanc, Les Gens pressés sont déjà morts et Échographies. Dix ans plus tard, son nouveau film prend des allures de retour en enfance. Dans la vieillesse, c'est du corps, du couple, du monde qu'on tente, sans doute, de faire son deuil. Mais l'enfance, elle, est au bout des doigts. Le goût des myrtilles est un…
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Soi-même comme un autre, ou l'inverse
Bunker Paradise n'y allait pas par quatre chemins dans la douleur d'exister. Baby Balloon, teenage movie, était plus léger, saupoudré par instant de notes sombres et poignantes. Avec son troisième long métrage, Stefan Liberski filme encore ce moment de la vie où l'individu se cherche et tente de se choisir. Au-delà de ses apparences bariolées, fantaisistes et légères, Tokyo Fiancée est une fois de plus l'histoire d'une métamorphose, un voyage initiatique plus noir qu'il n'y paraît. Tokyo Fiancée est le film choisi pour le concours d'écriture de critique.
Dans son…
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